Les Noces de Figaro

Opéra en 4 actes.

Livret de Lorenzo De Ponte.

Nouvelle adaptation française d'après Beaumarchais: Eric-Emmanuel Schmitt

Direction musicale: Jérôme Pillement - Elisabeth Cooper

Mise en scène: Pierre Jourdan

Direction des études musicales: Irène Aïtoff

Décors: Nicolas Sire 

La plus badine des intrigues.Un grand seigneur délaisse sa femme pour toutes les jeunes filles de ses domaines; mais aujourd’hui, il passe toute mesure car il veut posséder Suzanne, la camériste de la comtesse, le jour même ou elle doit épouser Figaro, fidèle serviteur du comte. Tous les personnages vont prendre parti. Les uns pour le libertinage, les autres pour l'Amour. Ces noces de Figaro auront-elles jamais lieu ?

« Regarder un opéra dont on... »

Regarder un opéra dont on ne comprend ni les dialogues, ni l'action, c'est comme cultiver sa virginité dans une maison de passe : c'est décourageant...L'opéra est du théâtre musical, pas un concerto pour voix et instruments, et le génie des Monteverdi, Mozart, Verdi ou Debussy consiste en une intelligence supèrieure de la scène, des situations, des émotions, des retournements, des apaisements, du jeu. Ils savent détacher le mot important, créer le silence essentiel, ils savent surprendre, répéter, endormir, ils travaillent cette âme vivante et palpitante qu'est le public. On manque une moitié du génie de Mozart si l'on ne saisit parfaitement l'italien bien singulier de Da Ponte, Mozart avait choisi une pièce moderne, contemporaine, scandaleuse et charmante, qui mêlait, au plus haut niveau, les éléments de la comédie de caractéres, la comédie de moeurs et la comédie d'intrigue. Lui et son librettiste ont gommé certes ce que le texte avait de trop politiquement dangereux, mais aussi les faiblesses de sa construction dramatique et, après ce travail de taille exquise, donnèrent naissance à  un bijou.Ce bijou mérite autre chose que la cloche en verre des musées, bibliothèques et discothèques. Il mérite le public. Or l'opéra n'est pas facilement accessible. Il a quitté "la culture populaire" pour "la culture cultivée", s'entourant de murailles décourageantes : langues étrangères, dictions barbares, intrigues hors de portée.Le but de notre travail est de rendre accessible le génie de Mozart, de l'éclairer avec Beaumarchais. Certes la version de référence demeure définitivement celle qu'a pensé Mozart en italien, mais la nôtre lui servira de petite soeur dévouée, aimante, jeune et fraîche, qui entraîne un public d'aujourd'hui dans les bosquets labyrinthiques de cette folle journée. Compiègne, le 4 janvier 1996Eric-Emmanuel Schmitt

Critiques

Le Figaro - « Les noces de Figaro »

Magnifique réussite.Voici un spectacle qui met le coeur en joie : c'est 'La folle journéeâ?� de Beaumarchais ! Ca chante, ça virevolte, les soufflets pleuvent, les portes claquent ! Vous êtes au théâtre, mais la distribution, française et bien équilibrée, enchante l'oreille : Pierre Jourdan a réalisé là  son plus beau spectacle au théâtre impérial de Compiègne. C'est qu'après avoir exploré le répertoire marginal, il plonge dans le grand bain. Les plus petits rôles sont tenus à  la perfection, de Marceline au jardinier en passant par Barberine, Bartholo ou Bazile.Le pari, c'était la traduction française d'ßric-Emmanuel Schmitt : les récitatifs deviennent des concentrés de théâtre. Jacques Doucelin

Le Monde - « Les noces de Figaro »

Ces Noces-là  sont présentées en français, dans une adaptation de l'écrivain et pianiste ßric-Emmanuel Schmitt.Créée avec succès, fin 1997 à  Compiègne, cette production - mise en scène par Pierre Jourdan - est très réussie : grand dynamisme de l'ensemble, dispositif scénique efficace et costumes charmants de Jean-Pierre Capeyron.Traduire Les Noces de Figaro en français n'est pas une nouveauté : c'est ainsi qu'elles furent représentées jusque dans les années 50. Mais à  quel prix ! La métrique de la langue italienne n'est pas celle du français ; le rythme de la musique de Mozart ne s'accommodait pas toujours de cette traduction approximative de l'italien, même si le texte original est de Beaumarchais.Pierre Jourdan a donc eu l'idée de demander à  un auteur de théâtre et musicien de repenser entièrement le texte et les paroles des arias.Cette délicate entreprise est réussie.

Le Point - « Les noces de Figaro »

Monter 'Les noces de Figaroâ?� en français : un projet au carrefour de plusieurs ambitions.Rappeler que, s'il est musique et chant, l'opéra est aussi théâtre. Vérifier que si les chanteurs doués peuvent chanter dans toutes les langues, c'est dans la leur qu'ils sont le plus vite et le plus largement à  l'aise. Renouer avec une tradition qui voulait que les opéras soient joués, condition insuffisante mais nécessaire à  l'élargissement d'un public qui, au XIXe siècle, était largement populaire.Ainsi fonctionne l'English National Opera de Covent Garden, agent notable de la prospérité des voix britanniques. Pour tenter l'expérience en France, 'Les noces de Figaroâ?� représentent l'hypothèse idéale, puisque transposition par le génie mozartien d'un chef-d'oeuvre du théâtre français.Longtemps ce rêve de Pierre Jourdan buta sur un obstacle majeur : trouver l'auteur qui chantera Figaro en français, dans une fidélité absolue à  Mozart, en se rapprochant au plus près de la verve de Beaumarchais. Obstacle levé lorsque, après avoir vu et admiré au théâtre 'Le visiteurâ?�, la pièce qui révéla le jeune auteur ßric-Emmanuel Schmitt ('Variations énigmatiquesâ?�, 'Le libertinâ?�), Jourdan découvrit que ce surdoué a poursuivi des études musicales, est un excellent pianiste, compose et entretient avec le monde musical une relation intime. Ultime signe du destin : soigné pour une grave dépression pendant son adolescence, ßric-Emmanuel Schmitt découvrit avec émerveillement 'Les nocesâ?� et y puisa l'énergie et la joie nécessaires à  sa guérison. L'accord entre les deux hommes fut immédiat. Schmitt n'avait pas prévu qu'il lui faudrait explorer pendant deux ans la frontière 'Le mariage-Les nocesâ?� pour polir un Figaro français serviteur de ses deux maîtres.A Compiègne, les chanteurs sont choisis aussi pour leurs capacités de comédiens. Aux répétitions, avant de chanter leur texte, Pierre Jourdan leur demande de le jouer en le disant, pour se pénétrer dans son sens. Troublante épreuve : pour un chanteur, c'est la musique qui guide les paroles. Sans musique, la mémoire se bloque... Dès qu'elle se débloque, ce sont des clés nouvelles qui s'ouvrent à  l'interprétation et la renforcent. L'opéra s'éclaire doublement : de la compréhension du texte, de l'enrichissement du jeu. Et la musique, si subtilement liée aux personnages et l'action, révèle alors une nouvelle dimension. Beaumarchais et Mozart pétillent et chantent main dans la main. 'Si tu veux danser, mon petit comte, de la guitare je te jouerai...â?�Pierre Billard

Le Figaro - « Les noces de Figaro »

Eblouissant :J'en suis sorti ébloui, par ce déferlement d'intelligence, de goà»t, d'esprit, qui, d'un bout à  l'autre, baigne tout le spectacle. Cette mise en scène de Pierre Jourdan étincelle de mille trouvailles, menant tambour battant l'action, multipliant les clins d'oeil, faisant claquer joyeusement les portes comme chez Feydeau. Elle puise toute son efficacité dans le texte français conçu par ßric-Emmanuel Schmitt qui est véritablement un bijou. Admirablement mariée à  chaque note de la partition, cette adaptation est une sorte de résurrection pour un ouvrage dont la version française habituelle était singulièrement démodée, bien peu musicale et décidément ringarde. Avec ßric-Emmanuel Schmitt, nous comprenons enfin les récitatifs dans leur moindre détail et le public peut suivre pas à  pas une action décidément savoureuse. Quant aux airs, ils profitent tous d'une magistrale adéquation de chaque syllabe à  la musique. C'est une totale réussite, ßric-Emmanuel Schmitt étant parfaitement fidèle tout à  la fois au livret de Lorenzo da Ponte et à  l'esprit de Beaumarchais.Pierre Petit

Diapason - « Les noces de Figaro »

ßric-Emmanuel Schmitt prouve que l'on peut sortir de 'Mon coeur soupireâ?� et autres fadaises ; son adaptation garde aux sons et aux mots leur impact, à  la phrase son galbe, donc à  la musique sa fluidité dans les airs et son élan dans les récitatifs. La preuve est faite ; on peut traduire (encore que le terme soit impropre, ici) sans trahir.Michel Parouty

Le Monde et la Musique - « Les noces de Figaro »

Donner les Noces de Figaro dans une traduction française, pourquoi pas ?L'English National Opera, à  Londres, joue bien le répertoire international en anglais sans que la qualité des spectacles en soit affectée. Au théâtre français de la musique, basé à  Compiègne, Pierre Jourdan s'en tient à  son répertoire national, mais a considéré que l'opera buffa de Mozart y avait sa place en raison du livret inspiré de Beaumarchais. Encore une fois, pourquoi pas ? Il a demandé au dramaturge à  la mode ßric-Emmanuel Schmitt d'en donner une nouvelle version française, dans le but d'échapper à  'Mon coeur soupireâ?� et autres mièvreries des anciennes traductions. On ne peut, là  aussi, qu'applaudir.François Lafon

Répertoire - « Les noces de Figaro »

Le livret retravaillé par Pierre Jourdan lui-même et ßric-Emmanuel Schmitt faisant disparaître les rugosités artificielles de la traduction sempiternelle que donnait encore l'Opéra de Paris dans l'entre-deux-guerres, c'est une fresque restaurée, un tableau nettoyé de frais que nous entendons. Si la musique reste identique, le verbe glisse mieux, plus aéré, plus naturel.