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Madame Pylinska et le secret de Chopin Le visiteur
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Résumé

Pour guérir d'une rupture sentimentale, un homme se réfugie à Ostende, ville endormie face à la mer du nord. Sa logeuse, la solitaire Emma Van A., va le surprendre en lui racontant l'étrange histoire de sa vie, où se conjuguent l'amour le plus passionné et un érotisme baroque. Superbe mystificatrice ou femme unique?

Cinq histoires où Eric-Emmanuel Schmitt montre le pouvoir de l'imagination dans nos existences.Cinq histoires- La rêveuse d'Ostende, Crime parfait, La guérison, Les mauvaises lectures, La femme au bouquet- suggérant que le rêve est la véritable trame qui constitue l'étoffe de nos jours.

Critiques

Lire - « L'amour est la fréquentation assidue d'un mystère »

Il est l'auteur de théâtre français le plus joué dans le monde. Eric-Emmanuel Schmitt semble apaisé. Moins pressé qu'autrefois. Du moins, le temps d'une rencontre...

«Il est si douloureux, ce crâne, cette enceinte de paroles non prononcées, ce sanctuaire sombre encadré par mes tempes! Je ne pourrais prononcer certains mots sans m'écrouler», peut-on lire dans la dernière nouvelle de ce recueil. Quelles tempêtes se déclenchent donc sous votre crâne?

Eric-emmanuel Schmitt. Je cache mes douleurs. Je n'en livre que le résultat, c'est-à-dire la confiance et l'optimisme qui, aujourd'hui, m'habitent. Je n'éprouve aucun besoin d'exposer mes douleurs et mes souffrances. D'abord parce que je n'aime pas la posture de victime, l'apologie du pathos, le culte que notre époque voue au négatif. Ensuite parce que je trouve plus intéressant de parler de ce qui sort d'une épreuve que l'on a traversée plutôt que revenir sans cesse sur le choc qui l'a provoquée. Au fond, je n'arrive à parler de ce qui me constitue vraiment qu'à travers des fictions. Chacun a ses secrets, ses déséquilibres. Moi, j'ai atteint ce point de secrets et de déséquilibres qui rend fécond.

Il faut donc qu'il y ait un secret pour devenir écrivain?

E.-E.S. Oui, il faut que les choses ne puissent pas se formuler littéralement et qu'elles aient besoin de se formuler littérairement, fictionnellement, dramatiquement. Si je mettais platement ma vie à plat, même pour moi-même, peut-être certains points de souffrance disparaîtraient-ils mais je ne pourrais plus rejoindre les autres, c'est-à-dire les gens, les lecteurs. Mais je pense aussi que lorsque l'on est un écrivain «d'imagination», on se livre beaucoup plus qu'un écrivain «d'autofiction», paradoxalement. Je connais mieux Balzac que Montaigne. Balzac ne dit jamais «je» mais il exprime sa conception du monde et les contradictions du désir tandis que Montaigne, que j'adore tout autant, se livre à une analyse de son moi dans le rapport au monde mais ne livre pas son monde. Au point que l'on peut se demander s'il a même un monde... On parle beaucoup plus de soi en s'abritant derrière le masque des personnages que l'on invente. Peut-être parce que l'on se sent protégé. Du coup, on en dit davantage sur soi. Mais on le dit de façon métaphorique, c'est-à-dire à travers des images, des symboles, des histoires, des récits mythologiques. C'est ainsi que l'on rejoint les autres. Par ce détour. Notre époque vit la tyrannie de la sincérité: on vous explique que la valeur d'un livre vient de ce qu'il est «authentique», «sincère», «qu'il saigne», etc. Mais c'est à mourir de rire! Il n'y a rien de plus faux que l'autofiction, rien de plus contrôlé et protégé. Alors que rien ne nous échappe plus que l'imagination. L'imagination, c'est un texte écrit par vos pulsions, par vos désirs, par vos fantasmes: rien n'est donc plus révélateur que l'imagination.

Nous ne lirons donc jamais l'autobiographie d'Eric-Emmanuel Schmitt? Ni de journal intime...

E.-E.S. Si, je tiens un journal.

C'est un peu paradoxal, non?

E.-E.S. C'est un journal philosophique, c'est-à-dire fait de réflexions constantes sur la vie, l'écriture, les arts, les émotions que j'éprouve. Plus proche, dans sa forme, du Journal hédoniste d'un Michel Onfray que du journal intime d'un auteur d'autofiction.

Vous avez pourtant fendu l'armure dans Ma vie avec Mozart (2005), revenant sur votre dépression adolescente et votre tentation du suicide, puis sur votre rencontre tardive avec la foi chrétienne...

E.-E.S. Oui, c'est vrai. Pourtant je reste sur l'idée que, dans une histoire, ce n'est pas l'auteur qui est intéressant mais l'histoire. J'essaie donc de me tenir le plus loin possible, en retrait. J'ai livré quelques clés, en effet, mais elles sont universelles: dépression, suicide, foi... c'est un miroir tendu aux lecteurs. Et croyez-moi, je ne me regarde pas dans ce miroir. Je ne dis «je» que lorsque je sens que l'autre se regarde dans le miroir de mon «je».

Comment gérez-vous votre succès?

E.-E.S. Qu'est-ce que c'est, le succès? Pour moi, ce fut de découvrir que j'étais de mon époque alors que je pensais, par ma formation (lettres classiques, latin, grec, Normale Sup', philosophie), y échapper. Je suis de mon siècle puisque mon siècle me fait la fête. Le succès m'a réconcilié avec moi-même.

Vous étiez donc fâché avec vous-même?

E.-E.S. Disons que je me sentais isolé. Je n'en souffrais pas mais j'étais isolé. On ne décide pas de réussir et l'on n'est pour rien dans son succès: je suis l'auteur de mes livres, mais c'est le public qui est l'auteur de mon succès. C'est en cela que le succès est une réconciliation avec l'époque dans laquelle on vit et à laquelle on croit, un peu sottement, pouvoir échapper. Avec le succès, on découvre que les attaques vous blessent moins qu'avant, on a la force de hausser les épaules lorsque l'on sent que l'attaque est fausse.

Les critiques négatives - qui sont souvent de principe chez certains journalistes qui ne vous lisent pas ou mal - vous blessent-elles?

E.-E.S. Non, plus maintenant. Le paradoxe est que j'ai été découvert et encensé par la critique puis démoli par elle. Quand je tirais à 400 exemplaires, j'étais génial; à 40 000 exemplaires, je n'avais plus de talent; à 400 000 exemplaires, je suis nul! Du moins, aux yeux de certains...

Vous allez pour la première fois mettre en scène votre propre pièce, début janvier 2008. Pourquoi l'écrivain décide-t-il de toucher à la mise en scène?

E.-E.S. Si je suis passé à la mise en scène, ce n'est pas pour donner des leçons à mes metteurs en scène (dont je suis tout à fait content) mais par gourmandise. Et pour aller jusqu'au bout du processus d'incarnation. Mon écriture est peuplée de personnages. J'ai envie d'amener jusque sur les fonts baptismaux du public ces personnages. C'est ce que j'ai aimé faire en réalisant moi-même le film Odette Toulemonde. Le cinéma est le théâtre des visages, disait Bergman. J'ai adoré inscrire la chair d'une âme sur la pellicule.

Pourtant, dans vos romans ou dans vos nouvelles, vous ne décrivez jamais vos personnages...

E.-E.S. Non, je les suggère. Ce que j'aime, c'est provoquer l'imagination du lecteur à travers des choses qui ne soient pas descriptibles. Ne jamais décrire, toujours suggérer. C'est Colette qui disait cela. Suggérer demande au lecteur une grande participation. Mais je crois que c'est pour cette raison que les lecteurs se souviennent si bien de mes livres: parce que je les fais travailler.

Comment écrivez-vous? Avez-vous une technique différente selon qu'il s'agit d'une pièce de théâtre, d'un roman ou d'une nouvelle?

E.-E.S. Mon théâtre est un théâtre de crise et mes romans sont des romans d'apprentissage. Au théâtre, je tends l'arc à fond pour que ça tienne tout seul. Parce que le temps du théâtre est un concentré du temps de la vie, un temps faux, qui n'existe pas, on a besoin de ces crises. Lorsque je n'ai pas besoin de l'épaisseur du temps, de la durée, je sais que mon histoire est faite pour le théâtre; quand la durée du vécu est nécessaire au récit (c'est-à-dire lorsque l'histoire demande ruptures, discontinuité, durée, temps du deuil ou de la recomposition de soi ou encore de la redécouverte de l'autre), je sais que mon histoire est faite pour le roman. Pour La rêveuse d'Ostende, je me suis longtemps posé la question: roman ou nouvelle? C'est une nouvelle qui a la taille d'un petit roman. Mais je dois avouer que j'ai un problème avec le roman...

Ah bon?

E.-E.S. D'une manière générale, je trouve que la plupart des romans que je lis, c'est du pâté d'alouettes...

C'est-à-dire?

E.-E.S. 95% de porc, 5% d'alouettes! (Rires) Des nouvelles allongées, remplies de dialogues inutiles, de descriptions inutiles, d'indications inutiles, de péripéties inutiles... Quand Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran a été publié aux Etats-Unis, mon éditeur américain m'a demandé si je ne pouvais pas rallonger le livre pour passer de cent pages à trois cents! En France, nous avons plus de respect pour les contes de Voltaire, les aphorismes, la lettre, les écritures brèves. La littérature du XVIIe siècle français, notamment, est une écriture dont le format n'est pas préétabli. La rêveuse d'Ostende est une nouvelle de 120 pages que j'ai réécrite plusieurs fois, jusqu'à ce que j'arrive à condenser le récit en si peu de pages tout en conservant la complexité narrative: j'enlevais le gras au fur et à mesure, jusqu'à ce qu'il ne reste que ce qui devait rester. Les textes courts me demandent toujours beaucoup plus de travail que les longs romans.

Concrètement, comment écrivez-vous?

E.-E.S. Avec le temps, j'ai beaucoup changé. Avant, c'était un premier jet. J'étais dans une espèce d'urgence vitale: il me fallait écrire, vite, tout ce que j'avais à écrire, et publier.

Comment expliquez-vous cette urgence vitale?

E.-E.S. J'ai vu tellement de gens qui voulaient écrire mourir avant d'avoir terminé le moindre livre... Ils avaient un vrai talent et, peut-être, une grande carrière devant eux. Ils étaient pleins du même rêve que moi et n'ont pas pu le vivre. C'est cela qui m'a donné ce sentiment d'urgence: si je vis, alors il faut que je mérite cette vie. Vivre crée un impératif moral. Et une grosse contrainte mentale: on n'a pas le droit de perdre son temps car tout peut s'arrêter très vite. Voilà pourquoi j'écrivais vite, d'un jet, avec force et violence, sans prendre beaucoup de temps pour me relire. Parce qu'il fallait vite passer à l'oeuvre suivante. Avant qu'il ne soit trop tard. Aujourd'hui, j'ai sans doute mûri: je déteste me relire trop longuement car j'ai l'impression de l'écrivain qui se regarde le nombril, mais je prends vraiment le temps de retravailler, d'épurer, d'épurer, puis encore d'épurer. Cela dit, alors que je publie beaucoup, je n'écris quasiment jamais.

Comment cela?

E.-E.S. Je compose tout le temps. J'imagine des histoires partout où je me trouve. J'ai rendez-vous avec des tas de livres qui mûrissent dans ma tête mais je n'écris que quelques semaines par an, uniquement l'après-midi. Je ne connais pas la page blanche puisque je n'écris pas! Quand je me mets à écrire, je noircis aussitôt ma page. C'est Racine qui disait: «Ma tragédie est faite, je n'ai plus qu'à l'écrire...» Quand je commence à écrire, j'ai toujours la première phrase et la dernière. Entre les deux, je compose. Ça me donne l'impression d'être un funambule, un type qui accroche son fil sur un piton: je mets le piton de la première phrase sur un roc puis je fais le voyage en essayant de me faire peur, de me surprendre, de donner au lecteur l'impression que je vais me casser la figure... Les premières et les dernières phrases de mes romans et de mes pièces sont les matrices. Entre les deux, je tends un fil.

Le principal personnage de La rêveuse d'Ostende est, une fois de plus, un écrivain. Pourquoi mettez-vous si souvent en scène des écrivains?

E.-E.S. L'écrivain est une curiosité sur pattes, un type qui tente de s'approcher des mystères des autres. Il a pour autrui de la curiosité et de l'intérêt - je parle de l'écrivain tel que je le conçois, pas forcément tel qu'il est... J'ai parfois utilisé des écrivains très égocentrés, monstrueux d'égoïsme. Mais pour moi l'écrivain est un aventurier de l'humain, un explorateur des sentiments. Dans La rêveuse d'Ostende, cet écrivain qui vient de guérir d'une rupture amoureuse rencontre cette vieille dame et un pacte va se sceller entre eux: elle lui dit qu'elle a juste besoin d'un peu de curiosité; il lui répond qu'il est son homme car ça, il sait faire.

La rêveuse d'Ostende est aussi une réflexion sur le secret...

E.-E.S. C'est capital, le secret. Dans la vie comme dans la littérature. Le secret est le déséquilibre intérieur qui vous rend juteux. Dès que vous le divulguez, vous n'êtes plus fécond. Il faut protéger les secrets. Je ne divulguerai jamais les miens. Sauf, peut-être, le jour où je me dirai: «Ça y est, je n'ai plus à créer.» Mais ce n'est pas demain la veille...

C'est arrivé à un autre graphomane, Georges Simenon... Et à Julien Gracq...

E.-E.S. C'est vrai. J'aimerais bien connaître cette épreuve. Car c'est une épreuve: vivre sans créer. Comment ferai-je? Je lirai.

Quel lien y a-t-il entre la prostitution et la lecture?

E.-E.S. C'est une chose à laquelle je crois profondément: il y a deux manières d'assouvir sa curiosité de l'autre, la sexualité et la lecture. A l'époque où je n'arrivais pas à écrire, c'est par ma sexualité que j'assumais ma curiosité des autres.

Vous n'arriviez pas à écrire?

E.-E.S. Oui. Entre l'âge de vingt et trente ans.

Pourquoi n'y arriviez-vous pas?

E.-E.S. Je vous ai dit que je ne voulais pas livrer de secrets... Bon. Disons que j'écrivais mais que je n'étais pas content de ce que je produisais. Comme si les deux hémisphères de mon cerveau étaient séparés: il y avait d'un côté l'écrivain philosophique (j'étais prof, alors), qui analysait, qui était aussi précis qu'il était sec, et il y avait de l'autre côté l'écrivain affublé d'une hypertrophie lyrique, trop imaginatif. Les deux ne fonctionnaient pas ensemble. A l'époque, j'étais un volontariste. Je n'acceptais pas de m'improviser, comme je le fais depuis quelques années. Je voulais être tel type d'écrivain, un grand lyrique que je ne serai jamais. Ma lecture, sommaire, de Sartre m'a enseigné le volontarisme et ma lecture de Proust a tué toute ambition romanesque: Proust est le plus grand architecte de la littérature et en le lisant on se dit qu'on ne peut rien faire de plus. J'avais donc deux inhibitions, provoquées par mes admirations. J'essayais d'accorder l'écrivain spontané que j'étais depuis toujours au philosophe que j'étais devenu. Il a fallu que je passe la trentaine pour devenir l'écrivain que je suis aujourd'hui.

Au moment où l'accord entre l'hémisphère droit et l'hémisphère gauche s'opère enfin, diriez-vous que la mort et le sexe ont joué le rôle clé?

E.-E.S. Je ne veux pas répondre à cette question-là.

Est-ce qu'on touche à votre fameux secret?

E.-E.S. On approche. Je vous répondrai peut-être. Mais dans quelques années. Et si vous ne publiez pas la réponse...

D'accord. Passons à l'autre sujet de ce recueil de nouvelles: y a-t-il de mauvaises lectures?

E.-E.S. Dans la nouvelle intitulée Les mauvaises lectures, j'imagine un prof qui ne lit jamais de fiction, jamais de roman, qui a tué toute vie imaginative en lui. Mais ce genre de personnages existe. C'est un monsieur sérieux qui pense que le roman est le règne de l'arbitraire. J'avoue avoir pensé cela, à un moment de ma vie. Lorsque j'enseignais à l'Université. Où est la source qui fait que la parole est juste? Qu'est-ce qui fait qu'on ne dit pas n'importe quoi? Je me suis longtemps posé la question. Le roman m'apparaissait alors comme quelque chose de factice. Mon personnage est l'exemple type du lecteur positiviste, très intelligent mais incapable de lire un roman ou une pièce parce que lire un roman ou du théâtre exige plus que de l'intelligence: de l'imagination. Cette nouvelle montre que lorsque l'on se coupe de la vie imaginaire, de l'imagination, on s'expose à de graves dangers... Bergson parlait de la fonction fabulatrice, c'est-à-dire du besoin que nous avons tous de nous raconter des histoires pour remettre de l'ordre dans notre expérience, dans notre vécu, dans nos souvenirs et dans notre imagination. La nouvelle est un genre qui convient bien aux dramaturges: Pirandello et Tchekhov sont les rois de la nouvelle. La nouvelle redonne le pouvoir aux écrivains.

Que voulez-vous dire?

E.-E.S. Le dramaturge règle le temps de la représentation: une heure, une heure et demie, deux heures... Le spectacteur est captif du dramaturge qui gère son temps. Le romancier, lui, n'a pas ce pouvoir sur le temps: il ne sait jamais s'il sera lu d'une traite ou si le lecteur abandonnera au bout de vingt pages. Sur un roman qui dépasse cent pages, l'écrivain sait que la lecture sera morcelée. Dans la nouvelle, parce qu'elle est rarement plus longue qu'une centaine de pages, on reprend la main: l'écrivain règle à nouveau le temps du lecteur. Du coup, il devient possible de gérer une mécanique de doute intellectuel, d'émotions, de surprises, de ruptures. Le rythme, dans une nouvelle, doit être beaucoup plus intense.

Vous faites l'apologie de l'imagination à travers ces nouvelles. Ce n'est pas dans l'époque qui, au contraire, valorise la «sincérité» en littérature...

E.-E.S. Rien ne m'agace plus que cela! La sincérité, c'est pour les témoignages aux assises ou pour les dépositions de police... Ce n'est pas une qualité, c'est un devoir! La sincérité est importante dans les engagements, dans les valeurs. Mais en littérature, quel poison! La seule vraie question est: ce livre est-il intéressant? Variante: cette histoire est-elle intéressante? Ensuite, que l'histoire soit vraie ou fausse, peu importe. La question de la sincérité, du vrai ou du faux, est accidentelle. Je crois que l'imaginaire est la partition de nos vrais désirs, de nos pulsions, des scènes qui constituent notre organisation mentale. L'imagination d'un être est ce qu'il a de plus original, de plus authentique. Je me fous de la sincérité, en littérature, mais je cherche l'authenticité; or, elle passe par l'imagination. En ce sens, le mensonge est l'expression ultime de la vérité: en mentant, vous dites ce que vous désirez vraiment.

Vous écrivez même qu'il y a un bon usage du mensonge: «Mieux valait mentir que d'affliger.» Quel est-il, ce bon usage qui revient dans tous vos textes?

E.-E.S. En effet, cette idée est présente dans de nombreuses pièces aussi. Je suis un grand partisan du mensonge parce que le mensonge n'est pas la vérité des faits mais la vérité du désir. C'est la vérité de l'âme. Mais il faut tenir compte de l'autre: le respect que l'on éprouve pour celui (ou celle) à qui on ment doit permettre de régler le curseur de vérité ou de mensonge. Ainsi Diderot ne ment pas lorsqu'il dit à sa femme que quand il fait l'amour avec elle, c'est bien avec elle: il ne pense pas aux autres femmes puisqu'il les a déjà eues... Sa femme n'est pas la métaphore de celles dont il rêve en secret... il faut être casuiste.

Ce qui implique un certain bricolage, non?

E.-E.S. Bien sûr. Mais faire de la morale, c'est bricoler. C'était le dernier mot du Libertin. En amour, on ne peut appliquer de théorie pour dire «on doit faire ceci», «on doit faire cela», «ceci est bien», «ceci est mal». On ne peut que bricoler en situation, c'est-à-dire déterminer ce que, en son âme et conscience et avec la connaissance que l'on a de l'autre, on doit dire ou ne pas dire. Il y a des gens à qui l'on doit annoncer qu'ils sont très malades et d'autres à qui l'on doit le cacher; mais on ne peut pas théoriser un discours. En amour, c'est la même chose. Mentir peut être nécessaire. Et la morale est une affaire de bricolage, pas de pureté d'intentions.

Parlons d'amour, donc. Vous écrivez: «Certaines femmes sont des trappes où l'on tombe. Parfois, de ces pièges, on ne veut plus sortir.» Pourquoi ne «veut» -on plus en sortir?

E.-E.S. L'amour est la fréquentation assidue d'un mystère. Ce n'est pas satisfaisant (puisque ce mystère ne sera jamais percé) mais c'est passionnant. Aimer, c'est donc d'abord consentir au lien démesuré que l'on consent avec l'autre. Puis se rendre compte que ce lien ne sera jamais ni la connaissance de l'autre ni la possession de l'autre. Ce sera juste la fréquentation assidue de quelque chose qui nous échappe toujours: l'autre dans sa liberté, dans ses volte-face, dans ses capacités de partir ou de revenir, de dire non... Il y a dans l'amour un abandon quiétiste. Dans l'amour humain comme dans l'amour divin. Ce qui m'intéresse, c'est l'attachement irréversible, le lien impossible à défaire même lorsque la vie amoureuse devient insupportable.

En ce sens, aimer et écrire sont donc deux fréquentations d'un secret qu'il faut accepter de ne jamais percer?

E.-E.S. Oui, la similitude est grande. Au départ, il y a un impérialisme dans l'écriture, c'est-à-dire une volonté de s'approcher du secret, de le révéler et de le résoudre. Puis vient la période de l'humilité, c'est-à-dire le moment où l'on comprend que ce secret est précisément ce qui nous rend fécond, qu'on ne parviendra jamais à le posséder et qu'on ne doit pas y parvenir. L'amour est semblable: accepter de ne pas posséder le secret de l'autre, se rendre compte que c'est précisément parce qu'on ne cherche pas à le percer que l'amour se fortifie. La littérature vise à rendre du mystère, pas à en percer. L'amour aussi, je crois. La philosophie cherche à résoudre le mystère tandis que l'art, au contraire, célèbre le mystère.

Pas toutes les philosophies. Que faites-vous de celles que vous avez enseignées et qui furent si importantes pour vous, c'est-à-dire les sagesses antiques, l'hédonisme...?

E.-E.S. Ces philosophies ont, en effet, l'humilité de la sagesse, c'est-à-dire qu'elles ne sont pas à la recherche de la vérité mais du bien-vivre.

Eric-Emmanuel Schmitt est-il un hédoniste?

E.-E.S. Oui, mais c'est plus complexe que cela. Je me sens très proche du récit hédoniste, tel que le fait par exemple Michel Onfray. En revanche, je me sépare radicalement de lui sur le rapport au mystère. Je pense qu'il y a une promesse de sens mais que le sens m'échappe. Seulement, moi, j'ai confiance dans cette promesse de sens. J'ai fait de la philosophie pour me guérir de toute forme d'idéologie, y compris de l'idéologie athée - que je ne partage pas: je respecte profondément l'incroyance et l'athéisme mais je suis un agnostique croyant. A la question: «Dieu existe-t-il?» je refuse de répondre non catégoriquement. Je réponds: «Je ne sais pas, mais je crois que oui.»

Revenons à l'amour humain. Votre rêveuse d'Ostende dit à l'écrivain: «D'un amour essentiel, on ne se remet pas. Si on s'en remet, c'est que, de toute façon, ça n'en valait pas la peine.» On ne peut donc pas guérir d'une rupture amoureuse?

E.-E.S. Non. On vit à côté. On vit autre chose, mais on ne se remet pas. Sinon, c'est que, en effet, ce n'était pas essentiel, ça n'en valait pas la peine. Je crois très profondément à cela. On vit à côté.

Même si on rencontre quelqu'un d'autre?

E.-E.S. Oui. L'autre le sait et vit avec.

On cohabite facilement, dans ces cas-là?

E.-E.S. Oui. Parce qu'il y a un moment où ce qu'on a vécu et qui était si unique se met dans une chambre à part, une chambre à laquelle on a de moins en moins souvent accès. Comme un mausolée. Et pour pouvoir vivre de nouveau, on s'interdit l'accès à cette chambre-là.

Faut-il, dans ce cas, mentir à l'autre?

E.-E.S. Silence. Le silence. Moi, je pratique le silence. On n'a pas à charger les personnes nouvelles, qui arrivent dans votre vie, du poids de son passé, de ses regrets, de sa nostalgie fondamentale. C'est aussi ça, aimer: ne pas charger les nouveaux amours d'un poids dont ils ne sont en aucun cas comptables. Faire confiance en l'avenir.

Seriez-vous un optimiste?

E.-E.S. Définitivement.

François Busnel

Paris Match - « Le rêve selon EES »

Ses livres ressemblent à des contes philosophiques, recadrant l'être humain face à ses complexités. Dans son dernier ouvrage, l'écrivain français choisit la plage d'Ostende pour camper une femme romantique à la sexualité débridée, La rêveuse d'Ostende, suivie de quatre autres nouvelles entre vérité et mensonges. Un dédale où aime se perdre EES. Le résultat est un livre passionant, écrit sur le rythme d'un thriller, qui ausculte la notion du secret. A lire de toute urgence!

Claude Muyls

Matin plus - « Les visages de l'amour »

... La plume directe et souple de l'écrivain permet aux "amoureux d'amour" de se délecter de ces petites histoires banales et grandioses à la fois.

L'Express - « Les histoires de l'oncle Schmitt »

Grosse tête et gros tirages!...5 histoires surprenantes, tenues par un sens de la narration digne des meilleurs nouvellistes anglo-saxons... Encore une fois, Eric-Emmanuel Schmitt réussit à piéger le lecteur en beauté.

Delphine Peras

Atmosphères - « A livre ouvert »

... Intelligent, drôle, profond. Du Schmitt quoi!

Alexie Lorca

Femme actuelle - « Chaque ouvrage est un succès »

Des petites histoires très fortes, concentrées... Schmitt joue habilement avec l'art de la nouvelle. Art auquel se sont frottés les plus grands. De Maupassant à Flaubert en passant par Edgard Poe. Art subtil aux règles établies. EES maîtrise ces codes là. Suspense, art de la chute, tout y est et ça fonctionne fort bien. Chaque nouvelle se déguste comme un chocolat dont on découvrirait les différentes saveurs progressivement.

Sarah Gandillot

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Le Soir - « La Belgique rêvée d'Eric-Emmanuel »

Avec ses héroïnes, Schmitt se fait romantique. Dans le chaos et la beauté du rêve... Cinq histoires. Romantiques, drôles, nostalgiques, passionnées, mettant en scène des personnages qui ont un destin, un vrai, un grand même pour certaines comme Emma van A. Un livre qui rêve, qui donne la part belle à l'imagination. Cette dangereuse capacité à transformer le réel, à faire les choses. Ou à les défaire. Il y a de l'amour dans la rêveuse d'Ostende. Et de la haine.

J.C Vantroyen

La Libre - « Un délicat éloge du secret »

Un délicat éloge du secretLa littérature a-t-elle le pouvoir d'apprivoiser le temps qui passe ? Pour Eric-Emmanuel Schmitt, la réponse semble aller de soi. « Une de mes grandes admirations littéraires est Marguerite Yourcenar qui disait que l'écriture avait quelque chose à voir avec la sagesse » explique-t-il. « Il faut que les choses ne puissent pas se formuler littéralement pour qu'elles puissent se formuler littérairement. »

Normalien, agrégé de philo, docteur ès lettres, auteur à succès traduit en quarante langues, Eric-emmanuel Schmitt poursuit inlassablement ce qu'il appelle « sa quête du secret ».
Après les 380 000 exemplaires d' «Odette Toulemonde », il récidive dans le genre de la nouvelle en signant aujourd'hui « La rêveuse d'Ostende », cinq histoires surprenantes. La première, la plus longue, qui donne son titre au livre, piège le lecteur en beauté.

Silences et paradoxes

Sur une scène littéraire pessimiste et nombriliste, Schmitt fait preuve d'un optimisme délibéré.
Quittant Paris à la suite d'une rupture sentimentale, un écrivain décide de s'installer à Ostende pendant quelques semaines. Il en apprécie le calme et la discrétion.
Sa logeuse, une très vieille dame, solitaire et mystérieuse, partage la même passion des lettres. Plus attirée par l'imaginaire des grands auteurs classiques, elle trouve cependant du charme à la prose contemporaine de son hôte. Peu à peu, elle se confie à lui et, un soir finit par lui avouer l'incroyable passion amoureuse qui cimenta secrètement sa vie.
Fiction ou réalité ? La passion romanesque a-t-elle égaré cette vieille dame au point de ne plus pouvoir différencier la vie réelle d'une rencontre imaginaire ?
Suspense et émotion durent jusqu'à la dernière ligne...
L'amour, les livres, la mort habitent aussi les autres nouvelles de ce livre. Crimes parfaits, Mauvaises lectures, La femme au bouquet mélangent avec bonheur suspens et émotion.
Exégète de Balsac, Eric-Emmanuel Schmitt exprime sa conception du monde et les contradictions du désir en s'abritant derrière le masque des personnages qu'il invente. « J'aime dire les choses de façon métaphorique » confie-t-il. « C'est un détour pour rejoindre les autres. On peut dire davantage quand on se sent protégé. » Loin de la « sincérité » prônée par d'autres auteurs à succès qui expliquent à longueurs d'interviews que la valeur d'un livre vient de ce qu'il est « authentique », « vrai » ou « fort », Schmitt affirme que rien ne nous échappe plus que l'imagination. Rien n'est par conséquent plus révélateur de nos pulsions, de nos désirs, de nos fantasmes. Comme à son habitude, il ne décrit pas ses personnages. Il suggère, provoque l'imagination ou l'identification du lecteur. C'est à ce dernier qu'il demande une participation. Ainsi évite-t-il dialogues, péripéties et indications inutiles par respect- ou inclination peut-être- pour une certaine tradition française émanant des contes de Voltaire, où l'aphorisme, la lettre et l'écriture sèche et brève sont mis à l'honneur.

Spontanéité et réflexion

« La rêveuse d'Ostende » est une nouvelle de 120 pages, plusieurs fois réécrite jusqu'à le récit soit condensé en si peu de pages qu'il n'en reste que la trame suggestive. Tout en conservant la complexité narrative.Une fois encore Eric-Emmanuel Schmitt explore les sentiments par le truchement d'un autre écrivain, imaginaire celui-ci. Cette rencontre est toute de délicatesse. Une réflexion sur le secret, sur la séduction et sur le déséquilibre intérieur philosophiquement proche du « Journal d'un séducteur » de Kierkegaard.
Avec spontanéité et profondeur, ces nouvelles suggèrent un monde où le volontarisme reprend ses droits et où la vie n'est qu'un thème romanesque.En cela Eric-Emmanuel Schmitt reste fidèle à ses deux modèles : Sartre en philosophie et Proust en littérature.

Olivier Stevens © La Libre Belgique 23/11/07

Femmes d'aujourd'hui - « Les mystères d'Eric-Emmanuel Schmitt »

On se laisse guider au gré de ces cinq nouvelles par l'imaginaire et la virtuosité d'un conteur au charme délicieusement suranné. Encore une belle réussite signée Eric-Emmanuel Schmitt.

Le magazine littéraire - « La rêveuse d'Ostende »

On sait que la nouvelle est un genre littéraire à part : les risques d'aboutir à un récit concis mais plat, élégant mais facilement creux, sont considérables. Eric-Emmanuel Schmitt s'est lancé dans ce monde d'écriture avec ce mélange d'audace et de sérénité qui le caractérise.

Avec ces histoires brèves, qui composent son dernier livre, La rêveuse d'Ostende, il nous entraîne dans une sphère qui tient du récit poétique, de l'intrigue policière, voire parfois de la fable. Ces récits singuliers sont animés par une constante fluidité de style, déjouant sans cesse les pesanteurs du réel au profit d'une approche plus nuancée, refusant dans le premier mouvement de la narration tout ce qui permet de distinguer le réel de l'imaginaire. D'où les effets d'étrangeté comme dans « La femme au bouquet », qui est construit comme une énigme. Pendant des années, une femme attend un inconnu dans une gare, un bouquet à la main. Attente emblématique, lourde de menaces, cruelle dans son dénouement, et qui, montre toutes les qualités de l'art narratif de Schmitt.

La transparence de l'écriture, la tendresse discrète que l'auteur manifeste pour ses personnages peuvent induire en erreur : ce monde romanesque se révèle assez sombre dès que se dissipent les rêveries et les illusions qui habitent les personnages. L'une des forces majeures de ces récits tient à ce que l'auteur maîtrise, grâce à ses nombreuses années de mise en scène théâtrale, l'art du dialogue. La parole des personnages anime et donne un dynamisme et une structure spécifique au récit. Les confidences sont souvent mêlées d'aspirations vagues, de désirs fous, de biographies invérifiables.

L'idée que les êtres se font de leur existence, leurs fantasmes et leurs mythes personnels, intéressent davantage Schmitt que la référence incessante à la réalité. La profusion de l'écriture de l'auteur, avide qu'elle est de la diversité du réel, pourrait parfois faire songer à Giraudoux par son élégance et sa désinvolture, si elle n'aboutissait souvent à une vision baroque, à un jeu de miroirs et de faux-semblants. Dans « Les mauvaises lectures », le meurtre qui vient conclure le récit n'est que le produit d'une série de malentendus, d'images illusoires qui égarent le principal protagoniste. Le seul ennui, c'est que ce labyrinthe à plus de force et d'autorité aux yeux des individus que le monde réel.

Ce que montrent sans cesse ces récits, ces confidences fébriles ou exaltées, c'est que les rêves qui les hantent ne sont pas de simples images évanescentes ou des illusions, mais le charme même de la vie, les stimulants nécessaires à l'action. Eric-Emmanuel Schmitt a trouvé le ton le plus juste pour l'exprimer avec talent.Didier Raymond

JDD- Version fémina - « Le coup de coeur de Dominique Bona »

...A travers cinq histoires, aussi percutantes que mystérieuses, Eric-Emmanuel Schmitt déploie son inépuisable talent de romancier. Imagination et fantaisie toujours au rendez-vous. Le livre balance entre le polar et le roman sentimental : vision mi-cruelle, mi-tendre. L'auteur d' Oscar et la dame rose n'a plus rien à apprendre de l'art du récit ni de celui du portrait. On s'installe dans son univers comme au coin d'un bon feu de bois. On y est bien, on y croit, on rêve : un vrai cocon moelleux. Que de mander de mieux ?

Dominique Bona

Le Quotidien - « La science des rêves »

... Des nouvelles pour ausculter la nature, l'âme humaine. Et toujours ce style, écriture légère, dépouillée, efficace mais jamais agressive avec une idée fixe chez l'auteur : suggérer et ne pas imposer. C'était le credo littéraire de la grande Colette, Schmitt l'a fait sien. Alors, à la perfection, l'écriture de la nouvelle se prête çà ce désir. Eric-Emmanuel Schmitt sait plonger au plus profond des êtres. Avec une précision quasi chirurgicale, il emmène son lecteur là où il l'a décidé.

Mais comme il n'a jamais perdu le sens de l'amusement, il sait aussi parfaitement au final (faire) basculer dans un ailleurs totalement inattendu. Souvent, il évoque ses « nouvelles trappes » pour justifier le retournement soudain des dernières lignes. Et voilà comment il est impossible de raconter, de rapporter dans leur totalité des nouvelles écrites par Eric-Emmanuel Schmitt ! Alors, on pratique l'esquisse pour donner, pour déclencher l'envie.Serge Bressan

L'Union - « La rêveuse d'Ostende »

...Une très belle histoire toute empreinte de poésie et délicatesse. Et les autres nouvelles composant cet ouvrage, sont de même facture, insolites, romantiques ou tendres... Cinq nouvelles de charme où l'imagination tient une jolie place. Une écriture limpide.

L'Appel - « Les bonnes lectures de Schmitt »

Ce recueil offre cinq histoires qui s'inscrivent dans des univers très différents, mais racontent le destin de cinq femmes, héroïnes tour à tour romantiques, diaboliques ou attendrissantes. Les fans de Schmitt retrouveront avec délectation leur auteur préféré, celui qui, par un style léger, une prose limpide et efficace, un humour parfois coquin, trouve toujours le moyen de divertir intelligemment.

J.Ba

Le Quotidien de La Réunion et de l'Océan Indien - « Rêvez-vous les uns les autres »

... Le talent de l'auteur à succès n'est plus à démontrer et sa dernière oeuvre est captivante. On y retrouve une atmosphère digne des Diaboliques de Barbey d'Aurevilly. Les femmes ne sont pas si sottes... bien au contraire.

Frédéric Banc

Var matin - « Affabulation ou réalité? »

... Chaque nouvelle se savoure, chaque personnage, drôle ou pathétique, évolue dans une atmosphère surnaturelle où le réel, parfois triste et sordide, cède la place au rêve.

Mathilde Tranoy

Publications

  • En langue anglaise (USA, Canada, Puerto Rico et les Philippines), publié par Europa
  • En langue allemande, publié par Fischer Verlag
  • En langue azérie, publié par Qanun
  • En langue bulgare, publié par Lege Artis
  • En langue chinoise (caractères simplifiés), publié par Citic Press
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  • En langue roumaine, publié par les éditons Humanitas Fiction
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