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Madame Pylinska et le secret de Chopin Le visiteur
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Résumé

Anne vit à Bruges au temps de la Renaissance, Hanna dans la Vienne impériale du début du siècle, Anny Lee à Los Angeles de nos jours. Trois destins, trois aventures singulières, trois femmes infiniment proches tant elles se ressemblent par leur sentiment de différence et leur volonté d'échapper à l'image d'elles-mêmes que leur tend le miroir de leur époque. Tout les éloigne de ce que la société, leur entourage, les hommes ont décidé à leur place.

Anne la Flamande ressent des élans mystiques qui l'entraînent vers le béguinage. Hanna, une des premières patientes d'un disciple de Sigmund Freud, enfreint tous les codes familiaux et moraux de son temps. Anny, dont le talent annonce une fulgurante carrière d'actrice, pourrait se révolter contre le modèle hollywoodien. Également insoumises et rebelles, laquelle trouvera, et au prix de quels combats, sa vérité et sa liberté ?

 

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Critiques

Lire - « Les trois héroïnes d'Eric-Emmanuel Schmitt »

Dans un style très cinématographique, Eric-Emmanuel Schmitt construit un récit gigogne et mêle les destins.

Quelles vérités se cachent derrière les apparences ? Doit-on rêver sa vie quand la dure réalité sociale entrave vos pas ? Comment échapper à sa condition, et à ses origines ? L'art peut-il devenir un instrument prépondérant pour accomplir son destin ? Autant de questions que pose Eric-Emmanuel Schmitt à travers des fictions généreuses, où, souvent, une place importante est attribuée à la condition féminine. Son nouveau roman où l'on retrouve sa manière de construire un récit gigogne ne déroge pas à la règle. La femme au miroir, qui n'est pas sans rappeler l'univers de son recueil de nouvelles Odette Toulemonde et autres histoires, brosse le portrait de trois héroïnes malgré elles, saisies à trois époques différentes. Anne de Bruges vit au temps de la Renaissance. Hanna von Waldberg tente d'exister pour elle-même dans cette Vienne impériale qui sous l'influence de Sigmund Freud s'ouvre à la psychanalyse. Quant à Anny Lee, actrice hollywoodienne, elle mène de nos jours un combat acharné pour faire valoir ses droits à la différence.  

Ces trois femmes courageuses, qui refusent de limiter la vérité d'un être à son seul reflet dans le miroir, condamnent le machisme, l'intolérance et le fanatisme qui paralysent toute volonté. Elles paieront cher leur désir de rébellion et Eric-Emmanuel Schmitt offre un épilogue étonnant où le lien sera fait entre chacun des personnages. D'une plume romanesque l'auteur construit une fiction très cinématographique avec décors somptueux, gros plans, arrêts sur image, retours en arrière et travellings qui lui permettent de rendre familiers aux lecteurs les univers traversés, et surtout de mettre en scène ses héroïnes dans un large mouvement d'empathie et de compassion. Mélangeant les styles de récit, Eric-Emmanuel Schmitt, qui propose des scènes de bûcher ou d'attaque de loups, imagine pour décrire la vie d'Hanna que celle-ci se confie par lettres à une certaine Gretchen, sa prétendue cousine. Le récit, comme le livre tout entier, se transforme ainsi au fil de sa plume en un remarquable manifeste de mentir-vrai romanesque, élégant et sans concessions. 

 

Jean-Rémi Barland (Lire)

Le Figaro Littéraire - « L'éternel féminin en trois destins »

Des héroïnes d'hier et d'aujourd'hui luttent pour vivre comme elles l'entendent.

Le nouveau roman d'Éric-Emmanuel Schmitt est-il féministe ? Dans la mesure où l'auteur y raconte les destins croisés de trois femmes assoiffées d'indépendance, pendant la Renaissance, au début du XXe siècle et de nos jours, on serait tenté de le croire. Mais en réalité, le talent de conteur de l'auteur fait que La Femme au miroir est impossible à enfermer dans une telle appellation, forcément réductrice. Cette œuvre foisonnante tient à la fois du conte philosophique et psychologique, du roman historique et de la fable moderne. Et c'est l'étonnante modernité de chacune des trois héroïnes qui confère au livre son unité.

À première vue, pourtant, que peuvent bien avoir en commun Anne, jeune fille du peuple vivant à Bruges pendant la Renaissance, Hanna, épouse d'un brillant aristocrate dans la Vienne des années 1900, et Anny, vedette de cinéma dans le Hollywood du XXIe siècle ? Pour le découvrir, Schmitt nous offre un voyage à la fois dans le temps et dans les âmes. Au fil des chapitres, le lecteur est d'abord quelque peu désarçonné, ballotté entre des univers tellement différents. Mais il est bien vite accroché, tenu en haleine.

Un mystérieux besoin d'autre chose.

Chacune dans leur genre, les trois femmes ont d'emblée de quoi intriguer, agacer même. Pourquoi diable, en effet, ne parviennent-elles pas à se sentir heureuses ? N'ont-elles pas tout pour filer un bonheur parfait ? Anne n'est-elle pas courtisée par un beau garçon plein d'avenir et Hanna n'est-elle pas riche, choyée par son mari et admirée par ses amis de la meilleure société viennoise ? Quant à Anny, elle possède un immense talent de comédienne et aucun homme ne peut lui résister. Mais derrière ces apparences, l'insatisfaction, un mystérieux besoin d'autre chose, unit les trois personnages. La capacité de l'auteur à brosser des portraits psychologiques pénétrants, en harmonie avec les époques décrites, fait merveille. Petit à petit, la logique de chaque destinée apparaît. Si Anne refuse le mariage, c'est parce que sa personnalité la pousse vers la contemplation, l'amour de la nature voire de Dieu. Mais la jeune fille, qui a l'étoffe d'une sainte et se laisse guider par son coeur et ses intuitions, se heurte aux préjugés de beaucoup de ses contemporains.

Hanna aussi est une incomprise, prisonnière de son milieu. Et comme elle vit à Vienne à l'époque de la naissance de la psychanalyse, c'est auprès d'un disciple de Freud qu'elle va réussir, après moult hésitations et réticences, à mieux comprendre qui elle est. Les passages consacrés à l'analyse d'Hanna sont particulièrement réussis, à la fois drôles et lucides.

Enfin, Anny, derrière les paillettes et la drogue, cherche également une issue, via l'art, au mal-être qui l'étreint. Finalement, les trois pionnières de Schmitt brillent de mille feux et symbolisent l'éternel féminin.

 

Blaise de Chabalier

L'Express - « Trois femmes puissantes »

Un roman avec trois femmes venant de trois époques différentes mais avec un point commun. Toutes sont insoumises et tentent de se réconcilier avec la réalité et la vérité. 

Elles sont trois. Trois femmes, prises à trois époques différentes. Des époques de crise, de basculement. Anne vit à Bruges, aux premiers temps de la Renaissance. Hanna s'installe à Vienne à la fin du xixe siècle, lorsque Freud "invente" la psychanalyse. Anny est une actrice hollywoodienne, pur produit d'aujourd'hui, où la célébrité est un miroir aux alouettes. Trois femmes qui se sentent en marge des codes et des injonctions de leur société. Elles sont différentes. Différentes? Que mettent-elles sous ce terme? Hanna esquisse la réponse: "Par différente, elle désignait le gouffre qu'elle voyait entre ses joies et celles des autres, cette solitude qu'elle éprouvait lorsque les gens racontaient ce qui les passionnait, ses réticences à exprimer sa pensée qu'on ne saisissait jamais." La fracture est intérieure. Elle est aussi publique. Ces trois femmes, qui ont en commun un rapport étrange à l'adoption, ne veulent pas être celle que leur époque exige. Tout ce que la féminité ordonne, elles le refusent. 

A travers ces trois destins singuliers, Eric-Emmanuel Schmitt explore la culpabilité, l'aliénation, le sentiment de ne plus s'appartenir. Il tisse un lien invisible entre les personnages mais, surtout, entre les époques. Une mystique de l'amour à laquelle il importe peu d'adhérer se dégage de ce roman remarquablement construit. Chacun choisira "sa" femme. Anne, Hanna ou Anny. Cette dernière est sans doute la plus touchante. A 20 ans, elle a déjà l'impression d'avoir vécu mille vies. Actrice surdouée, elle a couché avec la moitié de Hollywood, passe ses nuits le nez dans la poudreuse et se réveille au petit matin avec une gueule de bois qui achève de l'entraîner dans les méandres de la haine de soi. Elle préfère le reflet à la réalité. Autour de ces femmes, une nuée de furies. Les belles âmes, les fourbes, les traîtres, les prudents... bref, le ballet de ceux qui vous tendent le miroir mais refusent de s'y regarder. Qu'y trouveraient-ils? Quelqu'un d'autre. Anne, Hanna et Anny, chacune à sa manière, tentent de se réconcilier avec la réalité. Elles en paieront le prix. Et trouveront, de façon surprenante, l'unité vers laquelle elles rêvent de tendre depuis qu'elles ont compris que la vie ne suffit pas.

François Busnel

Le Figaro Magazine - « Brelan de dames »

A la façon des peintres de la Renaissance, Eric- Emmanuel Schmitt diffracte la même histoire éternelle en trois visages de femmes. Anne, adolescente des Flandres d'antan, que son mysticisme inné rapproche de saint François et écarte le rôle d'épouse que lui impose la société. Hanna, qui s'est soumise en épousant l'un des plus beaux partis de la Vienne de 1904. D'où viennent, alors, ces frustrations qui la poussent à se lancer dans des collections idiotes? Vedette du Hollywood moderne, Anny, de son côté, accumule les scandales pour la plus grande joie de son agent: icône libertine, Anny est en réalité prisonnière de son image tape-à-l’œil... En superposant leurs trois tristes destins dans une structure discrètement sophistiquée, Schmitt révèle la geôle invisible d'obligations et d'attentes dans laquelle l'humanité enferme les représentantes de sa plus jolie moitié. Il en désigne aussi les clés - l'amour vrai, la connaissance de soi - au fil d'une narration limpide, sincère, enlevée, qui devrait lui ouvrir tous les cœurs. Féminins au pas.

Alexis Brocas

Télérama - « Chapeau bas »

De livre en livre, Eric-Emmanuel Schmitt traque entre légèreté et gravité d'insaisissables visages de femmes. Et leurs destins chahutés deviennent sous sa plume bien plus fascinants que ceux de ses précédents héros masculins. Comme il aime aussi les constructions complexes et ludiques à la fois, se plaît à forger des livres riches où le lecteur apprend autant qu'il se distrait, il réussit avec verve des sagas entre grande et petite histoire, existences archétypiques et vécus familiers.
A l'image de son dernier roman, où trois femmes portant le même prénom - Anne, Hanna et Anny -, mais à des époques et dans des lieux distants – Bruges à la Renaissance, Vienne en 1900, Hollywood aujourd'hui -, traversent des chemins apparemment éloignés, mais qui recomposent les mille facettes d'un envoûtant éternel féminin. Sainte et sorcière, brillante mondaine convertie à la psychanalyse, star déjantée : les trois héroïnes sulfureuses se réuniront magiquement grâce à l'admiration généreuse que porte visiblement l'écrivain au deuxième sexe. Dans un monde si misogyne, chapeau bas.

Fabienne Pascaud

24 Heures (Suisse) - « M. Schmitt revient au roman »

Les intuitions de trois rebelles ricochent les unes sur les autres dans La femme au miroir.

Avec La femme au miroir, Eric-Emmanuel Schmitt, l’un des auteurs de théâtre les plus joués du monde, pose en as de la structure. Anne la Française, Hanna l’Autrichienne et Anny l’Américaine se croisent dans une géographie habile qui aboutit au puzzle reconstitué de l’identité féminine.

 «Toutes les trois ont la volonté d’échapper à l’image que leur renvoie le miroir de leur époque», résume Eric-Emmanuel Schmitt qui, à 51 ans, après s’être adonné à la nouvelle et au Cycle de l’Invisible, revient joliment au roman classique.

L'Avenir (Belgique) - « Trois destins de femme »

La femme au miroir est triple. À travers trois vies, trois siècles, Éric-Emmanuel Schmitt évoque le féminisme.

Le dernier roman d’Éric-Emmanuel Schmitt est sans conteste une œuvre d’une envergure particulière. À la mesure sans doute de La part de l’autre où il évoquait la figure d’Hitler. Dans cette œuvre complexe, l’auteur emmène son lecteur dans le passé de trois femmes. L’histoire débute le plus simplement du monde, à Bruges, un matin du XVIe siècle. Une jeune fille, Anne, se prépare au mariage. Mais si ses cousines l’envient, Anne se sent différente et n’a guère envie de lier son destin à Philippe son fiancé. Elle prend la fuite…

Hanna qui vit à Vienne au début du XXe siècle est, elle, une toute jeune épouse. Un mariage de rêve avec l’homme idéal, beau, fortuné et dont la famille fait partie du gratin de la société viennoise. Mais Hanna n’est pas à l’aise dans le rôle que cette société veut lui imposer. Entre autres celui de mère de famille.

Anny, enfin, vit à Hollywood au XXIe siècle. Depuis son enfance, elle fréquente les plateaux de cinéma. À vingt ans, elle a tout connu, tout essayé : le sexe, la drogue, l’alcool, la provoc… Elle pense avoir vécu mille vies mais cherche désespérément la bonne.

Trois femmes, trois destins mais une même aspiration, ne pas vivre la vie qu’on veut leur imposer. Ce sont des femmes fortes et différentes, chacune à leur manière.

Chapitre après chapitre, Éric-Emmanuel Schmitt promène le lecteur d’un siècle à l’autre et d’une histoire à l’autre. À la manière d’un excellent feuilletoniste, il relance ainsi sans cesse l’attention et la curiosité de son lecteur qui ne peut s’empêcher petit à petit de croiser ces trois destins. Et de s’interroger sur ce qui les unit…

Conteur né, Éric-Emmanuel Schmitt choisit la narration pour illustrer une fresque nettement plus large qu’une simple – même si bonne – histoire.

C’est, en effet, un certain combat féminin qu’il met ainsi en lumière à travers quelques figures, imaginaires sans doute, mais très attachantes.

Un roman populaire au meilleur sens du terme. Et qui s’annonce déjà comme un des succès de cette rentrée littéraire.¦

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Le Télégramme - « Trois destinées »

Éric-Emmanuel Schmitt revient au roman avec «La femme au miroir». Dans cette histoire à l'allure de conte philosophique, il suit le parcours de trois femmes aux caractères bien trempés, réunies par leur combat pour l'indépendance et la liberté.

Anne la Flamande ressent des élans mystiques qui l'entraînent vers le béguinage. Hanna, une des premières patientes d'un disciple de Sigmund Freud, enfreint tous les codes familiaux et moraux de son temps. Anny, dont le talent annonce une fulgurante carrière d'actrice, pourrait se révolter contre le modèle hollywoodien. Également insoumises, laquelle trouvera sa vérité et sa liberté? Et si la virtuosité du romancier érigeait le combat permanent en esthétique absolue de la féminité?

La Libre Belgique - « Portraits de femmes libres »

Eric-Emmanuel Schmitt sait mener une intrigue. Et même, trois histoires de front, comme dans son nouveau roman, "La femme au miroir", sans jamais en perdre les fils pour les nouer et les dénouer au moment qui lui plaît.

"La femme au miroir" est le roman parallèle de trois femmes, de trois époques fort différentes qu’a priori rien ne rapproche. Mais on peut faire confiance à E.-E. Schmitt. Il nous a préparé des rebondissements à la fin de chacun des courts chapitres, comme dans les bons feuilletons d’antan, pour sans cesse nous surprendre, relancer l’intérêt et guider petit à petit le lecteur vers un lien possible entre ces trois destins.

Ces trois femmes ont des prénoms fort semblables dont la déclinaison n’est due qu’à l’époque où elles vivent. Toutes ont eu leur vie brisée à cause de leur liberté de pensée. Ce sont des révoltées à leur manière, introverties, contre les carcans de leur époque, des femmes qui ont été à l’écoute de leurs sentiments, de leurs pulsions, de leurs émotions et qui n’ont pas hésité à l’affirmer, quitte à en mourir.

Il y a d’abord Anne, qui vit à Bruges au XIVe siècle. Belle jeune fille un peu exaltée, généreuse, qui aime la nature, les arbres, qui parle avec les loups, qui voit Dieu dans ses créatures. Sainte ou sorcière ? Nouvelle François d’Assise ou succube qu’on doit brûler ? Elle n’est que bonté, droiture, mysticisme. Son orgasme est spirituel et panthéiste. Eric-Emmanuel Schmitt n’hésite pas à caricaturer ses personnages pour mieux dérouler son intrigue et introduire les échanges philosophiques dont il est friand sur la vie, la mort, Dieu, le sens des choses, la liberté.

La seconde héroïne, Hanna, vit dans la Vienne impériale. Elle voit le monde changer autour d’elle, même si les bourgeois qui critiquent Klimt et Schiele ne voient rien. Elle est tiraillée entre son devoir et son plaisir, entre les exigences du rôle de mère "pondeuse" qu’on veut lui faire jouer et son inconscient qui résiste. Vienne à cette époque est aussi la ville de Freud, de l’irruption de l’inconscient, de l’apparition de cette vérité que notre conscience n’est plus au centre de notre être, une révolution aussi copernicienne que lorsqu’on découvrit que la Terre n’était pas au centre de l’Univers. Hanna traverse cette époque avec la même exigence de vérité que sa consœur de Bruges, avec le même désir de vivre ce qu’elle ressent, même si elle doit en souffrir et être incomprise.

La troisième héroïne est bien de notre temps. Anny est une jeune star d’Hollywood, que les producteurs s’arrachent à coups de cachets mirobolants. Mais son jeu cache mal son désarroi qu’elle tente d’apaiser dans l’alcool, le sexe et la drogue. Après le divin qui fascinait Anne, les méandres du psychique qui éblouissaient Hanna, c’est le chimique qui permet à Anny de "dérouler les portes du mystère" de l’inconscient.

On ne dira rien de plus d’un récit où le suspense est important et qui mène, répétons-le, à réunir ces trois destinées.

Comme souvent chez Eric-Emmanuel Schmitt, ce gros roman (455 pages) se lit extrêmement facilement, c’est un conteur qui aime distiller aussi des réflexions sur la vie. Son passé philosophique n’est jamais loin.

[...] Ces trois portraits forment ensemble le visage archétypal de la femme libre, qui peut se regarder dans le miroir pour devenir maîtresse de son destin.

Guy Duplat

France Soir - « Je suis féministe »

L'écrivain Belge préféré des Français livre son neuvième roman, axé autour de trois femmes. Très discret, il nous dévoile son amour profond pour le beau sexe.

 
Eric-Emmanuel Schmitt est au vert. L’écrivain de 51 ans profite de la nature dans sa maison de campagne en Belgique. Dès qu’il y a un petit rayon de soleil, il plonge dans sa piscine. Mais ne lui parlez pas de vacances ! Il déteste ça. Et pour cause, il ne lâche jamais sa plume.
 « Si vous ne voulez plus lire du Eric-Emmanuel Schmitt, il faudra m’arrêter », déclare-t-il avec ironie. Il profite juste du calme et de longues promenades avec ses chiens avant la tempête promotionnelle qui s’annonce.

"Je verrais bien Scarlett Johansson"

Oui, Eric-Emmanuel Schmitt est à nouveau au rendez-vous de la grande rentrée littéraire de septembre. Et chaque année, il surprend. Tantôt avec des nouvelles, ou des essais, tantôt avec des romans, plein de sentiments humanistes et de descriptions fouillées. Le 18 août, l’auteur d’Odette Toulemonde et autres histoires (2006) livrera donc son neuvième roman, La Femme au miroir. Soit le portrait croisé de trois femmes vivant dans des siècles différents. « Comme elles, je ne pleure jamais. Je ne cultive pas la tristesse. Je suis un grand optimiste. Et pourtant, je sais que l’optimisme est assimilé à l’imbécillité. » Ces trois femmes ont en commun de se sentir différentes de leur époque. Aimantes et bienveillantes, elles vont se rebeller pour échapper à un destin tout tracé. « Je verrais bien Scarlett Johansson pour les interpréter au cinéma. Ou Natalie Portman. »

Eric-Emmanuel Schmitt livre donc un roman sur la condition des femmes. « Elles me passionnent à cause de leur extraordinaire complexité. Je suis féministe depuis longtemps, d’abord par sympathie et par réflexion. Je suis très souvent scandalisé par des comportements et des réflexions faites aux femmes. » Eric-Emmanuel Schmitt n’a eu aucun mal à se mettre dans la peau de ses héroïnes, ce qu’il ne s’autorisait pourtant pas au début de sa carrière. « Au début de ma vie d’écrivain, je n’osais pas, mes personnages principaux étaient des hommes. Puis, quand j’ai créé des personnages féminins, on m’a dit que je les représentais bien car je les comprenais. Il faut dire que j’ai toujours vécu entouré de femmes. J’ai l’amitié plutôt féminine que masculine. »Cela fait quinze ans qu’il porte cette histoire dans sa tête et dans son cœur. «Arriver à rendre passionnant et synchrone trois destins me paraissait difficile, donc j’avais besoin d’une plus grande expérience. Je ne voulais pas gâcher mes personnages. »

Obsessionnel

S’il n’écrit jamais le même roman, Eric-Emmanuel Schmitt parle toujours d’amour. Sa grande doctrine. L’homme se bat d’ailleurs pour lutter contre l’indifférence est engagé dans plusieurs associations et soutient la recherche contre le cancer. Sa vie est donc paradoxale, car celui qui est ouvert aux autres et au monde hiberne pendant de longs mois. « Je m’enferme pour écrire. Mes proches sont patients. J’écris de 9 heures du matin à 8 heures du soir. Je relis chaque page au minimum 80 fois, je suis un obsessionnel. » Une vie qu’il affectionne, même s’il a un regret : « Je n’ai pas d’enfants. J’en ai élevé qui n’étaient pas les miens mais j’ai jamais été considéré comme le père. Malgré ça, je suis très heureux. »

Magali Vogel

Gaël - « Féminin(s). »

[...] Le talent d'Eric-Emmanuel Schmitt réside dans sa faculté à rendre un personnage attachant dès les premières pages. Ses héroïnes ont en commune le besoin de suivre leur propre chemin. Souvent proches de la fable, les récits se fondent l'un dans l'autre. Il n'empêche: ce triple destin reste d'une brûlante actualité. Et l'auteur nous fait le cadeau d'une belle histoire qui se lit vite, tant elle nous tient en haleine, et aussi d'un miroir: 450 pages pour examiner notre vie souvent trop formatée.

Le Pèlerin - « La femme au miroir »

Véritable plaidoyer pour les femmes, ce neuvième roman d’Eric-Emmanuel Schmitt est un bijou. L’auteur se glisse dans la peau du beau sexe avec une intuition et une finesse d’analyse étonnants. Il navigue entre les époques avec la même aisance. Le résultat ? Un magnifique roman choral, profond, féminin, mystique et éclairé.

Anne. Hanna. Anny. Et si leur image dans le miroir était la même, la notre, forte et fragile à la fois ?

Catherine Lalanne

La Dernière Heure - « La femme au miroir, d’Eric-Emmanuel Schmitt : trois portraits pour autant d’époques »

Une fois encore, Eric-Emmanuel Schmitt signe un beau roman composé comme une petite musique dans laquelle chaque mot est à sa place. Précieux sans jamais être ridicule, juste sans chercher une apparente exhaustivité qui n’est qu’illusoire et qui lasse, l’auteur distille ses quêtes et ses interrogations à des lecteurs toujours plus nombreux. Du bien bel ouvrage.

Hubert Leclercq

RTL - « "Un livre canon" »

Eric-Emmanuel Schmitt, invité de "Laissez-vous tenter", présente "La femme au miroir" (Albin Michel), vibrant plaidoyer en faveur des femmes et de leur liberté au fil des siècles.

Cliquez ici pour regarder l'émission.

Direct Matin - « La femme selon Schmitt »

Avec une tendresse sans limite pour ses héroïnes tragiques, Schmitt publie un réquisitoire contre le paraître et la soumission.
Sa plume pleine de poésie semble trempée dans le coeur et les douleurs des femmes. L'auteur d'Oscar et la dame rose confirme à nouveau son statut d'admirateur et défenseur de la gent féminine.

Les Echos - « Ma soeur Anne »

Bien raconter des histoires, bien raconter la vie et dire le monde à sa façon... Eric-Emmanuel Schmitt trace son sillon romanesque, avec assurance et décontraction. Dans la forme, rien de révolutionnaire : pour « La Femme au miroir », son dernier opus, l'écrivain-dramaturge emprunte le procédé choisi par l'Américain Michael Cunningham dans « Les Heures » : raconter la vie de trois femmes à trois époques différentes, reliées par un même destin. Sur le fond, il livre une ode vibrante à la liberté, à la transgression - la femme est l'avenir de l'homme, pour peu qu'elle brise complètement ses chaînes.

Très vite, ces trois femmes - ces trois Anne -nous deviennent familières : Anne de Bruges, la jeune fille du peuple, qui rompt avec son fiancé pour vivre une expérience mystique au temps de la Renaissance ; Hanna, la jeune épouse-potiche viennoise, qui trouve son salut dans la psychanalyse au début du XX e siècle ; et Anny, la star de Hollywood, qui se libère des addictions contemporaines (succès, sexe, alcool, drogues) pour donner un sens à son art - à sa vie. En rejetant les conventions sociales, en sublimant leurs frustrations, ces trois grâces - touchées par la grâce -se métamorphosent en papillons, électrons libres, femmes en apesanteur. Epanouies, enfin...

Le miroir tendu aux femmes, par Eric-Emmanuel Schmitt, est sympathique et chatoyant. Son héroïne à trois têtes devrait faire un tabac cet automne. Ma soeur Anne ne vois-tu rien venir ? Un best-seller à n'en pas douter.

Philippe CHEVILLEY

Femmes d'Aujourd'hui (Belgique) - « La femme au miroir »

3 romans en 1, qui dit mieux? En alternant les aventures d'Anne de Bruges, une mystique au temps de la renaissance, d'Hanna, une Autrichienne qui bouleverse son destin au contact d'un disciple de Freud et d'Anny, une actrice hollywoodienne ingérable, Schmitt nous livre une fresque romanesque en kit qui traverse les époques pour aborder quelques uns de ses thèmes de prédilection, la religion, la psychanalyse et la philosophie. Fans d'EES, foncez, vous ne serez pas déçues!

Le Bien Public - « Anne ma soeur »

"C’est l’un des premiers ouvrages arrivés de la “rentrée littéraire”. Eric-Emmanuel Schmitt, dont on avait pris l’habitude d’applaudir les pièces de théâtre et autres petits contes symboliques, revient au roman, au pur, au vrai, à travers le destin de trois femmes.

Eric-Emmanuel Schmitt sait raconter une histoire, mais rarement de façon totalement innocente. Derrière le sourire chaleureux, il y a aussi […] un homme qui s’interroge sur les missions d’une vie. C’est cette personnalité qui donne sa tonalité à ce roman et en nourrit l’intérêt. »



Linternaute - « La femme au miroir »

Éric-Emmanuel Schmitt est un véritable touche-à-tout. Après les pièces de théâtre, les expériences du cinéma, l'écriture de nouvelles, voilà que l'auteur à succès revient pour cette rentrée littéraire avec un nouveau roman de plus de 450 pages.

il fallait au moins ça pour raconter l'histoire de trois femmes, plutôt privilégiées par leur situation sociale ou amoureuse :
Anne d'abord, qui doit se marier à Bruges pendant la Renaissance avec un très bel homme, rendant jalouse tout son entourage. Hanna ensuite, vivant à Viennes au début du XXe siècle, qui n'aspire qu'à offrir un enfant à l'homme qui l'aime. Anny enfin, star de cinéma de notre époque qui partage son existence entre paradis artificiels et amours fugaces.

Trois femmes qui semblent avoir tout pour elles. Pourtant, sous la plume d'Eric-Emmanuel Schmitt, elles s'obstinent à ne pas se contenter de leur destin. Etonnant, d'autant que les trois femmes ne sont ni des rebelles, ni des capricieuses, bien au contraire.

Elles font simplement le constat d'une vie qui ne les rend pas heureuses et décident de ne plus être ce que les autres souhaitent d'elles. Elles quitteront tout ce qui les définissait pour s'accorder une existence plus épanouissante, grâce à un lent travail d'introspection, par la découverte de la spiritualité, de la psychanalyse ou encore par le biais d'une cure de désintoxication.

Le pitch a tout du sujet banal et mièvre à souhait. Et pourtant le roman se dévore avec gourmandise. D'abord parce que Schmitt évite les clichés et le sentimentalisme. Ensuite parce que les trois héroïnes sont assez lucides pour éviter les atermoiements béats ou les lamentations agaçantes. Bien au contraire, on se prend d'une sincère affection pour ces trois femmes qui mettent des mots sur leurs déceptions, leur inconfort, et prennent les choses en main.

Sans doute parce que l'écriture de Schmitt est limpide, sans superflu, la réflexion philosophique peut émerger naturellement, sans prétention et sans aucune fausse note.
Le récit nous amène ainsi doucement et habilement à apprécier le retour aux sources des trois héroïnes, à goûter avec émerveillement à leur contemplation mystique de la nature, à leur joie devant les forces de l'esprit ou bien au bonheur qu'elles découvrent sur les voies de la rédemption.

 

Le quotidien du Médecin - « Au-delà des apparences »

Auteur chéri du public français et international qui joue sur tous les registres de l'écriture - dramaturge, romancier, nouvelliste, essayiste et aussi cinéaste -, Eric-Emmanuel Schmitt a écrit un livre féministe. Si ce n'est pas la première fois qu'il brosse le portrait de femmes, il offre aujourd'hui, à travers les destins croisés de trois héroïnes très éloignées dans le temps, une ode à LA femme.
La première, Anne, vit à Bruges au temps de la Renaissance; la deuxième, Hanna, Habite la Vienne impériale; la troisième, Anny, brille de nos jours sous les spotlights d'Hollywood. Les trois ont, selon l'expression consacrée, tout pour être heureuses, mais aucune n'est satisfaite de la "belle" vie qu'on lui propose. Anne s'apprête à épouser un apprenti cordonnier, un gentil garçon amoureux, mais elle s'enfuit au matin de ses épousailles. Hanna vient de se marier avec un aristocrate aussi beau que riche et plein d'attentions, mais elle ne trouve de bonheur que dans la collection de sulfures et de mille-feuilles qu'elle a entreprise dès son voyage de noces. Quant à Anny, au faite de la gloire mais sur la corde raide entre alcool et drogue, elle ne prend depuis longtemps plus aucun plaisir à séduire. Sans savoir pourquoi, chacune se sent différente, refuse le rôle que la société, leur entourage et les hommes ont décidé à leur place et chacune aspire à autre chose. Au fil de leurs vie que l'on suit en parallèle, le lecteur s'aperçoit en même temps que les jeunes femmes que ce qu'elles rejettent, ce sont les codes de leur époque. Anne la Flamande préfère au quotidien d'épouse une vie plus spirituelle, Hanna refuse la maternité et sera l'une des premières patientes d'un disciple de Freud avant de devenir elle même psychanalyste, et Anny va finir par rejeter tout assujettissement chimique pour se retrouver. en prenant conscience de leur désir d'être libres, elles vont devenir des rebelles, incomprises évidemment. Quand un homme ressuscite le féminisme...

MArtine Freneuil

Sud Ouest - « Ode aux dames »

Cinq cents pages… L'auteur d'« Oscar » et « La Dame rose » se remet d'une longue période consacrée aux nouvelles et aux romans brefs pour donner un pavé [...]. Mais un pavé de Schmitt se lit aussi rapidement qu'un traité de philosophie de 10 pages. On appréciera le jeu des correspondances entre les trois récits qui s'y entrecroisent, et avec le tableau figurant sur la couverture. Il est signé Tamara de Lempicka, à qui le Vittoriano de Rome a consacré cet été une élégante rétrospective. Scandaleuse dans les années 20, furieusement moderne aujourd'hui. Belle et cohérente trouvaille pour illustrer à la fois Anne, Hannah et Anny.

Tendresse étonnée.

À travers ces trois portraits, l'écrivain transmet à son lecteur ses propres interrogations sur les femmes, celles qu'il trimballe de livre en livre, avec la même tendresse étonnée. Comment appréhende-t-il avec tant de finesse les subtilités de l'âme féminine tout en lui conservant un mystère aussi densément secret ? Rhétorique et musique, profondeur et intuition. Remarquable.

Anne de Bruges renonce à des épousailles de chair pour un béguinage, ces communautés de femmes si particulières en Belgique. Sept siècles plus tard, alors que la psychanalyse bouleverse la perception des émotions, une jeune femme épuise ses entrailles à croire qu'elle peut vivre dans un mariage formaté. Enfin Anny, la comédienne, rappelle le sketch de Roumanoff sur les différences hommes/femmes. Anny boit, drague, conduit vite… C'est donc, n'est-ce pas, une femme de mauvaise vie.

Le rythme de chaque partie soutient le récit : psalmodie, correspondance, narration. Anne et Hannah sont passionnantes, Anny l'est moins, mais c'est parce qu'elle nous est plus familière. Et plus proche.

Is. de Montvert-Chaussy

L'Union - « La magie "Schmitt" opère une fois encore. »

La magie "Schmitt" opère une fois encore dans son dernier ouvrage La femme au miroir: style limpide, suspens... on se passione très vite pour le destin croisé de ces trois femmes: Anne qui vie à la Renaissance à Bruges, Hanna comtesse autrichienne dans la Vienne impériale du début du XXème siècle et Anny, star Hollywoodienne.

Et comme souvent chez Eric-Emmanuel Schmitt, derrière le romancier il y a toujours le philosophe. Les trois femmes si différentes se rejoignent ainsi dans le temps, par leur conception de la vie. Femmes libres refusant leur époque, elles nous donnent une leçon de vie, leur parcours pour trouver le bonheur étant intemporel.

À lire sans modération, d'autant plus dans ces temps difficiles de doutes et de crises.

Télé Z - « La femme au miroir »

Eric-Emmanuel Schmitt jongle avec les destins d'Anne,Hanna et Anny en les alternant dans son récit. Ce brillant exercice révèle leur ressemblance de femmes libres à travers le temps. Un roman distrayant et original. 

Lire - « La femme au miroir »

« De retour à la forme romanesque, Eric-Emmanuel Schmitt signe un étonnant plaidoyer en faveur du beau sexe, de ses failles et de ses forces. »

Bsc News Magazine - « La femme au miroir: et si c'était vous? »

Anne, Hanna, Anny... trois jeunes femmes, trois siècles dont Eric-Emmanuel Schmitt brosse un tableau fascinant. La première qualité de ce roman? la force de ses images, l'incroyable capacité qu'à l'auteur de décrire ce qui nous semblerait l'inénarrable: l'émotion que l'on ressent, par exemple, à se fondre un instant dans un lieu vierge, l'angoisse qui étreint devant le divan d'un psychanalyste, les bouffées délirantes d'une junkie, qui crie son besoin d'être une autre, accrochée à la liane-câble d'une boule à facettes disco.

Quels liens entre une jeune béguine, une aristocrate viennoise et une actrice d'Hollywood? Un miroir peut-être qui montre une vérité toute autre que celle formatée dans le monde où elles évoluent chacune. Anne, Hanna, Anny, ni tout à fait les mêmes, ni tout à fait une autre...L'indicible et l'invisible tissent le fil conducteur de ces trois destins entremêlés et la dimension mystique, chère à l'auteur, est encore une fois amenée avec beaucoup de délicatesse et de vérité. On apprécie, par exemple, les réflexions philosophiques suggérées à propos du véritable sens des mots qu'emploie Anne, pour désigner ce quelque chose qui la bouleverse et l'émeut...et tant d'autres passages où l'auteur incite le lecteur à passer la frontière confortable et divertissante de la fiction pour s'aventurer dans les sphères plus exigeantes du questionnement et de l'introspection.

Assurément, la fille au Miroir est un roman qui révèle, de surcroît, un esprit doué d'une psychologie fine et sensible tant , au travers de figures singulières, il parle de chacune d'entre nous. "Elle flotte, elle hésite, en un  mot elle est femme" disait Jean Racine et c'est en effet sur cette insatisfaction féminine qui pénètre, au fur et à mesure des années, dans les veines des épouses, des promises, des mères, des maîtresses, des stars, des inconnues, des belles, des disgracieuses que bat le rythme entêtant de cette écriture. Oui, il y a un peu de sorcellerie dans les recettes  de papier de Monsieur Schmitt et, même si l'on en perçoit tous les exquis ingrédients, on est toujours impressionné par l'alchimie harmonieuse que forment ensemble l'intrigue, le verbe et les caractères et bien incapable d'imaginer en faire autant!

Anne est une lueur d'amour, un remède apaisant pour les contemporains que nous sommes , spectateurs démunis devant une époque fort laide où ( si l'on caricature à peine...) la fourberie, l'arrivisme, le mensonge et l'impudeur règnent en démoniaques colons dans des coeurs affairistes. Anne respire et l'on se sent mieux, on a envie de battre la campagne pieds nus avec elle et d'oublier de se prendre au sérieux un instant. Anne est une onde pure sacrifiée à la bêtise de son siècle et son obscurantisme. Anne vit à la Renaissance où les loups ne sont pas ceux que l'on pense... Hanna trouble, elle est un miroir dérangeant de nos manques et de nos renoncements lâches. Hanna se rebelle, se rebiffe, chasse ses chimères et l'on aime ses victoires sur un monde conformiste, sur des modèles étouffants qui la compriment mais aussi sur elle-même qui est son plus farouche ennemi. Hanna est une épouse malheureuse dans les bras d'un prince charmant de la cour autrichienne. Hanna est un vase fragile qui, en volant en éclats, délivrera les fleurs coupés qui manquaient d'air dans leur cercueil de verre. Anny est une copine de fac, une soeur, une écervelée que nous condamnons parce que c'est plus simple. Une fille légère qui profite éhontément de ce que la nature nous a refusé et que l'on montre du doigt. Anny est cette nana que l'on jalouse et dont on a pitié. Anny, actrice hors-norme à Hollywood, oublie ses peines à coups de coke. Anny est une fleur éblouissante qui vampirise tout ce qui lui porte un regard, objet de convoitise, de superficialité peut-être...en tous cas, fleur salie par des forces mercantiles sournoises.

Un livre féministe? Sans doute.... mais ne nous arrêtons point là... Derrière ces 456 pages vivent trois femmes qui n'ont pas envie d'être étiquetées. Elles sont ce qu'elles sont, elles sont faites comme ça. Elles savent qu'il n'est pas facile de s'imposer telle que l'on est. Elles sont juste une leçon de courage. Désarmantes. Elles portent avec éclat un parfum enivrant de liberté qui doit être conçu, non pas comme un manifeste à brandir simplement lors des soirées mondaines, mais comme un mode de vie qui, à l'image d'Anne, ne cherche pas un public mais des frissons d'être...

Julie Cadilhac

Canoë (Canada) - « La femme au miroir »

Auteur de théâtre, de récits, de nouvelles et de romans, Eric-Emmanuel Schmitt est l’un des écrivains français les plus appréciés et les plus lus dans le monde. En cette rentrée littéraire, il revient avec un roman, La femme au miroir, dans lequel il nous raconte le destin de trois femmes à trois époques différentes à la recherche de leur vérité.

En apparence, elles n’ont rien en commun les trois héroïnes du nouveau roman d’Éric-Emmanuel Schmitt. Elles vivent à trois époques distinctes, dans des sociétés aux valeurs différentes et aux univers opposés. Et pourtant, on s’aperçoit assez rapidement que ces trois femmes fortes partagent plusieurs ressemblances. Leur condition d’orpheline d’abord, mais aussi celle d’avoir grandi en devenant ce que les autres attendaient d’elles.

Et puis un jour, en se regardant dans le miroir, elles constatent leur singularité et leur différence, elles se demandent qui elles sont réellement, ce qu’elles désirent vraiment et tentent de découvrir leur véritable identité. Insoumises et indépendantes, elles souhaitent toutes les trois échapper à la vie que la société et leur entourage ont tracée pour elles.

Ces trois histoires que nous offre Eric-Emmanuel Schmitt peuvent très bien se suffire à elles-mêmes, [...], mais c’est en les regroupant qu’elles prennent finalement tout leur sens. Avec son talent de romancier, l’auteur arrive à relier ces différentes histoires en proposant un roman féministe sur la volonté des femmes à s’émanciper, peu importe les époques.

Véronique Beaudet

Murmures Magazine - « La femme au miroir »

“Le miroir était brisé. Si le cadre d’argent demeurait intact, à l’intérieur il n’y avait plus que des losanges disjoints, qui, affolés, reflétaient en désordre des bouts épars de la chambre.” Belle image que celle de ces bouts de miroir “affolés” après brisure !

Voilà qui me semble rendre assez bien compte de l’écriture d’Éric-Emmanuel Schmitt. En résumé : fluidité et poésie. Les mots, les phrases coulent comme un ruisseau paisible, on se laisse emporter, bercer et tout à coup surgit un mot, une image qui nous surprend, qui interrompt le bien-être pour donner à voir ou à penser... L’image poétique qui relance le courant...

Ici É-E Schmitt nous propose trois visions du monde par trois femmes différentes au moins par les époques où elles vivent. Anne vit à Bruges en pleine Renaissance, Hanna au temps de Sigmund Freud et Anny de nos jours à Hollywood. C’est par le biais de cette dernière que les trois femmes se “réuniront”. Anny jouera Anne et sera aidée par le seul livre rédigé par Hanna, elle-même inspirée par les théories freudiennes.

Intéressant, réussi et facile à lire, à dévorer, mais, et la question est importante, la ou les femme(s) présentées ici sont-elles des vraies femmes ou de simples personnages imaginés par un homme ? Un homme qui utilise ses héroïnes pour nous dire : “Le divin, le psychique, le chimique voilà les clés que divers siècles avaient proposées afin de déverrouiller les portes du mystère”. Un écrivain qui semble nous dire aussi que la femme est une des clés du mystère... Et il s’y prend bien.

Noé GAILLARD

L'Appel (Belgique) - « Un pur chef d'oeuvre »

Le dernier roman d'Eric-Emmanuel Schmitt est un pur chef d'œuvre. Trois femmes, trois époques, trois destins on ne peu plus différents, Anne, brugeoise du XVIe siècle ne veut pas du mariage qu'on lui prépare. Elle sent en elle "une force qui la pousse à fuir le mal et la médiocrité". Hanna, viennoise du début du XXe siècle, accepte quant à elle le mariage qui devrait combler ses désirs, à moins que ce ne soient les désirs de son entourage. Anny, actrice hollywoodienne du XXIe siècle, tente d'oublier son succès dans l'alcool et la drogue.
L'intrigue palpitante et rondement menée, fait pourtant très vite apparaître des ressemblances entre ces trois femmes. Aucune ne se reconnait dans ce que les autres attendent d'elles, et elles doivent se battre pour exister et devenir elles-mêmes tout simplement. Schmitt a ce don d'exprimer avec simplicité et clarté les efforts d'une âme qui cherche à percer ses propres mystères par le divin, l'inconscient ou la chimie.

J.Bn

Femme Majuscule - « Reflets trompeurs »

Que peuvent bien avoir en commun Hanna, une Viennoise de la Belle Époque convertie à la psychanalyse, Anne, une mystique Brugeoise de la Renaissance, et Anny Lee, une star Hollywoodienne, reine de la défonce? Elles détestent l’image, pourtant flatteuse, que leur renvoie la glace tendue par leurs contemporains. Alors, malgré les risques encourus et quitte à tout perdre, ces femmes décident de changer de vie. Un choix qui, au-delà des époques et des distances qui les séparent pourtant, finira par les réunir tant elles se ressemblent en dépit des apparences. Un livre féministe, qui nous invite toutes à prendre notre destin en main.

Le Bulletin des lettres - « La femme au miroir »

Trois femmes, trois époques, trois destins. Anne vit à Bruges au XVIe  siècle, Hanna est la femme d’un aristocrate viennois au tournant du XIXe, Anny est notre contemporaine, actrice à Hollywood. LA première se soustrait à un avantageux mariage pour mener au béguinage une vie consacrée à Dieu, la deuxième se dérobe à un mari qui l’empêche d’être elle-même pour se consacrer à la psychanalyse, la troisième se détache de sa nymphomanie acquise au gré d’une carrière précoce pour enfin trouver au cinéma le rêle exigeant qu’elle avait toujours cherché. Si j’emploie ces formes pronominales, c’est parce que chacune de ces trois femmes fait une démarche volontaire de rupture, de libération, de révélation de soi – une démarche qui n’est pas au gout de l’entourage et exige donc une ferme résolution. Le titre, compréhensible seulement à la fin, réunit ces trois destins dans une sorte de complémentarité naturelle. Eric-Emmanuel Schmitt signe ici un roman […] d’une grande qualité littéraire, chaque période étant rédigée dans une langue qui lui correspond. Peut-on aller jusqu’à qualifier ce roman de « féministe » ? S’il ne comporte pas de revendication de ce genre, il présente bien trois combats de femmes aspirant à échapper à la domination masculine.

Direct Montpellier Plus - « Schmitt, bien loin des autofictions »

Éric-Emmanuel Schmitt fait partie de ses auteurs qu’on ne présente plus, dont le nom devenu familier, se suffit la plupart du temps à lui-même.
Mais ce serait faire ici un raccourci, une véritable impasse sur la complexité des structures narratives qui animent les différents ouvrages de l’auteur. C’est à nouveau le cas avec son dernier roman, La femme au miroir,  puisqu’il est question de trois existences de femmes, à la fois lointaines dans l’espace-temps et entremêlées par leur singularité. Cette Trinité au féminin se compose tout d’abord d’Anne, évoluant dans Bruges à la Renaissance. Puis d’Hannah, l’une des patientes de Sigmund Freud, soumise aux premiers essais de la psychanalyse dans la Vienne du XIXe siècle. Enfin apparaît le visage d’une jeune starlette prénommée Anny, autodestructrice et prompte à se consumer dans des feux hollywoodiens purement contemporains. Personnages aux confins de la tragédie, toutes trois se débâtent afin de démêler les fils d’un destin qu’elles ne maîtrisent pas comme bon leur semble. Mais seules des solutions radicales leur permettront de réaliser cette unité salvatrice, non sans dommages.
À la fois atypique de par son propos (l’unicité à travers trois femmes à différentes époques) mais aussi de par sa forme (la narration change de focalisation selon le personnage), La femme au miroir se lit comme une incroyable fiction, troublante et emportée. Certains y verront un plaidoyer pour la gent féminine, d’autres affineront cette réflexion en observant un véritable intérêt pour celle-ci, doublée d’une analyse pertinente. Attention cependant, les lecteurs les plus pragmatiques pourraient se heurter à quelques envolées mystiques, certes, du plus bel effet, mais tout de même dotées d’un fort potentiel halluciné. Mais, peut-on reprocher à Schmitt de revenir en grande forme, avec ce prisme éblouissant, à mille lieux des autofictions narssico-bobo en vogue ? Pas vraiment. On ne refuse jamais une bouffée d’air frais.

Géraldine Pigault

Publications

  • En langue albanaise, publié par Botimet Toena
  • En langue allemande, publié par Fischer Verlag
  • En langue anglaise (US), publié par Europa
  • En langue arabe, publié par Meskeliani Editions
  • En langue azérie, publié par Qanun
  • En langue bulgare, paru chez Lege Artis Publishing House
  • En langue chinoise (caractères simplifiés), publié par Phoenix-Power Cultural Development Co.
  • En langue espagnole, publié par Siruela.
  • En langue espagnol (Brésil), publié par Editora Record
  • En langue française, éditions Albin Michel.
  • En langue française, éditions Le livre de Poche
  • En langue italienne, publié par e/o
  • En langue lettone, publié par Aminori
  • En langue néerlandaise, publié par Uitgeverij De Geus
  • En langue polonaise, publié par Znak
  • En langue portugaise (Brésil), publié par Editora Record
  • En langue russe, publié par Azbooka
  • En langue turque, publié par Dogan Egmont

 

Interview

« La femme au miroir » a dormi quinze ans dans l’imagination pourtant fertile d’Éric-Emmanuel Schmitt.C’est dire l’importance de ce roman pour l’auteur de plus en plus belge !

Une rencontre avec Éric-Emmanuel Schmitt n’est jamais comme une autre. Ça tient peut-être au thé, toujours excellent. À moins que ce ne soit la discrète mais très présente musique classique. Ou tout simplement l’atmosphère à la fois simple et élégante dont l’auteur aime manifestement s’entourer. Et qui facilite la discussion…

« La femme au miroir » ou plutôt « les femmes » est un roman manifestement abouti ?

Ça fait quinze ans que je le rêve, que je le nourris. C’est comme une femme enceinte. Tout ce qu’on mange va nourrir l’enfant. Je raconte le destin de trois femmes et j’avais besoin de la maturité du romancier pour traiter cette histoire. Je viens du théâtre et la forme courte m’est plus familière. Comme dans mes contes aussi. Le roman pour moi, c’est à chaque fois quelque chose qui demande une ampleur différente. Il faut aussi un sujet fort. C’est le cas ici avec ces trois destins de femmes.

Comment justement est née l’idée de ces trois histoires différentes mais liées ?

Au départ, j’avais deux femmes en tête. La première Anne de Bruges, la mystique et la dernière Anny, la jeune actrice hollywoodienne. Mais c’était trop manichéen. J’avais l’impression de mettre en opposition deux époques. Et ce n’était pas ce que je voulais. C’est alors qu’une troisième femme s’est imposée, Hanna, la Viennoise. Et finalement, c’est ce qui donne sa force et sa cohérence au roman.

Trois vies mais aussi trois siècles totalement différents ?

Anne de Bruges, c’est le siècle de la religion. Elle n’a que les mots de cette religion pour exprimer sa différence mais c’est cette même religion qui va la broyer. Hanna connaît une époque où on donne aux gens l’occasion de se comprendre grâce à la psychologie et la psychanalyse. Quant à Anny, c’est le siècle chimique. Si on éprouve un sentiment de doute, on prend un médicament. Si c’est plus grave, on se drogue… Ce sont trois femmes que leur époque va rendre rebelles malgré elles. C’est ce qui me touche aussi chez elles.

Le personnage d’Anny fait furieusement penser à une fille comme Lindsay Lohan, non ?

Dans l’inspiration, il n’y a jamais une seule clé mais souvent tout un trousseau. Bien sûr, elle m’a inspiré mais pas uniquement. Vous savez, Amy Winehouse est morte peu après que j’ai terminé ce roman. Anny, c’est un peu elle aussi. Elles connaissent « la catastrophe du succès » comme l’a écrit Tennessee Williams. Anne de Bruges m’a été inspirée par les grandes mystiques flamandes et rhénanes. J’ai une passion personnelle pour ces femmes qui sont souvent des poétesses, ont une parole plus personnelle que l’« establishment » représenté par les hommes. Et qui souvent le paient cher.

Il est beaucoup question d’un grand tilleul…

Les arbres sont le contraire de l’homme. Quand ils grandissent, ils s’élèvent vers le ciel. J’ai trois tilleuls dans mon jardin et je passe mon temps en dessous. Enfin quand il ne pleut pas (rire). Les arbres m’ont toujours donné un sentiment d’apaisement. Je me sens remis à ma place. Je sais que je suis auprès d’un être plus vieux que moi et qui sera sans doute encore là après moi. Je me sens minuscule. Ils m’aident à penser, me soufflent quelque chose. C’est, comme l’ont exprimé les grands romantiques du XIXe siècle, l’expérience du sublime : se sentir minuscule devant la grandeur du monde.

Bruges, c’est très romantique aussi !

J’adore cette ville. C’est un lieu complètement paradoxal. Commerçant et mystique en même temps. C’était aussi le cas à l’époque d’Anne, mon héroïne. C’était une ville riche qui avait toujours un port de mer. Mais ce n’est pas la seule ville belge qu’on retrouve dans mon roman.

Vous êtes de plus en plus belge, paradoxal non en cette période de crise ?

J’aime vivre ici. La modestie des gens, cette espèce de folie douce.

Et même si le pays disparaissait, je ne pense pas que cela changerait quelque chose aux gens qui l’habitent ! ¦