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La Vengeance du pardon

Résumé

Quatre destins, quatre histoires où Eric-Emmanuel Schmitt, avec un redoutable sens du suspens psycho- logique, explore les sentiments les plus violents et les plus secrets qui gouvernent nos existences.  
Comment retrouver notre part d’humanité quand la vie nous a entraîné dans l’envie, la perversion, l’indifférence et le crime ?  

Critiques

Le Figaro 17.08.2017 - « Éric-Emmanuel Schmitt L’âme mise à nue »

IL SERA l’une des vedettes de la rentrée littéraire à plus d’un titre. En tant que nouveau juré du prix Goncourt, Éric-Emmanuel Schmitt aura, avec ses neuf compères, la délicate mission d’établir la première sélection des romanciers qui vont se lancer dans la course à la plus prestigieuse des récompenses littéraires françaises et proclamer le lauréat le 6 novembre. Il en sera éga- lement l’une des têtes d’affiche avec son nouveau livre, un recueil de quatre nouvelles puissantes – l’occasion de rappeler que l’écrivain, dramaturge et philosophe s’était vu décerner le Goncourt de la nouvelle en 2010.

La Vengeance du pardon s’ouvre avec « Les Soeurs Barbarin », une histoire saisissante – sans doute, la plus forte du recueil. Deux vraies jumelles, Lily et Moïsette. Déjà avec de tels prénoms, on pressent leur destin. À la naissance, la première provoque l’admiration, la seconde suscite l’ahurissement – elle n’était pas attendue, on l’appela Moïsette parce que si les parents avaient eu un garçon ils l’auraient nommé Moïse. « Un prénom par défaut, voilà qui augurait mal d’un destin…», écrit Éric-Emmanuel Schmitt. Physiquement, difficile de trouver une seule différence même lorsque les soeurs atteignent le troisième âge. L’aînée a le coeur sur la main, l’intelligence qui lui permet de poursuivre de belles études et de rencontrer un homme charmant, quand la cadette ne réussit rien de ce qu’elle entreprend et fait des rencontres malheureuses. Cette dernière estime que tout son malheur est le fait de sa soeur et ne cesse d’être méchante, cynique, impossible. Lily pardonne tout à sa soeur, culpabilise, ne dit rien…

Dès les premières pages, on comprend que l’on se trouve dans l’un de ces terribles faits divers. Éric-Emmanuel Schmitt mène cette nouvelle comme les trois qui suivent avec une incroyable maestria. Le récit des soeurs Barbarin n’est pas sans rappeler Pierre et Jean, de Maupassant, ce texte où la nature humaine est sondée dans ses tréfonds. C’est superbe. Il y a un suspense psychologique de très haute tenue. Comme dans «Mademoiselle Butterfly» et comme dans la dernière nouvelle, « Dessine-moi un avion », un clin d’oeil à Saint-Exupéry – Schmitt se plaît à retrouver un vieil aviateur centenaire qui l’aurait bien connu…

Dans « La Vengeance du pardon », qui donne son titre au recueil, on rencontre Élise, qui décide de déménager pour louer un studio près d’une prison, en Alsace. L’assassin de sa fille est écroué à perpétuité à la maison centrale d’Ensisheim. Elle lui rend visite régulièrement même si, au départ, le criminel refuse de la voir. Ses soeurs la croient folle. Elle tient à son ambition: ramener cet homme à intégrer l’humanité.

Cette nouvelle symbolise tout le travail de Schmitt sur l’âme humaine, son extraordinaire complexité et ses mystères.

Mohammed Aïssaoui

France Dimanche - « Les grands pardons. »

Les grands pardons

Depuis 2006, il nous envoie de bonnes nouvelles. Entre un roman et une pièce de théâtre, l’écrivain s’essaie régulièrement au format court : Odette Toulemonde, La rêveuse d’Ostende, Concerto à la mémoire d’un ange (Goncourt de la nouvelle 2010), etc. Et avec cet ancien prof de philo, on n’est jamais déçu. Preuve en est, son dernier recueil de quatre nouvelles, La vengeance du pardon, qui vous happe dès les premières lignes de la première histoire : Les sœurs Barbarin. Deux jumelles que tout oppose. Lily « l’aînée de 30 minutes » a tout pour elle : la beauté, l’intelligence, l’amour de ses parents et la bonté. Surtout envers Moïsette, sa sœur aigrie et jalouse, qui fait subir les pires avanies à sa rivale, qui lui pardonne tout ! Une qualité de plus qui fait enrager la cadette. Toutes deux se marieront, avec des fortunes diverses. Aucune ne pourra avoir d’enfant et elles se retrouveront à vivre ensemble après leur divorce et leur veuvage. Jusqu’à ce que Lily comparaisse au tribunal de Bourgen-Bresse pour le meurtre de sa sœur…

 Perversion

Dans les trois autres nouvelles, Schmitt cisèle le mystère et le suspens. Notamment dans l’histoire qui donne son titre à l’ouvrage : on se demande, jusqu’à la ? n, quel est le but réel d’Élise Maurinier qui déménage dans l’est de la France pour visiter en prison « l’assassin violeur de quinze femmes », dont sa ? lle de 23 ans. Saura-t-elle vraiment pardonner à ce serial killer en mal de mère ? La perversion, un thème récurrent chez l’auteur et que l’on retrouve dans Mademoiselle Butterfly, qui met aux prises un ? ls et son père régnant sur un empire économique. Un gamin né d’un pari ridicule pris par William Golden qui, adolescent, pour amuser ses copains, couche avec une très jolie simple d’esprit de son village de vacances dans les Alpes. D’abord non reconnu et caché, cet enfant lui sera « utile » lorsque, après un accident de voiture, il devient stérile et ne peut succéder à son oncle, faute d’héritier. Il arrache alors son ? ls à sa mère, Mandine, qui lui pardonne. Un acte d’amour maternel qui lui donne des remords.

 Amour

Et vous serez aussi conquis, dans Dessine-moi un avion, par les aventures de Werner, 92 ans, ex-aviateur de la Luftwaffe qui se prend d’amitié pour sa voisine de 8 ans, à qui il aime lire Le petit prince, de Saint-Exupéry, un autre aviateur de la Seconde Guerre mondiale qu’il a peut-être croisé sans le savoir ? Une histoire pleinement réussie, comme les trois autres, mais qu’on aurait voulu un petit peu plus longue, comme le Fingers au chocolat de notre enfance. Mais on pardonnera volontiers sa concision à l’écrivain pour qui pardonner reste l’acte d’amour ultime, lui qui écrit : « On ne pardonne qu’à ceux qu’on aime. » Même si sous la plume de l’auteur, ce pardon peut se dissoudre dans de sombres histoires de deuil, d’héritages et de secrets de famille. Mais l’amour triomphe toujours, malgré tout, grâce au talent qu’Éric-Emmanuel a reçu… par don.

Yves QUITTÉ

Le Pèlerin - « Pardonner ? Pas si simple ! »

Spécialiste de l’âme humaine, Eric-Emmanuel Schmitt explore, dans son dernier ouvrage, toutes les nuances du pardon.

Dans le dictionnaire, la définition est limpide : pardonner, c’est considérer non avenue une faute ou une offense, en n’en tenant pas rigueur à l’auteur et en n’en gardant aucun ressentiment.

 
Alors, lumineux le pardon ?
 

Si l’on plonge dans La vengeance du pardon, dernier recueil de nouvelles d’Eric-Emmanuel Schmitt, la démarche est plus complexe et mérite d’être décryptée. Pour ce faire, l’écrivain rassemble quatre histoires qui s’éclairent les unes les autres telles les facettes d’un diamant. Alors, lumineux le pardon ?

 

Un recueil de nouvelles est un vrai livre.

 

Pas toujours. À l’inverse de l’auteur qui arbore une mine radieuse. Son théâtre, le Rive Gauche, à Paris, propose une superbe affiche de rentrée  et la nouvelle est un genre qu’il excelle à manier. « Contrairement à ce que l’on pense, un recueil de nouvelles est, pour moi, un vrai livre, avec un thème et une forme. Chaque histoire est autonome mais toutes servent un projet global. Un peu comme une symphonie développe plusieurs mouvements autour du thème principal. » Est-ce si simple de pardonner ? Celui qui offre son pardon en tire-t-il un pouvoir sur celui qui le reçoit ? Peut-on s’absoudre soi-même ?

 

L'amour, différé, n'est pas perdu.

 

Les variations sont infinies. « Chez Les sœurs Barbarin, Lily, à qui tout sourit, pardonne d’emblée ses offenses, à Moïsette, sa jumelle moins chanceuse, sans imaginer un instant l’humiliation et la haine induites par sa bonté. » À l’inverse, dans Mademoiselle Butterfly, inspirée de l’opéra de Puccini, William, qui a écarté Mandine au nom de son statut social, est grandi par la puissance du pardon et le sacrifice de celle qu’il a délaissée.

« L’amour, différé, n’est pas perdu, et continue de rayonner. » Mais la pièce maîtresse, La vengeance du pardon, qui donne son titre au recueil, plonge dans l’obscurité du processus. « Un jour l’avocat d’un célèbre serial killer m’a interrogé sur les motivations de la mère d’une des victimes, qui rendait visite au coupable, condamné à perpétuité.

J’ai mis des années à sonder le but poursuivi par cette femme amputée de sa fille, à peser la part de miséricorde et de châtiment, et à répondre à l’avocat, par le biais de ce récit. » L’ultime nouvelle, aérienne, Dessine-moi un avion, met en scène, un pilote allemand de la Seconde Guerre mondiale, qui ne peut se pardonner d’avoir ôté la vie. « Nous touchons au coeur du problème. Peut-on s’absoudre soi-même ? Réduire un être à l’acte qu’il a commis? »

 

Peut-on s’absoudre soi-même ?

 

Au nom de l’humanité qui nous relie les uns aux autres et d’une rédemption possible, Eric-Emmanuel Schmitt reste partisan du pardon. Un acte, qui, malgré ses ambiguïtés, ouvre le futur des êtres, leur donne la possibilité de s’amender, mais qu’il convient de manier en conscience, et à bon escient. 
 

Catherine Lalanne

L'Orient le jour (Liban) - « Éric-Emmanuel Schmitt, 4 nuances de pardon... et mille et une cordes à son arc. »

Rencontre avec un auteur à la sensibilité brillante dont tout le propos est de faire réfléchir sur l'humain et ses complexités.

Y a-t-il quelqu'un qui ne soit pas capable de citer au moins un titre de l'abondante bibliographie d'Éric-Emmanuel Schmitt ? Philosophe, essayiste, romancier, nouvelliste (Prix Goncourt de la nouvelle en 2010 pour Concerto à la mémoire d'un ange), auteur de pièces à succès (récompensé de plusieurs Molière) ou encore de livrets d'opéra... Cet écrivain, à la fois populaire et couronné de prix, est un stakhanoviste des lettres qui publie « au moins une œuvre par année ». Et cela, en menant de front d'autres activités de directeur de théâtre, de metteur en scène, de juré du Goncourt et de...comédien, dans l'une de ses propres pièces.

Invité au Salon du livre de Beyrouth pour y présenter son dernier recueil de nouvelles La vengeance du pardon (Albin Michel), Eric-Emmanuel Schmitt annonce aussi, avec enthousiasme, son retour au Liban (à l'initiative de Persona Productions) en juin prochain. En tant qu'acteur cette fois, puisqu'il se produira sur la scène du théâtre al-Bustan dans Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran *.

Entretien avec ce chevalier des Arts et des Lettres qui mérite bien son titre.

C'est votre troisième participation au Salon du livre de Beyrouth, qu'est-ce qui vous fait y revenir à chaque fois ?

Ce sont les Libanais ! Quand on vit en Europe, il est impossible de ne pas connaître des membres de la diaspora libanaise (NDLR : son assistante de longue date, Gisèle Gemayel, en fait partie) et vu leur chaleur humaine, c'est avec un immense préjugé favorable que je suis arrivé au Liban, en 2002, la première fois. Le pays que j'ai rencontré, alors, correspondait à l'attente que j'avais. Il dégageait une telle énergie, un chaos qui n'en est pas un et qui me fait penser que les hommes y sont plus habiles qu'on ne le croit. Cette dynamique créatrice me séduit, ainsi que le rapport sensuel des Libanais au tragique quotidien. Ils dansent sur un volcan et bouffent la vie à pleine dents, sachant que rien ne dure, que tout est éphémère. Et pour moi, venant de vieux pays, c'est une leçon de vie...

Dans votre dernier recueil, « La vengeance du pardon » (Albin Michel) vous explorez, à travers quatre nouvelles, les différentes facettes du pardon, ou est-ce de la vengeance dont vous parlez ? Pourquoi ce titre si ambigu ? Et qu'est-ce qui vous a inspiré ce thème ?
Le titre est un oxymore. Je voulais réfléchir sur le choix que nous avons dans la vie à chaque fois que l'on nous fait du mal : se venger ou pardonner. A travers ces histoires, j'avais envie d'explorer les complexités de cet acte absolument magnifique – et auquel je crois – mais qui n'est pas toujours pur. Il y a différents degrés de pardons. Il y en a qui sont intéressés : pour avoir la paix soi-même, pour jouer le beau rôle... Il y a des pardons inconséquents (dans la première histoire du recueil, celle des Sœurs Barbarin, le pardon à répétition de l'aînée ne donne pas de repères à sa cadette et rend son amour inefficace), et des pardons qu'on se refuse à soi-même. Et puis, le pardon peut aussi être parfois la forme la plus raffinée de la vengeance...

Pensez-vous qu'on peut tout pardonner ?
Pardonner, c'est dire à l'autre : « Je ne te réduis pas au mal que tu m'as fais. » Ce qui veut dire aussi : « Je ne te réduis pas à un seul de tes actes parmi les millions que tu accomplis dans ta vie. » Au fond, pardonner, c'est restituer à l'autre son humanité. Et à ce titre, je suis convaincu qu'on ne peut pas tout absoudre. C'est la question que j'aborde dans la nouvelle qui donne son nom au recueil. Celle d'une femme qui va visiter en prison le violeur et meurtrier de sa fille. (...) Non, on ne peut pas tout pardonner. Et je pense que chacun est en droit de dire ce qui, pour lui, est impardonnable.

Vous semblez d'ailleurs suggérer que le pardon n'est souvent pas un acte d'amour mais de domination ?
Parfois, il est le sommet de l'amour (comme je le dépeins dans Mademoiselle Butterfly), mais c'est vrai que souvent il y a des pardons qui sont des mainmises et des dominations. C'est très dur d'être pardonné, encore plus que de pardonner, parce qu'on est doublement humilié. On l'est par soi, pour le mal qu'on a fait, et par le regard de l'autre qui nous juge tout en nous pardonnant.

Vous avez confié un jour que la nouvelle, que vous pratiquez assidûment en écriture, est votre genre préféré. Pourquoi ?
Parce que la nouvelle, pour moi, n'est pas loin de la fable et que j'aime que mes histoires aient un sens. Et puis, elle est la synthèse de mon travail d'écrivain et de dramaturge. J'y fais se rejoindre à la fois la concision du théâtre et l'épaisseur du temps romanesque.

Vous allez vous produire en juin prochain sur scène au Liban dans « Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran », une pièce de votre propre répertoire. Parlez-moi de votre expérience de comédien. Qu'est-ce qui vous a poussé à monter sur les planches ?
Je suis monté sur les planches, en 2012, par accident, pour remplacer l'acteur qui n'est autre que le chanteur Françis Lalane. Il jouait ce monologue – interprété aussi au cinéma par le sublime Omar Chérif – avec un immense succès. Mais comme il s'était engagé pour quelques dates de concerts, les producteurs m'ont proposé de prendre sa place ces soirs-là. J'ai accepté, sans avoir mesuré le risque que je prenais. J'ai eu trois jours pour apprendre le texte et seulement quatre pour répéter. Et je dois avouer que j'ai vomi en coulisses le soir de la première représentation, tellement j'avais le trac. Mais le public m'a merveilleusement soutenu. Depuis, j'ai beaucoup travaillé (ma voix, mes expressions, en prenant des cours de mime) pour essayer de mériter leurs applaudissements.
En réalité, j'adore le chemin que me fait faire cette pièce. Monsieur Ibrahim m'emmène dans une sorte de sagesse soufiste mais universelle qui me fait passer de la violence à la sérénité, y compris à l'acceptation de la mort. À chaque représentation, je sens que j'en ressors (humainement) meilleur.

C'est comme si ce n'était pas vous qui l'aviez écrite ?
Clairement ! Moi, j'écris comme un scribe, comme un médium. J'entends les personnages qui me parlent. Il suffit que je m'installe à ma table de travail pour que j'ouvre mon théâtre intérieur et que les histoires sortent.

Est-ce que vous pourriez jouer dans d'autres pièces que les vôtres ?
Je ne suis pas sûr. Je ne me sens légitime que pour jouer du Schmitt. Un peu comme Sacha Guitry qui ne jouait que ses pièces à lui (rires). Je suis un auteur-acteur, donc je peux emmener les gens dans mon monde, mais pas le contraire.

Vous avez été élu en 2016 à l'Académie Goncourt. Comment abordez-vous cette nouvelle fonction de membre du jury ?
J'étais devenu un lecteur très sclérosé. Je passais mon temps à relire les classiques. Et tout d'un coup, le devoir de lire mes contemporains, pour le Goncourt, m'a permis de découvrir, avec bonheur, qu'il y a beaucoup plus de talents que je ne m'imaginais.
L'année dernière, j'avais été de ceux qui ont contribué à ce que Leila Slimani reçoive le prix. Cette année, ma préférence allait à Bakhita de Véronique Olmi (NDLR : qui a reçu le Choix Goncourt de l'Orient 2017) parce que j'aime qu'un texte m'émeuve. Pour moi, c'est une qualité supplémentaire. Mais mon deuxième choix revenait, cependant, à L'ordre du jour d'Éric Vuillard qui m'a passionné, m'a captivé, mais ne m'a pas ému un seul instant. Mais ce n'était pas son propos...

Un dernier mot pour la fin ?
J'ai hâte de revenir en juin à Beyrouth pour découvrir le public de théâtre libanais. C'est la grande inconnue pour moi. D'autant que j'aurais auparavant porté cette histoire à Los Angeles, San Francisco et New York...
*Du 6 au 10 juin 2018. Billets chez Antoine ou antoineticketing.com

Zéna Zalzal

El Pais (Espagne) - « Un livre mémorable! »

 

Éric-Emmanuel Schmitt recorre todos los recovecos del perdón como una fuerza capaz de transformar a quien perdona, pero también al perdonado.

 

Morirse de pena puede ser más fácil que vivir con pena y en esa tremenda dicotomía nos sitúa Éric-Emmanuel Schmitt para recorrer todos los recovecos del perdón como una fuerza capaz de transformar profundamente a quien perdona, pero también al perdonado. Schmitt (1960) no es solo uno de los dramaturgos contemporáneos más prolíficos de Francia, el más representado y estudiado, con incursiones en la ópera, el cómic y el cine, sino también un catedrático de Filosofía que riega disimuladamente de pensamiento oculto su obra recién publicada en España, La venganza del perdón. No hay manual de instrucciones filosóficas a la vista, sino cuatro novelas que a pesar de abrirse y viajar lejos, de atreverse en giros radicales y curvas arriesgadas, pero asimilables, terminan redondas. Y con humor, mucho humor.

‘Las hermanas Barbarin’ muestra la lucha de la más pequeña de dos gemelas por conseguir su nombre, su lugar y posición en una familia que no la esperaba y la historia de Caín y Abel se queda corta al lado de esa batalla donde la impostura y los celos por parte de la pequeña y el amor incondicional y excesivo por parte de la mayor nos regala una intriga, sin embargo, divertida. ‘Mademoiselle Butterfly’ nos plantea un pulso entre el poder y el amor como algo miserable y muy distinto del poder del amor, que acaba emergiendo con toda la poesía del sacrificio y la victoria. Amamos mal, nos vienen a decir el libro, tan mal y de forma tan desigual que a veces ese amor mata, aunque también te puede salvar. ‘La venganza del perdón’, la que da nombre al libro, recoge una abrumadora historia real: las visitas de una madre al asesino y violador de su hija, al que intenta entender. El choque entre víctima y perpetrador es tan difícil en la vida real como en la literatura y Schmitt sale vivo de una iniciativa escalofriante con un sorprendente giro final. Y ‘Dibújame un avión’ es sobre todo un homenaje a Saint-Exupéry por parte de un autor que también se perdió en el Sáhara. Hay que leerla.

La transformación de los protagonistas a través de historias de amor al límite, de perdón o rencor con dosis humanas de mezquindad es el regalo de un libro memorable, lúcido, sencillo y cargado de pensamientos tan ocultos que, a la postre, creemos mérito del lector. No nos engañemos: son mérito de Schmitt.

Berna Gonzalez Harbour

Lire - Septembre 2017 - « Des histoires aux retournements implacables »

Eric-Emmanuel Schmitt regroupe ici quatre destins peu banals aux sein de quatre histoires sur le thème du pardon. Voici d'abord Les Soeurs Barbarin. Lyly et Moïsette sont nées le même jour, à trente minutes d’écart, dans le village de Saint-Sorlin-en Bugey. Durant les quatre premières années, elles ont été comme une seule personne. Avant qu’un cadeau d’anniversaire ne brise leurs union et qu’au fil du temps la cadette ne cesse de se montrer terrible avec son aînée…


Mademoiselle Butterfly met ensuite en scène William Golden. Et revient sur un pari relevé par celui-ci pendant ses vacances dans les Alpes. Quand il avait 1è ans et s’amusait avec ses copains. Qu’il avait accepté de séduire Simplette. Sans penser un instant à être aussi ému ni à des retrouvailles dessinées plus tard…


La Vengeance du pardon a comme héroïne Elise, dont la fille a été tuée par un serial killer. Un homme qu’elle décide de visiter en prison. D’étranges rendez-vous pour elle comme pour lui. Car Elise a l’intention de l’amener dans un territoire d’humanité dont il n’a pas idée…


Enfin, Dessine-moi un avion décrit la rencontre d’une gamine de 8 ans, Daphné, et de son voisin, Werner von Breslau. Un vieux monsieur solitaire, ancien aviateur, qui répond favorablement à sa demande de lui dessiner un avion. Sans se douter que les souvenirs du passé vont peu à peu remonter à la surface…
Peut-on être réduit à un seul de ses actes? Est-il si simple de pardonner? C’est ce que questionne Eric-Emmanuel Schmitt tout au long de ses histoires aux retournements implacables. En y répondant avec la virtuosité qu’on lui connaît.

Alexandre Fillon

Au féminin - « À ne pas manquer »

“La vengeance du pardon” d’Eric-Emmanuel Schmitt

Une sœur qui jalouse sa jumelle, qui l’aime profondément. Un homme qui abuse d’une fille candide pour lui voler son enfant. Une mère qui tente de comprendre l’assassin et violeur de sa fille. Un père taciturne er renfermé qui s’humanise au contact d’une fillette en lisant Le Petit Prince. Quatre histoires qui explorent les sentiments les plus violents qui sommeillent en nous. Face aux rivalités, aux trahisons et aux secrets, le pardon est-il possible ?
Peut-on tout pardonner ? C’est ce qu’on se demande en lisant les quatre histoires d’Eric-Emmanuel Schmitt où les trahisons s’enchaînent, allant parfois jusqu’au crime. Mais rien n’est jamais tout noir ou tout blanc comme nous le démontre l’auteur en dévoilant le cœur et l’âme des différents protagonistes. Un roman tout en finesse sur la psychologie humaine.

Natacha Rivalan

La Libre Belgique - « Schmitt au meilleur ! »


C’est sans doute dans le genre des nouvelles qu’Eric-Emmanuel Schmitt est le meilleur. La preuve par son nouveau livre, "La vengeance du pardon". "C’est mon genre préféré, dit-il. Des histoires qui ont besoin de fulgurances, d’une chute quand la dernière phrase révèle une vérité qui éclaire tout, une écriture à l’os. Il faut y mêler la concision du théâtre et l’épaisseur du temps du roman, les deux autres types d’écriture que je pratique. Il y a de splendides nouvelles chez Maupassant, Colette, Marcel Aymé, Simenon."

Quatre excellentes nouvelles dont on se gardera ici de révéler les surprises et les chutes, reliées par le thème du pardon : deux sœurs jumelles dont l’une en arrive à tuer l’autre après 80 ans de vies en miroir; la maman d’une fille assassinée par un tueur en série qui veut comprendre l’acte de cet homme; un ancien aviateur allemand qui a fait la guerre et est transfiguré par une petite fille et la lecture du "Petit Prince". Et la meilleure des quatre : un richissime banquier rattrapé par son passé quand il eut un enfant d’une "simplette" rencontrée à la montagne.

Qu’est-ce que le pardon ?

C’est restituer quelqu’un à son humanité, ne plus le réduire à un seul de ses actes. Mais si pardonner est très noble, cela peut être ambigu, c’est aussi rechercher la paix pour soi et, parfois, se donner le beau rôle. On dit qu’il est difficile de pardonner mais il peut être aussi difficile d’être pardonné.

Il y a aussi le remords et l’expiation des fautes : c’est très chrétien ?

Le vieil aviateur découvre le crime qu’il a fait et quand il y a mis un visage, il ne peut se pardonner. Le banquier doit expier en quelque sorte pour entrer dans la dimension de l’amour, c’est une assomption. Tout cela est assez chrétien, je l’avoue. Mais je veux ramener chaque histoire à la dimension d’une fable, que les choses soient à la fois singulières et universelles.

Vous avez vendu des millions de livres, qu’est-ce qui vous pousse encore à écrire ?

C’est toujours comme la première fois, la même inquiétude, la même émotion mais aussi le même appétit. J’ai chaque fois l’impression que je ne fais que commencer. Comme un pommier fait des pommes, il est vital pour moi de raconter, car ainsi le monde prend forme à mes yeux. J’écris pour découvrir ce que je pense, explorer la complexité de l’être humain. Je n’ai pas l’illusion d’un savoir-faire, mais j’aime le risque et c’est l’insatisfaction, le sentiment de n’être jamais rassuré, qui m’amène à me remettre en danger et me pousse toujours à écrire.

 

La vengeance du pardon Eric-Emmanuel Schmitt Albin Michel 336 pp., env. 21,50 €. En librairie le 1er septembre

Guy Duplat

VSD - « La plume de cet érudit fait toujours mouche »

Des Molière en pagaille, un Goncourt (de la nouvelle) et des textes lus et joués dans des dizaines de contrées : la plume de cet érudit plutôt secret fait toujours mouche. Nouvelles et théâtre au menu ce mois-ci.

« Je prendrais bien un Perrier tranche… » Visiblement, le soleil des vacances continue de taper sur la tête de ce stakhanoviste de l’édition : est-il malgache ? Khmer ? À 57 ans, Éric-Emmanuel Schmitt affiche des racines beaucoup moins exotiques (alsaco-lyonnaises). Quant au bronzage, c’est en Grèce qu’il l’a peaufiné. Pour l’heure, il arrive tout juste de sa belle tanière du bois de la Cambre, à Bruxelles.

Éric-Emmanuel Schmitt. C’est la rentrée. Me revoilà à Paris. Je n’y viens que quelques fois par mois parce que mon activité c’est quand même l’écriture. J’ai une vie très… coupée en deux. Il y a les périodes où je suis dans le monde, où je voyage, où je m’occupe de mes pièces ou de sortir les livres, etc. Et puis il y a toutes les semaines silencieuses où je me retire du monde pour le réinventer et je retrouve Bruxelles ou ma ferme-château, dans le Hainaut.

VSD. Vous écrivez en hauteur.
J’ai besoin du point de vue de l’oiseau. À Lyon et alors que ma famille est originaire de la « colline qui travaille » (La Croix-Rousse), nous habitions sur la « colline qui prie » (Fourvière) un appartement qui dominait la ville, la vallée. J’apercevais même les Alpes, au loin. Ce point de vue de l’aigle m’a toujours été essentiel pour écrire. Et, à Paris, j’ai toujours habité des derniers étages. Ensuite dans mes maisons, j’ai mis mon bureau au dernier étage.

Et, au rez-de-chaussée, on trouve quoi ? Les cuisines ? La vraie vie ? 
Oui, c’est ça, la vraie vie. L’étage suivant, ce sont les chambres et puis moi, je me mets en haut, à la recherche de la page blanche ; la page blanche du ciel. À Bruxelles, mon bureau c’est un atelier de peintre avec des verrières ; bon, le ciel n’est pas vraiment bleu, en Belgique, n’empêche ! Mon bureau, ce n’est pas le « gueuloir » comme Flaubert, non, et comme c’est là que dans le silence j’essaie d’écouter les personnages et les histoires, c’est mon « écoutoir ».

Drôles de personnages que vous avez confessés dans votre dernier recueil, La Vengeance du pardon*, dont le titre dit déjà la perversité.
Je suis allé dans des zones où l’on va rarement. Comme l ’histoire de cette mère qui essaie de comprendre l’assassin de sa fille. En réalité elle veut amener ce serial killer à la compréhension afin qu’il vive lui aussi l’enfer. J’ai mis en parallèle le fait qu’elle apprivoise l’assassin tandis qu’un chat de gouttière l’apprivoise, elle.

À propos de chats : dans les magazines de l’actualité heureuse, on vous voit toujours entouré de chiens. Or il y a dans cette nouvelle des descriptions qui me font dire que vous connaissez parfaitement les chats.

Vous pouvez le dire ! J’ai eu un chat qui a passé vingt-deux ans avec moi. Il a survécu à une chute du sixième étage et à deux cancers ! Léonard… C’était un chat de gouttière colossal et supérieurement intelligent. Je l’emmenais à l’hôtel, il faisait ses besoins dans les bidets, je pouvais le promener en laisse. J’adore les chats. Mais désormais je n’ai plus que des chiens et c’est trop tard pour que je leur impose des chats : ils ont décidé qu’ils étaient leurs ennemis. Chats ou chiens, ça fonctionne très bien avec les animaux. Je crois que plus j’écris et plus j’ai besoin d’un monde non verbal qui est celui de la musique et des animaux. [...]

Retrouvez l'intégralité de cet article dans le VSD n°2088 disponible en kiosque

Francois JULIEN

L'Avenir (Belgique) - « Le pardon selon Éric-Emmanuel Schmitt »


Quatre nouvelles, quatre histoires ayant pour thème central le pardon. Le nouvel opus d’Éric-Emmanuel Schmitt sort demain.
«C’est comme une nécessité intérieure, l’envie d’explorer un thème. Ensuite, une histoire s’impose à moi et j’écris un roman. Ou alors plusieurs histoires et ça devient un recueil de nouvelles.» Et cette fois, le thème du pardon s’est imposé à Éric-Emmanuel Schmitt à travers quatre histoires qui forment La vengeance du pardon, son dernier ouvrage, en librairie ce 1er septembre.


Comprendre l’inhumain
L’histoire qui donne son nom au recueil est assez glaçante – sans en dévoiler la fin – puisqu’elle suit une femme dont la fille a été violée et tuée par un serial killer. Homme qu’elle «poursuit» en prison, essayant de comprendre. «Cette histoire, je l’ai en tête depuis 25 ans. J’avais rencontré l’avocat d’un serial killer qui m’avait parlé de l’attitude très étrange d’une femme qui avait été déçue du manque d’empathie et de l’indifférence du tueur pendant son procès. Elle avait alors commencé à visiter l’homme en prison. Les autres parents de victimes étaient très choqués. Pourtant quand on voit quelqu’un d’inhumain, on cherche à comprendre. Dans des centres de déradicalisation, j’ai rencontré beaucoup de gens qui sont confrontés à cette inhumanité. Comment ramener quelqu’un dans l’humain?»
Humilié deux fois
Trois autres nouvelles partagent ce recueil. L’une Les sœurs Barbarin est également très sombre tandis que les deux autres Mademoiselle Butterfly et Dessine-moi un avion (hommage aussi à Saint-Exupéry) sont plus lumineuses. «J’aime autant les unes que les autres. Je voulais montrer la complexité du pardon. C’est un sentiment qui a une profonde dimension spirituelle qui n’est raccrochée à aucune religion en particulier. Il y a même des politiques du pardon qui permettent aux nations et aux humains de recommencer à vivre. Mais parfois, il y a aussi une dimension très égoïste. On pardonne pour avoir la paix en soi et pas nécessairement avec l’autre. En plus, c’est difficile d’être pardonné. On est doublement humilié face à quelqu’un de plus humain que nous.»
Pas comme Amélie
Entre théâtre, romans, nouvelles et essais, Éric-Emmanuel Schmitt ne semble pas connaître l’angoisse de la page blanche. «Non (rires), j’ai en moi au moins une trentaine d’idées de romans, nouvelles ou pièces de théâtre», rit l'auteur bruxellois. «Je veux changer régulièrement de genre. J’aime me mettre en danger, ne pas être dans l’habitude. Il faut que ce soit aventureux et aventurier!»
Pas question pourtant d’écrire et puis de jeter comme le fait, chaque année, Amélie Nothomb. «J’aime beaucoup Amélie, c’est une amie. Mais je pense que c’est un des rares cas de graphomanie que je connaisse. Elle a un besoin physique d’écrire tous les jours. Moi pas…»

Marie-Françoise GIHOUSSE

Le Journal du Québec - Canada - « Eric-Emmanuel Schmitt - La vengeance du pardon: Quatre nouvelles redoutables et sublimes »

Prochain président d’honneur du Salon international du livre de Québec, le talentueux Eric-Emmanuel Schmitt, élu en 2016 à l’Académie Goncourt, propose quatre sublimes « novelas » explorant toutes les palettes des émotions humaines dans son nouveau livre, La vengeance du pardon.

L’écrivain et dramaturge adoré des Québécois s’est laissé porter par l’idée d’explorer la question du pardon et de la vengeance dans ce projet superbement accueilli en Europe dès sa sortie.

« Je voulais éclairer cette espèce de diamant à mille facettes qu’est le pardon. Forcément, dans nos vies, on est en situation de rencontrer le pardon puisque quand on nous blesse, quand on nous agresse, quand on nous ment, on est en face de la problématique du pardon. On se dit : bon, est-ce que je pardonne ou est-ce que je me venge ? », commente-t-il avec toute la gentillesse qu’on lui connaît.

« Pardon et vengeance sont toujours deux horizons de notre vie, lorsqu’on nous blesse. On connaît tous ça de façon intime. Ces deux termes ont l’air totalement opposés et moi, j’ai écrit le livre sous le titre La vengeance du pardon parce que je voulais montrer qu’en fait, c’est un peu plus ambigu et paradoxal qu’on ne croit, parce que parfois, oui, effectivement, peut-être que la meilleure manière de se venger, c’est de pardonner parce qu’il est difficile de pardonner, mais il est difficile d’être pardonné. Et puis, pardonner à qui ? Entre pardonner aux autres et se pardonner soi, il y a des tas de nuances. Grâce au fait qu’il y ait quatre histoires, je peux éclairer différemment et parcourir ce thème du pardon. »

Efficacité

Quatre histoires d’une redoutable efficacité sont donc proposées aux lecteurs : Les sœurs Barbarin, Mademoiselle Butterfly, Dessine-moi un avion et La vengeance du pardon. Dans la première, deux sœurs jumelles s’aiment et se haïssent tout au long de leur vie. Mademoiselle Butterfly met en scène un jeune homme cynique et une jeune fille candide et naïve.

La troisième histoire, La vengeance du pardon, parle d’une femme qui rend visite, en prison, au serial killer qui a tué sa fille. Cette nouvelle l’a conduit hors de sa zone de confort. « Je descendais dans des zones où je n’étais jamais descendu, que ce soit pour rentrer dans cette mère qui va visiter l’assassin de sa fille ou pour rentrer dans le discours du serial killer, puisqu’elle essaie de trouver le moment, dans son enfance, où il est devenu inhumain, où tout a basculé. Moi, j’avançais, en empathie totale avec un assassin. C’était très troublant. »

Le recueil se termine « dans la lumière », ajoute-t-il, avec Dessine-moi un avion, où un homme dur et fermé se rend compte qu’il est sans doute le pilote qui a abattu l’avion de Saint-Exupéry. « On évoque quelque chose de terrible... mais il y a quand même une rédemption. »

Réactions très positives

Dès sa sortie, le livre a suscité des réactions très positives. « Rarement un de mes livres aura été aussi bien reçu, d’une façon unanime. Les gens adorent, sans réserve, parce qu’il y a des tas de couleurs différentes dans ce livre. (...) Ce sont des nouvelles à chutes et c’est le bonheur spécifique de ce genre. C’est un art très spécial. »

L’écrivain a par ailleurs confirmé, en entrevue, sa présence à Québec le printemps prochain à titre de président d’honneur du Salon international du livre de Québec. Il a tissé des liens très forts avec le Québec, où il vient plusieurs fois par an. « Maintenant, j’ai des repères, des lieux que j’aime passionnément, des amis. J’ai envie de faire des choses. Un jour, ça va se retrouver dans un livre, tout ça ! »

Marie-France Bornais

L'Evantail (Belgique) - « Eric-Emmanuel Schmitt, l'âme mise à nue »

IL SERA L'UNE DES VEDETTES DE LA RENTRÉE LITTÉRAIRE. NOUVEAU JURÉ DU PRIX GONCOURT -AVEC VIRGINIE DESPENTES-, ERIC-EMMANUEL SCHMITT SERA ÉGALEMENT L'UN DES TÊTES D'AFFICHES AVEC SON NOUVEAU LIVRE « LA VENGEANCE DU PARDON », UN RECUEIL DE QUATRE HISTOIRES OÙ L'ÉCRIVAIN OBSERVE, ÉPLUCHE LA RÉDEMPTION ET SES VERSANTS INAVOUÉS. ERIC-EMMANUEL SCHMITT SE PLAÎT À CONTER LES REPLIS DE L'ÂME HUMAINE QU'IL MET À NUE. RENCONTRE À BRUXELLES, À QUELQUES JOURS DE LA PREMIÈRE SÉLECTION DES ROMANCIERS PRÊTS À SE LANCER DANS LA COURSE À LA PLUS PRESTIGIEUSE DES RÉCOMPENSES LITTÉRAIRES.

Eventail.be - Votre dernier livre n'est ni un roman, ni un recueil de nouvelles... Un récit mystère?
Eric-Emmanuel Schmitt - Je ne fais pas de nouvelles comme le font mes collègues, j'ai ma façon de lesécrire. Ces quatre histoires s'éclairent les unes les autres. Je les ai composées de la première à la dernière ligne comme vous les avez lues. « La vengeance du pardon », la matrice et le titre du livre, est suivie par ses trois petites sœurs, arrivées dans ma tête très naturellement. Toutes racontent les différentes formes que peut prendre le pardon.

 

- La vengeance traverse le livre. Pourquoi ce thème ?
- L'histoire « La vengeance du pardon » est venue en premier dans ma tête alors que je venais de prendre la direction du Théâtre Rive Gauche à Paris. J'avais rencontré l'avocat d'un serial killer détenu à la maison centrale d'Ensisheim en Alsace. Dans mon histoire, Elise décide de rencontrer l'assassin de sa fille, le tueur en série, Sam, écroué à perpétuité en prison (aussi à Ensisheim, ndlr). Le pardon est un sentiment humain étrange, parfois incompréhensible. J'essaie de comprendre la démarche d'Elise. Marc Dutroux, par exemple, est un criminel qui me terrorise le plus. Il y a un calcul derrière sa pulsion de tuer. Il a le projet d'enfermer les jeunes filles, de les tuer une par une dans la même cave. Cela dépasse mon entendement. Je n'ai pas envie de comprendre ce criminel.

- Vous est-il arrivé de pardonner ?

- Oui, parfois avec mépris. Il m'est difficile d'accorder mon pardon à ceux qui ont fait du mal à des gens que j'aime. Une partie de ma famille, miraculeusement indemne, était à l'aéroport de Zaventem lors des attentats terroristes. La balle est passée près de moi. Parce qu'on entre dans la chair de mes proches, j'irais vers la vengeance. Je me suis projeté, j'ai parlé à beaucoup de victimes des attentats. On touchait mes limites intérieures. Il est encore plus difficile d'être pardonné. On est dans une position humiliante. On a le nez dans sa faute, on se retrouve dans le regard de quelqu'un de plus humain que soi. Le pardon est à géométrie variable. La décision de pardonner enclenche un processus. Elle ouvre un espace pour aboutir, peut-être, dans la paix, dans le rapport avec l'autre.

 

- Vous être membre de l'Académie Goncourt depuis un an. Comment s'est déroulée votre première année de juré ?
- J'ai accepté la proposition de Bernard Pivot en un après midi. Je devais choisir entre l'Académie Goncourtet l'Académie Française. La première concerne les écrivains qui se passionnent pour l'écriture des autres, elle sollicite l'altruisme. Il y a une utilité. À l'Académie Française, on célèbre une personne, on ne fait rien. Je ne suis pas à la recherche d'une reconnaissance, elle est venue dès que j'ai écrit. Je ne sais pas si j'aurais supporté l'attente du succès, l'aigreur qui l'accompagne. Nous nous réunissons tous les premiers mardis du mois. On dialogue tous les jours par mail sur les lectures de chacun, une idée instaurée par Bernard Pivot. J'ai lu quatre-vingts romans. Nous procédons à la première sélection (15) qui sera dévoilée le 5 septembre.

 

Amélie Nothomb aura-t-elle une chance d'obtenir le prix cette année ?
Amélie Nothomb, un peu comme dans mon cas avant, a eu tellement de succès qu'elle n'a pas besoin d'un prix. Beaucoup de membres pensent qu'elle est hors Goncourt. C'est discutable, je ne suis pas d'accord avec ça. On ne doit pas exclure quelqu'un du Goncourt sous prétexte qu'il a déjà beaucoup de succès. Autrement, on ne l'aurait pas attribué à Michel Houellebecq pour son roman « La carte et le territoire » (Ed. Flammarion) en 2010 alors que le prix lui avait échappé auparavant, notamment en 2005 (« La possibilité d'une île », Ed. Fayard, a reçu le prix Interallié, ndlr). Aujourd'hui, je pense qu'il ne l'aurait pas. Tout dépend de qui compose la table. C'est mathématique et fragile.

Corinne Le Brun

Le Devoir (Canada) - « Faut-il lire Amélie Nothomb et Éric-Emmanuel Schmitt plutôt que le reste? »

Ça fait 26 ans que ça dure. Une autre rentrée littéraire, un autre roman d’Amélie Nothomb — Frappe-toi le coeur (Albin Michel) cette année — qui apparaît pour trôner comme une évidence sur les tables des librairies. Éric-Emmanuel Schmitt, autre romancier prolifique, est juste à côté, avec La vengeance du pardon (Albin Michel), cherchant dans la masse des sorties de l’automne à être plus que visible et à titiller, lui aussi, le côté grégaire du lecteur et de la lectrice en appelant avec ostentation à une rencontre sur les chemins de la conformité et du « suivisme ». Joli paradoxe, d’ailleurs, dans le monde du livre qui promet d’élever l’esprit, de le rendre plus libre, avec parfois des lectures imposées.

 

Alors, faut-il succomber à ces appels de la nouveauté prévisible, du diktat de l’incontournable suivant la recette habituelle de la mise en marché, de la fin de l’été au pied d’un sapin de Noël ? Oui, si l’on accepte l’apparence des ficelles tirées par les deux romanciers familiers pour manipuler les sentiments à grand coup d’enfance brisée, de trouble de l’attachement, de rapport trouble à la mère, au père, de résilience… Entre autres choses.

 

Amélie Nothomb fait passer tout ça dans la vie de Diane qui, en venant au monde, attise la jalousie d’une mère qui s’aime un peu trop. Plus tard, l’arrivée d’une soeur va creuser ce déséquilibre affectif et subtilement teinter une carrière universitaire et une destinée où se perdre dans le travail est une façon de ne pas affronter des formes plus douloureuses d’engagement.

 

Éric-Emmanuel Schmitt tient à peu près le même langage en quatre nouvelles. La première révèle Les soeurs Barbarin, Lilly et Moïsette, des jumelles, en compétition dans un environnement où l’amour est à géométrie variable. Dans Mademoiselle Butterfly, c’est le rejet d’un enfant par son père et d’une mère par celui qui l’a mise enceinte, qu’il exploite sur fond de grave crise affectant la haute direction d’une banque. Plus loin, la perte d’un enfant donne le ton de La vengeance du pardon, nouvelle qui partage son titre avec l’ensemble du bouquin, face à face troublant d’une mère avec le tueur de sa fille, qui précède une relecture du Petit Prince intitulée Dessine-moi un avion.

 

Douceur, légèreté : de Nothomb à Schmitt, c’est encore une fois de ces deux choses qu’il est question, malgré la dureté des sentiments, la violence des angoisses existentielles qui se fondent dans une écriture simple et efficace, dans un verbe maîtrisé qui trace les contours d’images consensuelles. L’une et l’autre exploitent avec cette nonchalance admirable les grands mythes de l’engagement, de la filiation, de la fatalité, de la convoitise, de l’abnégation, sans la peur de réécrire l’opéra de Puccini, de convoquer Saint-Exupéry ou de citer Alfred de Musset et son « Frappe-toi le coeur, c’est là qu’est le génie » pour expliquer, ici, la carrière d’une cardiologue.

 

Le Nothomb cuvée 2017 se prend sur un coin de table, comme une barre tendre juste assez sucrée pour donner un sentiment de satiété que l’on risque d’oublier très vite. Le Schmitt de la rentrée offre, lui, un peu plus de consistance, mais surtout ce génie qui tient, oui, dans le coeur, interpellé par les deux bouquins, mais surtout dans l’art de réécrire de manière intarissable ces histoires universelles dont on connaît forcément la fin.

Fabien Deglise

France Net Infos - « Un petit bijou! »

Un roman d’Eric-Emmanuel Schmitt est toujours un évènement, La vengeance du pardon son dernier livre paru chez Albin Michel début septembre n’échappe pas à cette règle.

Eric-Emmanuel Schmitt nous propose 4 nouvelles incroyablement douces et cruelles, qui ont comme dénominateur commun d’aborder les thèmes du pardon et de la vengeance. 4 morceaux de vie, 4 histoires déchirées et dérangeantes où l’amour et la haine se côtoient et s’entremêlent subtilement.

L’auteur dissèque la psychologie de ses personnages, fouille dans les sentiments humains, scrute la moindre émotion qui ferait basculer la vengeance vers le pardon ou à l’inverse ferait du pardon une vengeance précise, coupante, machiavélique mais au final salvatrice, et qui donne son titre à la troisième nouvelle La vengeance du pardon, mon histoire préférée : Élise mère meurtrie, amputée de sa fille, violée et tuée par un assassin désormais en prison va visiter cet homme, cherchant a comprendre son acte criminel, aspirant à lui faire regretter son geste …

Ce huit clos étouffant est un petit bijou d’analyse des comportements. Eric-Emmanuel Schmittréfléchit avec un talent incomparable, à la perversité des sentiments, à la complexité de l’âme humaine, à cette torture inhumaine qui nous fait passer de l’amour à la haine, qui nous fait refouler nos fureurs et nos désirs, qui agite ces bouillonnements du corps et du cœur.

Les trois autres nouvelles, trois destins, trois secrets explorent également les zones les plus reculées de notre subconscient : Les sœurs Barbarin nous parlent du temps qui passe et de la haine qui s’installe insidieusement avec monstruosité et perfidie.

Madame Butterfly nous parle d’amour, de pardon voire de rédemption.

Dessine moi un avion est un clin d’œil au Petit Prince de Saint-Exupéry. Werner von Breslau au contact de la petite Daphné âgée de 8 ans va se réconcilier avec l’enfance et en même temps avec son passé douloureux. Sa rencontre posthume avec l’écrivain Saint-Exupéry, va lui rappeler un souvenir dramatique, mais il s’agit là plus de se pardonner à lui-même, d’expier ce qu’il pense être une faute impardonnable.

La nouvelle est un genre littéraire difficile et ingrat, dans un temps et un format courts, il doit tout nous dire, tout nous faire comprendre, aller à l’essentiel en n’oubliant pas la finesse de l’écriture et surtout le talent.

Tout est réussi dans le roman d’Eric-Emmanuel Schmitt, la profondeur et la densité, l’étude des personnages et la finesse de l’écriture sont là pour notre plus grand plaisir. Je recommande vivement sa lecture.

Dominique Iwan

La Vie - « Éric-Emmanuel Schmitt : Ce qui anime nos profondeurs »

Éric-Emmanuel Schmitt décortique avec un malin plaisir les ambiguïtés du pardon. Ses chemins tortueux et ses effets parfois dévastateurs sont questionnés ici dans quatre histoires complémentaires. Entre les deux sœurs Barbarin, laquelle est la plus insupportable ? La petite peste Moïsette qui n'en fait qu'à sa tête et en fait voir de toutes les couleurs à sa jumelle ? Ou Lily qui accepte et excuse les méchancetés de sa sœur et la pousse ainsi à en rajouter ? Il peut être douloureux d'être pardonné, laisse entendre Éric-Emmanuel Schmitt. Et il nous emmène avec Élise Marinier rendre visite en prison à Sam Louis, le serial killer qui a violé et assassiné sa fille après avoir tué 14 autres femmes. La générosité d'Élise envers ce monstre d'insensibilité est incompréhensible. Elle l'approche, l'apprivoise, l'émeut, jusqu'à ce qu'il réalise les horreurs qu'il a commises. En faisant cela, elle le précipite en enfer... Les chutes des quatre récits renversent bien des valeurs établies et donnent le vertige quant aux ressorts qui nous animent.

YVES VIOLLIER

Le Vif (Belgique) - « La pire des vengeances peut être le pardon »

A l'occasion de la rentrée littéraire 2017, l'écrivain franco-belge Eric-Emmanuel Schmitt, 57 ans, a répondu à nos questions sur son dernier livre La vengeance du pardon (Albin Michel), un recueil de quatre nouvelles.

Vous êtes plutôt vengeance ou pardon ?

Je suis un grand partisan du pardon. Je pense qu'il est important de dire à l'autre : "Je ne te réduis pas à ce que tu as fait de mal". Le pardon, c'est un désir de paix et c'est là que commencent les ambiguïtés qui m'intéressent. On ne veut plus être habité par des sentiments négatifs, par des désirs de vengeance, par la haine... Donc, on souhaite d'abord la paix pour soi avant de la donner à l'autre. Le pardon est aussi bien égoïste qu'altruiste car c'est d'abord se libérer soi-même. La vengeance et le pardon sont deux thèmes qu'on croit les plus opposés. Moi, je montre dans mon livre que, parfois, la pire des vengeances peut être le pardon...

Comment est né ce roman ?

Une première histoire m'est venue, celle qui s'appelle La vengeance du pardon. Elle raconte l'histoire d'une mère qui rend visite en prison au meurtrier de sa fille. Et, soudain, trois autres histoires ont éclairé cette histoire-là et donc je les ai écrites dans l'ordre où vous les lisez en pensant que ces quatre petits romans composaient un livre qui examine les ambiguïtés du pardon comme celles de la vengeance.

Ce livre est-il moralisateur ?

Moral, pas moralisateur ! Je ne donne pas de leçon de morale car je suis toujours empathique mais, bien sûr, il y a une réflexion morale. Je suis philosophe de formation et de terreau, c'est-à-dire que mes histoires ont toujours leurs racines dans la philosophie.

Que diriez-vous à nos lecteurs pour qu'ils lisent La vengeance du pardon ?

Qu'ils ont rendez-vous avec des personnages forts, émouvants, mais qu'ils ont surtout rendez-vous avec eux-mêmes parce que chacun de nous a blessé, déçu, a rencontré la problématique du pardon et de la vengeance, chacun de nous y a répondu. Je pense que le livre va permettre au lecteur de revisiter sa propre vie...

 

Olivia Van de Putte

Le Progrès - « La beauté du pardon »

Toujours aussi accessible et efficace dans l’écriture, Eric-Emmanuel Schmitt nous livre avec son dernier recueil, La Vengeance du pardon , un ouvrage passionnant. Non seulement par la densité des quatre histoires, fertiles en rebondissements, qu’il propose. Mais aussi par l’analyse psychologique profonde qu’il fait de chacun de ses personnages principaux. Ceux-ci, qu’il s’agisse de sœurs jumelles aussi semblables à l’extérieur que différentes à l’intérieur, d’un vieux banquier rongé par le remords ou encore de la mère d’une jeune fille assassinée… sont hantés par le pardon qu’ils doivent donner ou accepter. Plutôt que de céder à la vengeance, à moins que vengeance et pardon se confondent… L’écrivain retranscrit leurs tourments avec un art qui empêche de lâcher son livre une fois entamé.

N.B.

Paris-Normandie - « Édifiant. »

Les livres du très populaire Eric Emmanuel Schmitt se suivent et ne se ressemblent pas. Voici un recueil de quatre nouvelles, quatre histoires qui explorent l’ambiguïté et le paradoxe du pardon, autour d’une double approche, celle de l’auteur et l’analyse personnelle du lecteur.


La vengeance du pardon est la troisième, certainement la plus forte : personne ne comprend pourquoi Élise a un tel besoin de visiter en prison l’assassin de son enfant jusqu’à déménager près de lui quand il est transféré en Alsace. Élise, au fil de ses vi- sites, cherche à l’humaniser, mais à quelles fins ? Vengeance ou pardon ?


Dans les autres nouvelles, on suit les aventures de deux sœurs jumelles, Lily et Moïsette, dont la rancœur de l’une s’accroît au fil des années autant que grandit la mansuétude de l’autre.


Dans Mademoiselle Butterfly, un jeune homme de bonne famille en vacances est mis au défi de séduire Mandine, la simplette du village dans lequel il passe ses vacances, ce qui aura des conséquences imprévues.


Et Dessine moi un avion met en scène un vieil homme qui découvre, grâce à son amitié avec une fillette, la vérité sur un acte terrible qu’il a commis pendant la guerre. Édifiant.

I. C.-L. B.

La Presse (Canada) - « Éric-Emmanuel Schmitt, un conteur habile et enjoué. »

C'est un Éric-Emmanuel Schmitt en grande forme que l'on retrouve dans ces quatre nouvelles qui explorent chacune à leur façon, d'un ton éthéré, les travers de l'être humain et les tréfonds de la conscience.

Ainsi, le prolifique auteur et dramaturge qui a signé Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran se penche-t-il sur la jalousie et l'envie dans l'histoire des soeurs Barbarin, des jumelles qui se retrouvent mêlées à un mystérieux procès. Sur l'égoïsme et la préservation de soi lorsqu'un riche banquier doit choisir entre son empire et son fils. Sur l'indifférence et la barbarie lorsqu'elle est confrontée à la bienveillance, dans le récit de cette femme qui visite sans relâche un homme emprisonné pour des meurtres sauvages. Ou encore sur les secrets et le poids du passé dans l'amitié qui se noue entre un nonagénaire, aviateur à la retraite, et une fillette de 8 ans. 

Certes, les dénouements peuvent a priori sembler prévisibles, mais Éric-Emmanuel Schmitt est un conteur habile et enjoué, à la plume vive et élégante, qui réussit son pari, puisqu'au sortir de chaque histoire, il sera néanmoins parvenu à semer les graines de la réflexion dans notre esprit.

Laila Maalouf

Atlantico - « Un très bon texte sur un très beau thème. »

RECOMMANDATION : EXCELLENT

POINTS FORTS

- L'écriture extrêmement fluide de cet académicien et le foisonnement des descriptions léchées, méticuleuses, remplit d'aise les amateurs de beaux textes.
- Ah, l'usage de l'imparfait du subjonctif, devenu si rare...
- L'aspect serein qui subsiste dans chaque histoire malgré une certaine forme de violence. Peut-être est-ce dû aux descriptions des jardins, des arbres, des oiseaux?
- Les récits qui nous proposent des histoires fortes et dont les chutes sont épatantes : soit brutales, soit suggérées, soit expliquées.
- Il y a une dimension évangéliste dans ces contes, un petit côté "l'ouvrier de la dernière heure", qui est dans la lignée des ouvrages d'Eric-Emmanuel Schmitt. .

POINTS FAIBLES

Je n'en vois guère;
 
EN DEUX MOTS
Cet ouvrage, à l'apparence légère, ne l'est pas tant que cela et demande réflexion. Notamment avec ces chutes que l'on n'attendait pas et qui, surtout dans la première histoire, laissent pantois.
Mais, comme à chaque fois, Eric-Emmanuel Schmitt nous entraîne dans son monde et nous force à nous poser des questions, très subtilement. On s'arrête après chaque nouvelle pour en intégrer la chute avant de repartir, très intéressé par la suivante.
Très bel ouvrage, que l'on abandonne à regret.



Anne-Marie Joire-Noulens

Critiques des blogs

Le bouquinivore - « Il est difficile de ne pas aimer un livre d’Eric-Emmanuel Schmitt. »

Eric-Emmanuel Schmitt, est sans aucun doute l’un de mes auteurs préféré, il fait partie de ce petit cercle fermé et hétéroclite de ses auteurs que je ne me lasse jamais de lire et redécouvrir à chaque lecture.

Dans ce nouveau recueil de quatre nouvelles que nous propose l’auteur dans le cadre de la Rentrée Littéraire 2017, tourne autour de la thématique du pardon. 

Et sans aucun doute, la troisième nouvelle intitulée du même titre que le recueil « La vengeance du pardon », est la nouvelle qui m’a le plus touché et interpellé. Élise à perdue tragiquement sa fille, qui fut violée puis assassinée par un homme. Élise cherche à comprendre les raisons de l’acte de ce barbare et va régulièrement lui rendre visite en prison, espérant qu’il finisse par regretter son acte et lui pardonner son geste. Et c’est là, le génie de l’auteur qui nous fait toucher du bout des doigts la puissance du pardon.

Il est barbare de donner un ranking des nouvelles de ce recueil, mais indubitablement, la troisième et la première nouvelles sont de loin mes favorites. 

Il est difficile de ne pas aimer un livre d’Eric-Emmanuel Schmitt, par sa plume et son sens des mots, il sait nous entraîner avec lui et nous faire réfléchir et cette fois si sur la notion de pardon qui est à la fois un acte de bonté, mais également une arme de vengeance.

Une nouvelle fois, je ne peux vous dire autre chose que de lire et découvrir ce nouveau recueil qui ne vous laissera pas de marbre.

Voix de plumes - « Le Schmitt de cette rentrée est un très grand cru. »

Il est des livres dont vous savez, en les refermant, qu’ils ont modifié quelque chose en vous. La vengeance du pardon est de cette caste. Quatre histoires, quatre bijoux que l’on porte au cœur comme une décoration ou une fleur à la boutonnière.
Il y a d’abord l’écriture. Les trois premières pages de la nouvelle qui ouvre le recueil, Les sœurs Barbarin, sont une promesse, la promesse fleurie des rues de Saint-Sorlin. Promesse tenue, sans jamais faiblir, jusqu’au jardin final de Werner von Breslau, personnage central, avec la divine Daphné, de Dessine-moi un avion.
Eric-Emmanuel Schmitt surprend sans jamais désarçonner. Le conteur ne masque pas le philosophe et le dramaturge rivalise de virtuosité avec l’écrivain. Les quatre nouvelles soufflent le chaud et le froid sur l’âme humaine. Des jumelles Barbarin à l’aviateur allemand en retraite, en passant par la naïve Mandine (véritable Cio-Cio-San moderne), le puissant et riche William Golden, Sam Louis le tueur en série ou Elise Maurinier la traductrice, c’est la question du pardon qui sous-tend ‘ensemble de l’ouvrage. Comment pardonner à l’autre, fut-il le meurtrier de votre propre fille? Comment se pardonner à soi-même lorsqu’on a mis fin aux jours d’un génie? Peut-on pardonner l’envie, la perversion, le crime ou, ce qui est peut-être pire, l’indifférence?

La vengeance du pardon est de la trempe de La part de l’autre et de L’Evangile selon Pilate. Le Schmitt de cette rentrée est un très grand cru.

Pascal Schouwey

Songe d'une nuit d'été - « Un petit prodige de la narration »

Quatre nouvelles dont une que je n’ai pas lu, la nouvelle dont le livre porte le titre. Le sujet me semble trop douloureux. Je parlerai donc des trois autres. D’un drame de village, d’une histoire d’amour et de la rédemption. Un livre bouleversant, une lueure dense dans la nuit comme une météore apercue dans le ciel cet été. Comme une évidence, qui laisse place au silence. Croire au pardon, en sa vertue, croire encore et toujours au merveilleux. Repousser la nuit et le froid de toutes ses forces. Je retrouve la construction savante de “La secte des égoistes”. Les personnages de papiers ici prennent corps, et nous délivrent un message tellement banal, vu, lu et entendu depuis la nuit des temps. L’amour doit toujours etre le plus fort. Mais il est bien difficile parfois de le connaitre cet amour, de le reconnaitre et de le comprendre. La sensibilité a une intelligence, qui touche au coeur et à l’âme. Vous ne nous racontez pas une histoire, Eric-Emmanuel Schmitt, vous nous parlez au plus près de l’oreille, de ce qui est universel et n’appartient qu’à nous, la vie. Un petit prodige de la narration.

PublikArt - « Un livre à garder : à lire et à relire »

La vengeance du pardon, quatre nouvelles redoutables (Albin Michel)

Eric-Emmanuel Schmitt nous révèle avec La vengeance du pardon, cette fois-ci, quatre histoires uniques. Toutes tournées autour des sentiments humains, pas vraiment réjouissants ! Chacune a sa morale…

Scénarios originaux et palpitants

La première histoire, Les sœurs Barbarin (94 pages), est centrée sur la vie de jumelles, Lily et Moïsette, durant quatre-vingts ans ! Ce sont des vraies jumelles, parfaitement identiques. Mais si apparemment ce sont les mêmes, dans leur tête, elles n’ont guère de point commun. Moïsette est jalouse de son ainée, de trente minutes, depuis sa naissance. Il faut dire que Lily est parfaite et toujours prête à pardonner les misères que lui fait subir sa sœur. Jusqu’où ira Moïsette avec sa sœur ? L’analyse psychologique de Moïsette est tellement excellente, qu’on lit cette histoire à toute vitesse en se demandant jusqu’où l’auteur veut nous emmener. A coup sûr sur un terrain très glissant…
La seconde histoire, Mademoiselle Butterfly (97 pages), raconte l’histoire d’un homme très riche, William Golden, directeur d’une célèbre banque. Dès le début de l’histoire, on apprend que cette banque est en très grosse difficulté par la faute de trois employés, dont le fils de William. Ensuite, l’auteur nous parle de William au moment de son adolescence ; Il a 17 ans, il part en vacances en montagne, dans les Alpes, avec son groupe d’amis, les Aigles. Et bêtement, William va dire oui à un pari lancé par ses amis : coucher une fois avec la jeune fille, voisine de leur maison, très jolie mais un peu simplette, Mandine. Cette histoire est celle qui nous aura le plus marqués. Beaucoup de messages y sont envoyés par le biais de cette fameuse rencontre avec Mandine. Une rencontre qui sera déterminante pour William mais qui ne l’apprendra que plusieurs années plus tard… Mandine, la simple d’esprit, donne une très belle leçon d’amour inconditionnel…
Les deux autres histoires sont un peu plus courtes. Tout d’abord, La vengeance du pardon (78 pages) et Dessine-moi un avion (74 pages).
La vengeance du pardon est une bien singulière histoire avec une morale tout aussi surprenante. Elise a perdu son enfant unique, Laure, violée et tuée par Sam Louis. Ce criminel, elle le voit en prison à Paris depuis deux ans. Il vient d’être transféré en Alsace. Du coup, Elise déménage et s’installe près de la nouvelle prison. Au début, on ne comprend pas du tout où veut en venir Elise avec cet homme qui a tué sa fille. Elle-même ne le sait pas vraiment. Il est complètement inhumain, ce n’est pas un homme, il en a juste l’apparence. Ils finissent par s’apprivoiser mutuellement… Relations malsaines, perverses ? Ce n’est qu’à la toute fin de l’histoire, que la clé du mystère est dévoilée…
Quant à la dernière histoire, elle reprend l’histoire du Petit Prince de Saint-Exupéry avec la rencontre d’un vieillard et d’une petite fille qui lui demande de lui dessiner un avion. Pas par hasard mais parce qu’elle sait qu’il est aviateur… Et lui, au fil de l’histoire qu’il lit à la petite Daphné, va se découvrir aussi assassin…

Amour et pardon

Publik’Art n’aime pas trop les romans composés de nouvelles ; chaque nouvelle pourrait faire l’objet d’un livre ! Surtout les deux premières nouvelles, absolument captivantes. Elles tournent toutes autour du pardon, mais de façon tellement différente ! Certaines font peur, d’autres non. Eric-Emmanuel Schmitt met l’accent à travers ces nouvelles, des sentiments humains très forts, comme l’amour mais aussi et surtout la haine. L’homme est-il naturellement bon ou plutôt mauvais ? La nature humaine n’est pas forcément celle que l’on croit. L’important est de l’accepter, de la comprendre et ensuite de pardonner… Toujours avec amour… Pardonner à l’autre ou se pardonner. L’écriture de Eric-Emmanuel Schmitt est toujours brillante, avec un vocabulaire pointilleux et laisse planer un suspens à travers chacune de ses phrases… Ce livre, La vengeance du pardon, se lit avec beaucoup de plaisir et à toute vitesse avec toute l’ambiguïté du pardon et toute la beauté de l’amour. Mais c’est un livre à garder : à lire et à relire pour en puiser tous les messages.

Bénédicte de Loriol

Le boudoir littéraire - « Une merveille! »

L’histoire :

Quatre destins, quatre histoires où Eric-Emmanuel Schmitt, avec un redoutable sens du suspens psycho- logique, explore les sentiments les plus violents et les plus secrets qui gouvernent nos existences.
Comment retrouver notre part d’humanité quand la vie nous a entraîné dans l’envie, la perversion, l’indifférence et le crime ?

Ce que j’en ai pensé :

Quelle découverte que le nouveau Eric-Emmanuel Schmitt ! Une merveille que ces quatre nouvelles sur le thème de la vengeance.

Chacune des histoires est une fable qui raconte la violence de la douleur et la difficulté du pardon. L’envie entre deux soeurs jumelles dont l’une est dans la lumière et l’autre non ; la honte de l’amour et la sensation de supériorité ; la douleur de la perte d’un enfant ; le passé que l’on n’assume pas et qui empêche de nous construire.

J’ai trouvé ces récits d’une justesse magnifique, chaque mot est à sa place, il s’agit de poésie et de morale. J’ai été littéralement enchantée par ce recueil de nouvelles.

L’accent est mis sur la psychologie des personnages, et notamment leur façon d’aborder les différents sentiments : la colère, l’envie, la douleur, la tristesse.
A l’heure des livres de développement personnel, celui-ci pourrait en être un : il aide à trouver des pistes pour se mieux envisager ses relations aux autres, trouver sa place, réagir face à la douleur et au besoin de vengeance. Le pardon, envers les autres mais surtout envers soi-même est peut-être l’acte le plus difficile à envisager et à réaliser.

⇒ En bref ?

Eric-Emmanuel Schmitt n’a pas besoin de publicité : à chaque rentrée littéraire, il est présent et ne vole pas son succès. Il y a longtemps que je n’avais pas été autant touchée par des histoires.

Je conseille si vous aimez…

– l’auteur
– les histoires qui vous donne à réfléchir sur des émotions qui rythment notre vie.

 

Les coups de coeur de Géraldine - « Une formidable occasion de réfléchir en délice »

Mon humble avis : Eric-Emmanuel Schmitt n'a vraiment pas son pareil pour sonder l'âme humaine, tant dans sa bienveillance que dans sa cruauté.... Même si le cruel est la première victime de sa cruauté.

Trois longues nouvelles, puis une plus courte se succèdent dans ce livre. J'avoue que la dernière, étonnante, aussi touchante que bouleversante m'a paru détonner du sujet central de ce recueil. Il n'empêche, dans celle-ci, Eric-Emmanuel Schmitt nous plonge dans le Petit Prince et la mort de St Exupéry.

La colonne vertébrale de cette oeuvre, c'est le pardon. Le pardon est disséqué par le romancier dans toutes ses ambiguïtés. Observer sous différents angles et étudier le pardon, qui semble être la plus auguste et admirable qualité m'a passionnée. Bien sûr, cela amène à de profondes réflexions tant sur notre vie personnel que sur le monde.  Car oui, le pardon a les défauts de ses qualités. Et si le pardon, prôné par toutes les religions, l'éducation et les valeurs morales, n'était pas aussi pur qu'il y parait ? Et s'il était "distribué" à tout bout de champ sans que l'on s'imagine ses conséquences.

On pardonne par bonté d'âme, par grand coeur, par envie de quiétude, par rejet du conflit. Oui, mais se demande-t-on comment l'offensant reçoit ce pardon ? Le souhaite-t-il seulement, ce pardon, qui à ses yeux, grandit encore à ses yeux son offensé, puisqu'une fois de plus, celui-ci est capable de quelque chose que l'offensant est incapable d'atteindre : la grandeur d'âme.

Le pardon rend son acteur humain, mais redonne aussi humanité à celui qui le reçoit. Le pardon simplifie aussi la vie lorsqu'il évite de s'interroger sur l'essence de l'offense...Le pardon peut aussi se révéler perverse, lorsqu'il fait partie d'un plan de vengeance. Et oui, c'est possible. Je n'avais jamais réfléchi plus que cela à ce sujet, malgré mes années de philo au lycée et c'est en fait un sujet passionnant, bien plus subtile qu'il y parait.

Eric-Emmanuel Schmitt m'a donc embarquée une fois de plus à travers ces quatre histoires. Deux jumelles parfaites... L'une hait l'autre qui pardonne.

Une simplette des montagnes donne naissance à un fils, après une amourette d'été avec un jeune parisien... qui bien entendu, ne voudra entendre parler de ce fils... Jusqu'au jour où... Simplette dit aussi pure. Et quand on est pure, on est au-delà du pardon conscient.

Elise rend visite en prison au serial killer qui lui a pris sa fille unique. Pourquoi ? Pour comprendre, pour pardonner, pour se venger ? Comment ? Par le pardon... oui. Le pardon peut être une vengeance.

 La dernière nouvelle, étonnante, aussi touchante que bouleversante se le pardon que l'on veut s'accorder à soi même. Eric-Emmanuel Schmitt nous plonge dans le Petit Prince et la mort de St Exupéry. Mais je n'en dis pas plus !

Et, "comme d'habitude" avec mon cher Eric-Emmanuel Schmitt, tout cela se lit facilement, n'est jamais pompeux ou éreintant. Une formidable occasion de réfléchir en délice sur un mot qui peut se révéler plus vicieux qu'il n'y parait, mais sans lequel le monde ne serait qu'hécatombe.

Comme j'aime cet auteur, presque au même titre que ma chère Amélie Nothomb, même si je trouve dans leurs livres des choses bien différentes. D'ailleurs, je ne les lis pas pour la même raison.

Les chamoureux des livres - « Énorme coup de cœur »

Eric-Emmanuel Schmitt est un auteur que je ne connais que peu. Je n’ai lu de lui, à ce jour, que le magnifique livre La part de l’autre qui m’a impressionné bien que certains passages sont relativement longs.

L’auteur nous livre ici un livre comportant quatre nouvelles : deux jumelles qui vont autant s’aimer que s’haïr tout le long de leur vie; un homme puissant qui s’entiche d’une jeune fille candide… à ses risques et périls; un ancien combattant de l’Allemagne qui, au contact d’une jeune fille, va se plonger dans la lecture du « Petit Prince »; une femme qui rend visité à l’assassin… de sa fille !

Si toutes ces nouvelles peuvent sembler différentes, elles gravitent toutes autour d’un même et unique thème : le pardon. Et c’est là que réside la force de ce livre. Merci-Emmanuel Schmitt utilise quatre nouvelles différentes pour parler du pardon… autrement.  Il arrive ainsi à nous faire comprendre, à ce que l’on entrevoie la complexité du pardon et comment son cheminement, au combien long, peut prendre différentes formes.

Eric-Emmanuel Schmitt est impressionnant par sa capacité à se renouveler d’une histoire à l’autre. Sa plume est magnifique, ses personnages aussi intéressants les uns que les autres, les histoires sont bien ficelés. Bref, il m’est impossible de trouver quelque chose que je n’ai pas apprécié dans ce roman. Même les fins m’ont abasourdi, tellement je ne m’y attendais pas.

Conclusion

Après la lecture de ce roman, je n’ai qu’une envie : me plonger dans les autres écrits de Eric-Emmanuel Schmitt. Malgré la dureté des quatre histoires, l’auteur nous apprend à redonner notre confiance en l’être humain. Dans La vengeance du pardon, titre qui nous fait déjà entrevoir ce que l’auteur veut nous faire comprendre, on apprend que le pardon peut se trouver de différentes manières… Un livre à lire absolument !

My blog so chou - « Une valeur sûre de cette rentrée littéraire 2017 »

Le titre du livre ne peut laisser indifférent puisqu'il associe deux concepts antagoniques. D'après le dictionnaire, le pardon est l'action de tenir pour non avenue une faute. On efface l'ardoise et on passe à autre chose. 

Ici pourtant, l'usage du pardon est détourné, il est asservi par le mal et est utilisé pour venger. 

L'auteur place ses lecteurs dans la position de jurés. Il les invite à se mettre dans la peau des différents protagonistes et à imaginer ce qu'ils auraient fait à la place des personnages.

Ces quatre nouvelles m'ont interpellée.  Elles m'ont poussée à réfléchir sur le véritable sens du pardon, à prendre position parfois, à essayer de comprendre le cheminement des réflexions des uns et des autres face à une situation donnée.

Une valeur sûre de cette rentrée littéraire 2017 que je vous recommande vivement!

Rachel

Analire - « 10/10 »

Eric-Emmanuel Schmitt m’époustoufle par son imagination débordante et sa capacité à se réinventer en permanence. Aucun de ses livres ne se ressemblent, puisque chacun puisent dans des inspirations diverses, qui produisent des thématiques variées, toujours renouvelées.

Dans La vengeance du pardon, ce n’est pas une, mais quatre histoires que l’auteur nous offre. Ce sont quatre courtes nouvelles à la densité monstre, qui ont toutes le point commun de parler du pardon. La première s’intitule Les soeurs Barbarin et met en scène deux soeurs jumelles, identiques physiquement mais différentes psychologiquement. L’une est jalouse de l’autre, et fait tout pour se montrer supérieure, quitte à être injuste et méchante. Quant à l’autre, aveuglée par ses sentiments d’amour envers sa jumelle, elle ne peut que pardonner le comportement de sa soeur. La vengeance et le pardon du titre du recueil, sont ici parfaitement mis en scène.

La seconde nouvelle s’appelle Mademoiselle Butterfly, et c’est la nouvelle que j’ai préféré des quatre. William, jeune adolescent en vacances avec ses copains, décide de répondre à un défi lancé par l’un deux et de coucher avec Mandine, une jeune paysanne avec un retard mental. Quelques mois plus tard, rentré dans son monde bourgeois parisien, il apprend que Mandine attend un enfant. Pendant des années, il va occulter son rôle de père et totalement oublier Mandine et son fils. Jusqu’au jour où son fils deviendra son seul espoir de devenir riche et de reprendre la banque familiale. S’ensuit une marche vers le pardon, pour racheter son comportement aux yeux de Mandine.

La troisième nouvelle est celle qui a donnée son nom au recueil : La vengeance du pardon. C’est l’histoire de Élise, une jeune mère, amputée de sa fille par un homme, qui l’a violé puis assassiné. Depuis de nombreuses années, Élise, meurtrie par la tristesse et la solitude, se rend au parloir, pour rendre visite à l’homme qui a tué sa fille. Elle veut comprendre les raisons de son acte, et lui faire regretter son geste. Cette nouvelle, presque dénuée d’actions, est entièrement tournée vers la psychologie des personnages. On sonde leurs paroles, leurs comportements, leurs actes… tout est travail de réflexion et d’analyse. Encore une fois, vous verrez que le titre du recueil « La vengeance du pardon » s’accorde à merveille avec cette nouvelle, puisque le pardon est la plus belle vengeance que pouvait faire Élise au meurtrier de sa fille.

Enfin, la dernière nouvelle du recueil s’appelle Dessine-moi un avion. Les plus aguerris auront sans peine reconnus la référence au Petit prince de Saint-Exupéry et pour cause : c’est le livre qu’un vieil homme lit chaque jour à une très jeune fille, qui est aussi sa voisine. Ensemble, ils découvrent la célèbre histoire écrite par Saint-Exupéry. La jeune fille, tout comme le vieil homme, se passionnent pour ce conte, mais aussi pour l’auteur, qu’ils apprennent à connaître davantage. Mais cet apprivoisement va permettre de mettre au grand jour des secrets inavoués par le vieil homme.

Comme d’habitude, Eric-Emmanuel Schmitt fait un travail remarquable sur la psychologie des personnages, puisque que chaque personne qu’il met en scène a une épaisseur psychologique incroyable, que l’on pourrait passer des heures à observer. Chaque histoire a sa particularité, toutes sont belles, touchantes et humaines. Elles nous donnent à réfléchir sur ce que c’est que le pardon, sur comment pardonner, pour ensuite pouvoir se reconstruire. Mais le pardon n’est pas la seule thématique mise en scène. L’auteur fait cohabiter dans ses nouvelles le pardon et la vengeance : deux antonymes, qui se fondent l’un dans l’autre et s’adaptent parfaitement à chacune des histoires.

La particularité des nouvelles, c’est qu’il y a toujours un retournement final inattendu. Ça n’a pas loupé avec les quatre nouvelles de ce recueil, puisque chacune ont apportés leur lot de surprises. Si certaines fins étaient plus prévisibles que d’autres, j’ai beaucoup apprécié ces chutes finales, qui donnent volume et dynamisme au récit.

Critiques Libres - « Oeuvre qui fait du bien »

Eric-Emmanuel Schmitt, comme dans Concerto à la mémoire d'un ange, nous livre une série de variations - énigmatiques - sur un même thème, ici le pardon, sur la force et les effets inattendus qu'il peut avoir. 
Le pardon fait pardon d'une morale salvatrice et s'avère porteur de conséquences fortes et bénéfiques. Toutes les circonstances semblent tourner au mieux quand elles sont placées sous son auspice, quand les intéressés s'avèrent aptes à en comprendre les raisons et les effets. Cette déclinaison de cette thèse est bien traitée, d'un style épuré mais efficace, comme pour marquer les récits du sceau de l'évidence. Le zeste de naïveté qui apparente les histoires tissés par ce philosophe conviennent bien à cette oeuvre qui fait du bien et m'a semblé sonner juste.

Les chroniques acides de Lord Arsenik - « Quatre histoires qui seront magistralement sublimées par l’écriture d’Eric-Emmanuel Schmitt. »

Avec ce bouquin j’aurai tendance à dire que je sors doublement de ma zone de confort, non seulement on est bien loin du genre polar / thriller, mais en plus c’est un recueil de nouvelles (un genre que je n’affectionne pas particulièrement). Et pourtant, force est de reconnaître que je ne regrette pas ce double écart.

Quatre récits de longueur variable qui ont comme point commun le pardon, abordé dans différents contextes et pas toujours dans le sens noble du terme. Autant dire que les relations humaines sont au coeur de chacun de ces récits.
Ici le pardon et son contraire se joueront tour à tour dans le cercle familial (Les Soeurs Barbarin et Madame Butterfly), entre une mère et l’homme qui a assassiné sa fille (La Vengeance Du Pardon), ou encore entre un vieil homme, une petite fille, Le Petit Prince et le poids du passé (Dessine-Moi Un Avion).

Quatre histoires qui seront magistralement sublimées par l’écriture d’Eric-Emmanuel Schmitt. Avec un tel talent, pas besoin d’en faire des tonnes pour nous communiquer des émotions. Du coup ça nous fait un ensemble plutôt cohérent et très agréable à lire.

Dès les premières lignes de chacun de ces récits, on entre en totale immersion dans leur contexte et en osmose avec les personnages.

Si j’ai trouvé le final des trois premières nouvelles franchement prévisible, ça ne m’a pour autant gâché le plaisir de la lecture. Et puis je reconnais volontiers que j’ai été totalement pris de court par la fin de la dernière.

Comme pour confirmer ce que je viens d’énoncer, cette dernière nouvelle n’est pas ma préférée. Même si elle n’en demeure pas moins bien écrite et agréable à lire, c’est celle que j’aie le moins appréciée. Mon coup de coeur va sans hésitation à La Vengeance Du Pardon, la seconde place de mon podium personnel étant occupée par Les Soeurs Barbarin.

J’ai pris beaucoup de plaisir avec cette double escapade sur les sentiers de la littérature générale.

Publications

  • En langue albanaise, publié par Toena
  • En langue allemande, publié par Fischer
  • En langue arabe, publié par Masciliana Editions
  • En langue anglaise, publié par Europa Editions
  • En langue bulgare, publié par Lege Artis
  • En langue castillane, publié par Alianza Editorial
  • En langue géorgienne, publié par Bakur Sulakauri
  • En langue italienne, publié par E/O Edizioni
  • En langue polonaise, publié par Znak
  • En langue roumaine, publié par Humanitas Fiction
  • En langue russe, publié par Azbooka-Atticus