Résumé

" Un jour, il m’a envoyé une musique. Elle a changé ma vie. Depuis, je lui écris souvent. Quand ça lui chante, il me répond, lors d’un concert, dans un aéroport, au coin d’une rue, toujours surprenant, toujours fulgurant. Il est devenu mon maître de sagesse, m’enseignant des chose si rares, l’émerveillement, la douceur, la sérénité, la joie. "

Au début, c’est un adolescent tourmenté qui assiste par hasard à une répétition des « Noces de Figaro ». Par la voix de la comtesse Almaviva, Mozart lui sauve la vie. On ne quitte pas un monde si plein de richesses et de beauté. Eric-Emmanuel Schmitt et le compositeur de génie ne se quitteront plus.


A dix-huit ans, comment ne pas se reconnaître dans les émois amoureux et les désirs de Chérubin, plus tard dans l’avidité sensuelle de Don Juan ? Une relation intime s’installe. Le musicien devient à la fois l’enchanteur et le directeur de conscience qui révèle la poésie des choses, apprend la douleur et la tendresse. A son école, l’élève devient meilleur. Adulte, philosophe et bientôt dramaturge, dans les moments d’allégresse ou de souffrance, à chaque page de sa vie, un air, un chœur, un quatuor, une messe ou une sonate viennent le conseiller, le consoler, lui donner l’intelligence et la foi. Comment devenir soi-même, accepter la mort, reconnaître le bonheur au passage ? Pour l’auteur d’Oscar et la dame rose, Mozart est la clé qui ouvre toutes les portes, celles de la passion ou de l’amour universel, de la liberté et de l’esprit d’enfance. Sa musique est lumière, grâce et mystère.

Pour toute représentation théâtrale professionnelle, contacter l’Agence Drama à Paris en charge des  droits théâtraux

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Publications

  • En langue allemande, Editions Ammann Verlag en 2005, Traduction Ines Koebel
  • En langue bulgare, Editions Lege Artis Publishing House
  • En langue coréenne, Munhak Segye-Sa publishing en 2005
  • En langue grecque, paru aux Editions Opéra
  • En langue Islandaise, paru aux éditions Lafleur Publishing
  • En langue italienne, Editions Edizioni e/o en 2005, Traduction Alberto Bracci Testasecca
  • En langue japonaise, chez Kinemajonpo-sha, Traduit par Kobayashi Nobuyuki
  • En langue néerlandaise, paru chez Atlas uitgeverij en 2005, traduit par Eef Gratama
  • En langue norvégienne, paru chez Pantagruel Forlag
  • En langue roumaine, paru chez Humanitas
  • En langue polonaise, paru chez Znak
  • En langue suédoise, paru chez Storm Förlag /Pantagruel Förlag

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Entretretiens

Le 01/12/2011

Il est l’auteur français contemporain le plus joué dans le monde. Il est également celui qui entretient le plus de connivences avec la musique. De son livre Ma Vie avec Mozart, il a imaginé un spectacle avec orchestre symphonique, soprano et baryton qu’il présente trois soirs, salle Gaveau, et dans lequel il joue son propre rôle.

Propos recueillis par Nicole DUAULT


Pourquoi ce spectacle Mozart ?

J’ai une telle passion pour Mozart que j’ai envie de la partager. Je veux d’abord lui payer ma dette puisqu’il m’a sauvé la vie. Le spectacle raconte l’histoire d’un jeune de 15 ans, moi, qui vivait son adolescence avec dureté et violence à Lyon. J’étais dans le désarroi et la fièvre qui donnent envie de fuir. Je n’ai pas fui dans les paradis artificiels ou dans l’alcool mais dans la tentation du suicide par peur de vivre.

J’étais en train de planifier le suicide quand un professeur m’a emmené à l’Opéra de Lyon assister à une répétition des Noces de Figaro que dirigeait Theodor Guschlbauer. Adolescent désespéré, je ne voyais aucun intérêt à entendre la soprano. Dès qu’elle s’est mise à chanter – c’était Dove sono –, tout d’un coup, elle est devenue belle, son corps avait un sens : il était l’instrument d’une voix sublime. Elle était irradiée par le chant. Je me suis senti guéri.

Ce qui m’était restitué à travers ce chant, c’était la beauté du monde. Mozart me rendait tout ça. Il est devenu par la suite un chiffre, une clé, le code qui renvoie à tout ce qui est beau et digne d’être aimé. La dépression, c’est la mort du désir. Là m’était rendu le désir. Quand j’ai écrit mon livre Ma Vie avec Mozart et dans le spectacle Mozart apparaît comme cela, quelqu’un qui aide à vivre, qui console, qui régénère, un guide spirituel. Il arrive dans le plus intime, là où le cœur bat, et il est capable de faire bouger les frontières. 

À quoi tout cela correspond-il ?

Faire partager la musique là où elle est pour beaucoup : dans l’intime de la vie spirituelle et pas seulement dans la vie culturelle. 

Comment cela se passe-t-il sur scène ?

Je suis dédoublé. Un jeune comédien, Julien Alluguette (nominé aux Molières pour Equus) me questionne et je lui réponds. Autour de nous, il y a l’orchestre symphonique lyonnais Confluences et deux chanteurs, la soprano Perrine Madoeuf et le baryton Patrice Berger ainsi qu’un chœur. Mozart vient apporter des réponses. Ce n’est pas une initiation à Mozart mais une initiation par Mozart.

Mozart vous accompagne depuis longtemps et à Compiègne, pour Pierre Jourdan, vous aviez traduit en français le texte des Noces de Figaro.

Il y a eu plus de cinquante représentations en régions et on a fini par quatre représentations au Casino de Paris. C’était la première façon de payer ma dette. Je voulais partager Mozart. Parfois, le rire du public était plus fort que l’orchestre.

Dans le spectacle, deux airs dont celui de Chérubin sont repris de ma traduction ainsi que des extraits de Don Giovanni – l’air du catalogue de Leporello et celui du Champagne – que j’avais commencé pour Pierre Jourdan. Malheureusement, il est mort avant la réalisation de ce projet.

Votre traduction en français de Don Giovanni n’a jamais été donnée ?

Elle l’a été au Canada francophone et je la tiens à la disposition de quiconque. L’opéra est entre la culture musée et la culture populaire. Dans la tendance actuelle, on privilégie la culture musée. 

Vous êtes pianiste. Pour le spectacle de Gaveau, on vous a demandé de jouer...

Oui, j’ai souvent accompagné des chanteurs. Mais quand on m’a demandé si je voulais jouer lors du spectacle, j’ai répondu « surtout pas ! » Il est bien suffisant de jouer mon propre rôle sur scène. C’est une grande tension et je ne voulais pas en accumuler une autre. Dans le spectacle, on entend deux airs de ma traduction des Noces de Figaro : notamment Que tourmente la fièvre d’amour.

Deux airs également de ma traduction de Don Giovanni sont également interprétés en français. D’autres sont chantés en italien et la Flûte en allemand. On mélange les trois langues. Quand je veux que le public comprenne, je donne la traduction. Quand je veux qu’il écoute juste la musique, je laisse l’italien ou l’allemand.

Ce spectacle à Gaveau annonce t-il une nouvelle carrière ?

Non. La salle est remplie. J’ai hésité sur le lieu parce que c’est un spectacle tellement entre les genres qu’on ne sait pas où le mettre, dans un opéra ou dans un théâtre. Je l’ai inauguré à l’Opéra de Rennes avant la salle Gaveau. Spectacle innovant ? Ce que je veux, c’est faire partager mes émotions.

J’ai l’impression d’être chanteur plus qu’acteur. Je parle sur la musique. J‘ai l’ivresse des sons. J’ai essayé d’être chanteur en prenant de très nombreux cours… à la recherche d’une voix que je n’ai pas ! Je connais la musique mais ma voix ne me connaît pas. La scène est occupée par l’orchestre et la scénographie est faite de lumière.

Que voulez-vous qu’un spectateur retienne de cette aventure ?

Qu’il sorte en aimant la vie, telle quelle est mais d’un amour lucide, aimer la tristesse que la musique, celle de Mozart comme celle de Schubert, transforme en beauté. Et puis aussi cultiver l’amour plutôt que le manque d’amour.

Mozart disait qu’il n’y avait pas un jour où il ne pensait pas à la mort. C’est comme une accentuation du goût que de penser à la mort, cela permet de savourer un peu plus la vie. Pour moi, Mozart est un maître de philosophie et de bonheur. Je cherche en mots ce qu’il a dit en musique.

Quand vous vous réveillez, écoutez-vous de la musique ?

J’écoute de la musique en me réveillant et en me couchant. Ouvrir et fermer les volets, c’est de la musique. Ce matin, j’écoutais du Boïeldieu, le Domino noir avec Magdalena Kožena. Hier soir, je me suis endormi avec le Poème de l’amour et de la mer de Chausson chanté par Susan Graham.

Envisagez-vous d’écrire sur un autre musicien ?

Oui, l’an passé j’ai publié un petit texte sur Beethoven, Quand je pense que Beethoven est mort alors que tant de crétins vivent. J’ai envie d’écrire sur Schubert et sur Bach et de continuer un dialogue avec les musiciens considérés comme philosophes. Fidelio est le sujet le moins glamour qui soit, mais quelle leçon d’humanité ! J’écrirai ensuite tout ce que je dois à Schubert, puis le monument de ma vie spirituelle sera Bach.

 Et Wagner ?

Je m’en suis épris adolescent et je m’en suis dépris comme d’une maladie d’adolescence. Je vais y retourner maintenant, à cinquante ans. Je suis plus près de Verdi et de sa dramaturgie. Je suis de sang latin et je me retrouve mal dans les ensorcèlements suspendus de Wagner.

Allez-vous souvent à l’opéra ?

Je vis depuis dix ans à Bruxelles et vais fréquemment à la Monnaie, à Liège et à Anvers, moins souvent à la Bastille. Quand je suis dans une ville à l’étranger, je vais à l’opéra, à Vienne, à Zurich. Je profite de mes voyages de promotion d’écrivain et de dramaturge pour aller beaucoup plus à l’opéra qu’au théâtre.

Que préparez-vous pour la saison prochaine ?

Ma prochaine pièce est la Trahison d’Einstein que jouera Pierre Arditi : comment le plus grand pacifiste du XXe siècle est à l’origine de la bombe atomique. J’écris quelques mois par an, je bourgeonne au printemps ! Le reste du temps je voyage ou je me promène à la campagne avec mes chiens.

Je prépare un livret d’opéra pour le compositeur Nicolas Bacri et Roberto Alagna m’a demandé un livret à partir de ma pièce Variations énigmatiques qu’ont jouée Alain Delon et Francis Huster.

Ma Vie avec Mozart, spectacle d’Éric-Emmanuel Schmitt avec l’auteur, l’orchestre symphonique Confluences sous la direction de Philippe Fournier, avec le comédien Julien Alluguette, la soprano Perrine Madoeuf, le baryton Patrice Berger, salle Gaveau, Paris, les 8, 9 et 10 décembre, Grand Théâtre de Provence à Aix, le 19 décembre.