Résumé

Un homme d’affaires séjournant fréquemment en Chine croise à chacun de ses déplacements Madame Ming, la dame-pipi du Grand Hôtel de Yunaï. 
Au cours de leurs conversations, elle va lui révéler qu’elle a eu dix enfants ! Malgré la politique de l’enfant unique ? Impossible ! Madame Ming est-elle une affabulatrice ? Comment a-t-elle pu contourner la loi ? Elle va pourtant lui conter en détail les caractères et destins de sa progéniture et lui transmettre une vision profonde et poétique de l’existence. Ce récit sera aussi l’occasion pour l’homme d’affaires de réaliser une introspection sur sa vie personnelle, sur son rapport à la Chine d’hier et d’aujourd’hui éclairé par la sagesse de Confucius…

LE MOT DE L'AUTEUR

Je n’aurais jamais imaginé que Madame Ming et ses dix enfants fouleraient les planches. Ce conte sur la Chine d’aujourd’hui et d’hier où murmure la spiritualité de Confucius, je le croyais bloqué entre les pages d’un livre, or Xavier Lemaire a su en faire jaillir une adaptation puis une mise en scène qui m’ont enchanté. Madame Ming ment-elle ? La vérité vaut elle mieux que le mensonge ? N’avons-nous pas besoin de fiction pour supporter les violences du monde ? Le recours à des acteurs et des marionnettes permet d’interroger sans répondre, tout en créant un univers visuel exotique autant que fantasque. Xavier Lemaire possède une écriture scénique aussi sûre que poétique. Et ses interprètes le suivent dans cette incroyable création.

Si je pense connaître la théâtralité de mes textes théâtraux, Xavier Lemaire m’a révélé la théâtralité de mes textes non théâtraux. Et il m’a rendu cette modeste madame Ming - folle ou sage - encore plus attachante, ainsi que mon alter ego voyageur… Au fond, le théâtre n’est-il pas le lieu par excellence où l’on peut se questionner sur le vrai et le faux ? Tout est réel dans les personnages, même leur mort, mais les acteurs viennent saluer à la fin. 

 

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Critiques

La Croix - « Madame Ming, dame pipi fantasque et touchante »

Avec Madame Ming, Xavier Lemaire propose une adaptation théâtrale ingénieuse et joyeuse du roman d’Éric-Emmanuel Schmitt. La pièce est au programme du festival « off » d’Avignon.

À la fois légère et profonde, Madame Ming fait la part belle au texte d’Éric-Emmanuel Schmitt dont elle est adaptée, usant de répliques très littéraires et multipliant les maximes philosophiques, tantôt teintées d’humour et tantôt prononcées sur un ton plus solennel.

Xavier Lemaire, metteur en scène, propose un spectacle hybride et vif où le jeu d’acteurs d’Isabelle Andréani et de Benjamin Egner rencontre l’art de la marionnette. L’ensemble est bercé par les notes de la violoncelliste Elsa Moatti, personnage à part entière dont la musique ponctue l’ensemble du récit.

L’histoire de Madame Ming oscille entre rêve et réalité. Cette dame pipi attendrissante et pleine de fantaisie travaille en Chine, au Grand Hôtel de Yunaï. Un jour, elle fait la rencontre d’un homme d’affaires à qui elle conte l’histoire de ses dix enfants, dans un pays qui n’autorise qu’un enfant unique par ménage.

Sur fond de réflexion politique et sociale, le fil de leurs conversations tangue à la lisière des songes. La rencontre banale, presque triviale, de ces deux êtres aux personnalités opposées devient le point de départ d’une interrogation sensible. De quel côté se situe la vérité ? Doit-elle l’emporter coûte que coûte sur le doute ?

 

Les marionnettes, outils poétiques au service de l’imaginaire

 

La marionnettiste Pascale Blaison nourrit de son art ces questions et confère au spectacle une dimension fascinante et émouvante. Les marionnettes, dont la précision des gestes impressionne, semblent incarner la frontière de l’imaginaire et interrogent notre rapport à la réalité. Elles s’approprient de plus en plus la scène à mesure que s’étoffe le mystère qui grandit autour du roman de Madame Ming.

sabelle Andréani incarne une dame pipi joviale dont la poésie embarque le public. Elle épouse avec humilité et justesse la culture chinoise. À ses côtés, Benjamin Egner, en homme d’affaires cartésien dont les convictions sont peu à peu ébranlées à l’écoute de Madame Ming, incarne avec brio une posture d’intermédiaire entre le public et cette femme un brin déroutante. Tous deux évoluent au sein d’une mise en scène sobre et inventive qui doit toute sa richesse au croisement intelligent de plusieurs techniques artistiques.



Claire Ferragu

Lire Magazine - « Spectacle permis les plus émouvants donnés à Paris. »

Adaptation ingénieuse par le metteur en scène Xavier Lemaire du roman Les dix enfants que Mâdame Ming n'a jamais eus d'Éric-Emmanuel Schmitt, Madame Ming, au théâtre Rive-Gauche, dresse le portrait d'une Chinoise, dame-pipi dans un grand hôtel de Shanghai, qui évoque, au fil de ses rencontres avec un homme d'affaires français, ses relations avec ses dix enfants. Dix? Dans le pays de l'enfant unique? Madame Ming est-elle vraiment cette mère si aimante et si héroïque qu'elle prétend être ou s'est-elle créé un destin imaginaire? Quoi qu'il en soit, elle raconte avec une poésie folle, une émotion contagieuse et un humour mélancolique ce que peut être la mère d'une famille si nombreuse, en entrecoupant son récit de maximes philosophiques et d'évocations sur des événements majeurs de l'histoire de la Chine. C'est la très fine Isabelle Andréani qui est Madame Ming. Face à un Benjamin Egner impeccable (l'homme d'affaires), elle est soutenue dans son jeu par des marionnettes, avatars de ses enfants, et aussi par les magiques solos du violoncelle d'Elsa Moatti.

Dominique Poncet

Critiques des blogs

De la cour au jardin - « Un délicieux moment de théâtre! »

Faites des enfants, tiens !
Ou pas…

Mme Ming, tous les clients du grand hôtel de Yunaï la connaissent.
Sur son petit tabouret noir, elle est postée à un endroit stratégique : l’entrée des toilettes hommes, que telle un cerbère monocéphale, elle défend avec politesse et surtout une sagesse et une philosophie confucéennes appréciées de tous ceux qui viennent satisfaire un besoin à la fois légitime et ô combien naturel.

Parmi ses utilisateurs réguliers, un homme d’affaires français, spécialisé dans le courtage de jouets fabriqués en Chine à destination de l’hexagone ou… la Chine, après assemblage en Europe ! Mondialisation, quand tu nous tiens...

De fil en aiguille, ces deux-là vont finir par papoter, tout en faisant plus ample connaissance mutuelle.
Le businessman tricolore va se retrouver destinataire d’une stupéfiante révélation de la bouche même de l’intéressée : Mme Ming est la maman de dix enfants.

Et alors, me direz-vous ?
Et alors, vous répondrai-je : en Chine, pays de l’enfant unique, où les couples ont obligation de ne procréer qu’une seule fois pour réguler la population, dix enfants, c’est finalement neuf de trop…
 

Mettre en scène une pièce d’Eric-Emmanuel Schmitt est un vrai défi.
Monter pour les planches un texte non-théâtral du même Eric-Emmanuel Schmitt est une véritable gageure : il ne faut pas trahir l’auteur, son propos et surtout sa façon unique qu’on aime tant de nous parler d’humanité.

Xavier Lemaire a relevé le gant de façon magnifique. Et oui, je pèse cet épithète : magnifique !
Du roman Les dix enfants que Madame Ming n’a jamais eus, il est parvenu à concocter une passionnante et subtile pièce d’une heure trente, dont on pourrait se demander si ce n’est pas le chemin littéraire inverse qui a prévalu.

Oui, les fidèles lecteurs « schmittiens » peuvent se rassurer : toute la substantifique moelle du roman est belle et bien là : nous allons retrouver le thème principal mis en jeu dans le livre.

Ce thème principal, c’est la vérité et ses implications philosophiques, humaines, intimes ou plus générales que ce concept sous-tend.
Au fond, pour paraphraser Mme Ming, une vérité qui dérange est-elle préférable au mensonge qui rassure ?
Ou pour reprendre la devise du regretté Jean-Pierre Coffe : « Si vous n’êtes pas de mauvaise foi, comment voulez-vous que l’on vous croie »…

Ce dualisme vérité-mensonge est donc contenu dans l’assertion de l’héroïne : ces enfants existent-ils vraiment ?
Certes, elle va nous en parler, nous les décrire, nous évoquer leur enfance, leur caractère, leur métier, leurs passions, avec une précision sidérante.
Mais quand même… Dix !
Mme Ming, mythomane ?

Xavier Lemaire nous propose donc un brillant spectacle dont il a souhaité à raison ancrer le propos dramaturgique à la croisée de différentes disciplines artistiques.
C’est ainsi qu’en plus des comédiens, nous découvrirons sur le plateau des marionnettes et une très belle création musicale jouée en direct. J’y reviendrai.

Ce croisement des disciplines convient évidemment de façon épatante à la richesse foisonnante de la langue de l’auteur. L’idée est excellente.
Nous sommes en permanence, tout comme dans le roman, tenus en haleine par tout ce que nous voyons sur scène.
C’est également un moyen très ingénieux pour entretenir le suspens : ces dix enfants, une bonne fois pour toutes, existent-ils ?

Quatre artistes mettent en mots et en images cette histoire, dirigés avec la précision, le rythme et la fluidité coutumières de Xavier Lemaire.

Mme Ming c’est la formidable Isabelle Andréani, (oui, c’est un pléonasme que j’assume), que j’avais laissée dans la peau de Félicité, la servante au cœur simple de Gustave Flaubert.

Ici, Melle Andréani va incarner cette dame-pipi avec une truculence, un humour, une espèce de folie, également, qui ravissent la salle.
Je défie quiconque de ne pas réagir à son petit rire très communicatif
La comédienne donne une réelle épaisseur à ce personnage attachant et émouvant. Elle illumine le plateau à chacune de ses interventions !
Elle restitue parfaitement l'ambiguïté de ses dires, entretenant un vrai suspens.
Dorénavant, je ne pourrai plus relire le roman sans avoir en tête Isabelle Andréini.

Benjamin Egner est cet homme d’affaires, qui lui aussi aura un curieux rapport à la vérité. Tel est pris qui croyait prendre…
En tant que narrateur, le comédien qui ne ménage vraiment pas son énergie nous passionne avec un texte important. Nous sommes en permanence suspendus à ce qu'il nous raconte.

La partie musicale du spectacle est donc assurée par la concertiste virtuose Elsa Moatti. La violoniste a eu l’excellente idée de créer un mélange très réussi de musiques occidentales et de mélodies chinoises au mode pentatonique caractéristique. Sa transformation, entre autres exemples, de L’éléphant, de Camille Saint-Saëns, est épatante !

Mademoiselle Moatti est pour l’occasion devenue également comédienne, avec notamment l’interprétation du personnage d’Irène, dans une formidable scène… torride, très torride et très réussie. Et non, vous n’en saurez pas plus !

Et puis Pascale Blaison participe à cette entreprise artistique avec ses marionnettes très réussies.
La scénographie de Caroline Mexme lui permet de manipuler ses créations, derrière l’édicule-castelet ou encore devant nous directement, grâce à son habileté à mélanger les différentes formes de manipulations. La scène de la chemise est drôlissime !

Elle aussi jouera elle-même la comédie en interprétant un personnage important, qui nous dira enfin la Vérité. Oui, nous saurons.

Il faut aller découvrir ce brillant spectacle (je persiste et je signe) !
En nous plongeant dans l’univers d’Eric-Emmanuel Schmitt, Xavier Lemaire et sa petite troupe nous font passer un délicieux moment de théâtre.
L’un de ceux que l’on garde très longtemps en mémoire !

Yves POEY

L'oeil d'Olivier - « Isabelle Andréani sublime la leçon de vie de Madame Ming »

 

L’adaptation et la mise en scène de Xavier Lemaire du roman d’Éric-Emmanuel Schmitt a connu un beau succès cet été, au théâtre Actuel lors du Festival Off d’Avignon. Le spectacle s’installe au théâtre Rive Gauche, rien de tel pour combattre les frimas de l’hiver et se réchauffer autour de ce conte théâtral.

Eric-Emmanuel Schmitt est un auteur prolixe à succès qui aime autant la littérature que le théâtre. Il a signé de nombreuses pièces, dont La nuit de Valognes, Le visiteur, Petits crimes conjugaux… Ses romans ont souvent trouvé un écho scénique, comme Milarepa, M. Ibrahim et les fleurs du coran par Bruno-Abraham Kremer, Ma vie avec Mozart, La nuit des oliviers, L’Évangile selon Pilate, Oscar et la dame rose (avec Danièle Darrieux), spectacles mis en scène par Christophe Lidon, pour citer ceux qui m’ont le plus marqué. Les dix enfants que Madame Ming n’a jamais eus, par sa forme narratrice, n’allait pas échapper, à ce que l’on peut appeler une tradition, de passer du roman à la scène.

Quand la Chine s’éveillera

Un homme d’affaires se retrouve régulièrement en Chine pour son travail. Il vient toujours dans le même grand hôtel, où il a sa chambre, mais surtout où il rencontre ses clients. Quand les négociations se font difficiles, il descend aux toilettes, histoire de retrouver ses esprits, sous le regard amusé de la dame pipi. Des liens se tissent entre eux. Elle va lui raconter sa vie de mère de famille nombreuse. L’Occidental, d’abord incrédule, pour cause de politique de l’enfant unique, va se laisser prendre à cette histoire incroyable. Qu’elle dise la vérité ou affabule, n’est plus un problème pour lui. À l’écoute des réflexions et souvenirs de cette femme hors-norme, le cartésien va apprendre à modifier sa vision de sa vie.

Un choix judicieux

Xavier Lemaire ne s’y est pas trompé en s’intéressant à ce texte, où la pensée de Confucius sert de toile de fond. Car il est question d’humanité, d’amour de la vie et des autres. Son adaptation est fort joliment efficace. La poésie du conte opère, laissant notre imaginaire se promener, nos pensées s’envoler et nos sentiments nous envahir. Après les grandes fresques de ses derniers spectacles, Les Coquelicots des tranchés (Molière 2015 du meilleur spectacle public) et Là-bas de l’autre côté de l’eau, le metteur en scène change de style tout en gardant sa pâte, l’amour des acteurs au service d’un texte.

Un livre d’image

La magnifique idée a été d’unir comédiens et marionnettes. Nous restons dans la magie d’un récit imagé. Le travail, création de marionnettes et manipulation, de Pascale Blaison est remarquable. Cette grande artiste, issue de la Compagne Philippe Genty, donne corps et âme à ces poupées représentants les enfants de Mme Ming. La métaphore avec les rêves de cette dernière est magnifique. La scénographie enferme, avec justesse, nos regards dans une boîte noire. Ce cadre de jeu, entre castelet et plateau nu, va permettre à l’histoire de naviguer dans ces différentes atmosphères, entre réalité et onirisme, Occident et Orient. Ajoutons à ce beau tableau, la musique, interprété en direct par la délicieuse violoniste Elsa Moatti.

Du charme et de l’esprit

Pour l’homme d’affaires, intraitable, terre à terre, à l’esprit rationnel, Xavier Lemaire a fait un excellent choix. Il fallait une personne irradiante, sachant montrer ses fêlures et failles et, surtout cette âme d’enfant prête à resurgir. Benjamin Egner est formidable, jouant sur les ruptures, les brins d’humour et de tendresse qui parcourent les états d’âme de son personnage. Qu’il soit narrateur où partie prenante, son interprétation nous a transportés.

Une prodigieuse interprète

Dans notre imagerie d’Épinal, une Chinoise est une petite brindille filiforme. Il est difficile de lire en elle, tant les codes sociaux et culturels diffèrent des nôtres. Et là, reconnaissons-le, en offrant ce rôle à sa compagne et muse, Isabelle Andréani, Xavier Lemaire a déplacé le curseur, le faisant passer dans des zones qui bousculent nos idées toutes faites. Plantureuse, généreuse, débordant de vie et de gourmandise, la comédienne donne à cette femme qui s’est accrochée à ses rêves des accents bouleversant d’amour. Ce Cœur simple devient ainsi notre mère à tous, celle que nous avons eue ou rêvée d’avoir, celle que nous sommes ou espérée devenir. Et quoi de plus beau que de s’échapper par le songe quand la réalité nous asphyxie. Bravo Madame !

Marie-Céline Nivière

Publications

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  • En langue tchèque, publié par les éditions Motto
  • En langue turque, publie par Dogan Egmont

Au théâtre

France

Avignon, Théâtre Actuel, 2022.
Paris, Théâtre Rive Gauche, 2023.